Les laboratoires et leurs visiteurs médicaux dans le collimateur

Le projet de réforme du système de médicaments que présente le ministre de la Santé Xavier Bertrand ce jeudi prévoit une remise à plat du fonctionnement des visiteurs médicaux. Sans aller jusqu'à en évoquer la suppression comme le suggère l'Inspection générale des affaires sociales (Igas).
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Xavier Bertrand a fait preuve de plus de nuance que l''Inspection générale des affaires sociales (Igas) en évoquant la profession de visiteurs médicaux. Autant, ce dernier organisme suggère la suppression pure et simple, autant le ministre de la Santé prône une refonte de "fond en comble" du système dans le cadre de sa réforme sur le médicament présenté ce jeudi. Cela passerait par l'interdiction des visites médicales dans un cadre individuel et de l'autoriser plutôt dans un cadre collectif à l'hôpital, à titre expérimental.

Les visiteurs médicaux, employés par les laboratoires en France, étaient 24.000 en 2004. En six ans, les effectifs ont fondu d'un quart pour tomber à 18.000. Ils devraient encore baisser. Plusieurs laboratoires, Roche et Sanofi-Aventis notamment, ont annoncé il y a six mois couper dans cette catégorie. S'en passer complètement ne convainc pas le député Jean-Pierre Door (UMP), rapporteur de la mission de l'Assemblée sur le Mediator et la pharmacovigilance. Pour lui, cette profession a son utilité "à côté d'autres moyens d'information, dès lors qu'elle est strictement encadrée et accompagnée d'efforts en matière de formation".

L'Igas au contraire, dans un souci de "rééquilibrage" souhaite atténuer l'action promotionnelle des groupes pharmaceutiques. Tout en dénonçant la part trop belle faite par l'Afssaps à l'offre industrielle, cette autorité réclame un organisme public d'information sur le médicament et la suppression du corps des visiteurs médicaux".

Un "avant et un après Mediator"

Dans un nouveau rapport rendu public mercredi, l'Igas est à nouveau monté au créneau sur la situation du système de médicament qu'il juge malade en insistant sur ses maux : information insuffisamment transparente et des laboratoires trop peu contrôlés. A l'appui, le scandale du Mediator, l'antidiabétique commercialisé par Servier et soupçonné d'avoir provoqué 500 à 2.000 décès en France. Pour éviter la réédition des dysfonctionnements qui ont conduit la France à commercialiser durant 33 ans (1976-2009) ce médicament, souvent prescrit comme coupe-faim, Igas et gouvernement revendiquent un "changement de culture". "Il faut qu'il y ait un avant et un après-Mediator", a souligné Xavier Bertrand lors d'une conférence de presse.

Parmi les mesures envisagées par la réforme, le ministre propose que, sur chaque boîte de médicament, soit inscrit le numéro vert d'appel et le site internet de l'Agence nationale de sécurité du médicament (nouveau nom de l'Afssaps) auxquels les patients peuvent s'adresser. Tout comme l'Igas, le projet prévoit une signalisation plus simple des effets indésirables d'un médicament. Ces médicaments porteraient un pictogramme sur la boîte afin d'encourager patients et professionnels de santé à signaler d'éventuels effets indésirables. En outre, sur chaque boîte de médicament, il serait bon d'inscrire le numéro vert d'appel et le site internet de l'Agence nationale de sécurité du médicament (nouveau nom proposé pour l'Afssaps) auxquels les patients peuvent s'adresser.

Trop de médicaments

"Les Français consomment trop de médicaments et il y a trop de molécules sur le marché", a rappelé le ministre. Quant au remboursement de certains d'entre eux, les règles vont être alourdies. Aucune prise en charge ne sera accordée aux molécules dont le service médical rendu est jugé insuffisant, sans avis motivé du ministre.

Les industriels auront également l'obligation d'informer les autorités du retrait d'un de leurs produits dans un autre pays. Les laboratoires Servier, fabricants du Mediator, n'étaient pas tenus d'informer les autorités françaises du non renouvellement de l'AMM de l'antidiabétique, aux risques potentiels cardiaques avérés, en Espagne ou aux Etats-Unis.

Conflits d'intérêts

Médecins, experts, fonctionnaires, associations de patients et enseignants devront remplir une déclaration publique d'intérêts, consultable par le public sou speine de sanctions. De leur côté, les laboratoires pharmaceutiques devront déclarer toute convention passée avec les médecins, associations, sociétés savantes et presse spécialisée, ainsi que les rétributions.

Ce projet de loi doit être présenté en Conseil des ministres avant les vacances d'été, puis débattu par les parlementaires cet automne.

 

 

 

 

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