Servier cherche à minimiser les risques du Mediator

Un rapport commandé en 2009 par le laboratoire Servier avait mis en évidence les risques du Mediator, selon Le Figaro. Jacques Servier, fondateur et président du laboratoire, aurait en outre déclaré devant son personnel que "le Mediator, ce n'est que trois morts".
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Un rapport commandé par le laboratoire Servier, qui fabriquait le Mediator, a établi en octobre 2009 un lien entre le médicament et l'apparition de valvulopathies, une maladie cardiaque grave pouvant entraîner la mort, a dévoilé ce mercredi soir Le Figaro sur son site Internet.

Le Mediator, antidiabétique souvent prescrit comme coupe-faim, a été interdit en France quelques semaines plus tard, en novembre 2009, longtemps après son retrait dans d'autres pays occidentaux. Ce médicament a été utilisé par environ cinq millions de patients en France. Il serait responsable de 500 à 2.000 décès, selon les études.

Le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, a parlé en décembre de "graves défaillances" dans le système sanitaire, l'Agence du médicament, devenue Afssaps, ayant alerté sur les dangers de ce médicament. Un rapport demandé à l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) doit être rendu le 15 janvier.

Le Figaro écrit s'être procuré un rapport commandé par Servier en juillet 2009 à un cardiologue, le professeur Bernard Iung, de l'hôpital Bichat à Paris. "Cela fait partie des études qui ont permis de retirer le médicament du marché", a confirmé Fabienne Bartoli, directrice adjointe de l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps), sur Canal plus.

"Le 5 octobre 2009, (le professeur Iung) remet ses conclusions au laboratoire", écrit Le Figaro. "Elles sont sans appel et concluent qu'il existe bien un lien de cause à effet entre la prise de Mediator et les atteintes valvulaires." "Or, une fois reçues ces conclusions, le laboratoire ne demande pas la suspension de la commercialisation de son médicament comme il en a pourtant la possibilité", poursuit l'article.

"Je suis vraiment effaré que le laboratoire n'ait pas demandé le retrait", a réagi Me Charles-Joseph Oudin, qui défend de nombreux patients ayant utilisé du Mediator, à la publication de cet article. "On apprend que sur les cas qui sont observés, le cardiologue consulté conclut que deux tiers des cas sont imputables au Mediator", a-t-il dit sur i Télé.

Le professeur Iung a étudié 45 cas de valvulopathies chez des patients traités par Benfluorex, la molécule du Mediator, qui lui ont été transmis par le laboratoire Servier. "Sur les dix-sept cas de valvulopathies opérées, le Pr Iung conclut que douze sont "évocateurs d'une valvulopathie médicamenteuse liée au benfluorex"", souligne le quotidien.

Servier a demandé au cardiologue de s'exprimer devant l'Afssaps le 23 octobre 2009. Devant la commission d'autorisation de mise sur le marché, il a simplement défendu les propositions de modification du Mediator "pour prendre en compte ce risque de valvulopathie", selon Le Figaro. Faute de quorum, la commission ne peut alors pas se prononcer mais vote trois semaines plus tard le retrait du Mediator.

Par ailleurs, selon le quotidien Libération, Jacques Servier, fondateur et président du laboratoire éponyme, a de nouveau minimisé la dangerosité du Mediator lors de ses voeux à son personnel. "Le Mediator, ce n'est que trois morts", aurait-il déclaré, selon le quotidien.

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