La biotech française Inventiva veut trouver sa place dans le marché géant de la fibrose

La société dijonnaise lance son introduction en Bourse sur Euronext. Elle espère lever suffisamment d'argent pour financer les essais cliniques de ses traitements, et mise en particulier sur une molécule contre la NASH, un marché à plusieurs milliards d'euros. Inventiva fait face à une concurrence rude dans ce domaine thérapeutique.
Jean-Yves Paillé
La NASH est une pathologie du foie pouvant évoluer en fibrose, cirrhose et cancer de l'organe.

C'est la deuxième annonce d'introduction en Bourse de ce début d'année dans le secteur des biotechs en France après Lysogène, spécialiste de la thérapie génique. La société dijonnaise Inventiva a lancé un processus d'introduction en Bourse le 2 février. Elle espère lever 48,3 à 58,3 millions d'euros sur Euronext. Une somme très élevée, quand Gensight, plus importante entrée en Bourse sur Euronext l'année dernière pour un e biotech française, avait levé 40 millions d'euros.

La somme attendue par Inventiva pour son entrée en Bourse courant 2017 s'explique par le soutien de deux fonds américain: BVF Partners et Peceptive Advisors.Ils se sont engagés à prendre pour 15 millions et 4 millions d'euros d'actions respectivement. Pour attirer ces derniers, Frédéric Cren et Pierre Broqua, cofondateurs de la société dijonnaise, leur ont offert un contrat d'option d'achat sur les actions qu'ils détiennent pour un montant de 15 et 2 millions d'euros au prix de l'offre pendant deux ans. Ainsi, les deux fonds pourront racheter des actions au prix de l'introduction.

Focus sur la NASH

Inventiva compte lever une somme élevée en Bourse pour développer ses principaux traitements jusqu'en phase III. la biotech dijonnaise mise en particulier sur l'IVA337. Cette molécule actuellement en phase II/b permet de lutter contre la NASH, une pathologie du foie qui peut évoluer en fibrose, cirrhose et cancer de l'organe. Cette affection entraîne régulièrement des transplantations de foie.

La biotech dijonnaise attend des résultats positifs en phase II en 2018 pour l'IVA337, puis en phase III en 2019 (dernier stade d'essai clinique avant un potentiel lancement sur le marché). Et elle espère obtenir une autorisation conditionnelle de l'agence européenne la même année afin de vendre le produit thérapeutique.

Une chose est sûre, les dirigeants de la biotech sont très confiants. D'une part, parce que le marché des traitements contre la stéatohépatite non alcoolique pourrait grimper à 40 milliards de dollars en 2025, selon les analystes de Deutsche Bank. D'autres analyses plus modestes penchent plutôt pour une vingtaine de milliards de dollars. Pour le moment, aucun traitement qui s'attaque à cette pathologie n'existe.

"Peu de sociétés pharmaceutiques ont eu une réelle compétence dans la recherche contre la fibrose", avance Pierre Broqua, directeur scientifique de la société. Et certaines  molécules concurrentes ne proposent pas de traitement ayant l'innocuité d'IVA337, assure Inventiva. Elle avance, en s'appuyant sur une étude de The Lancet, que la molécule d'Intercept entraîne une augmentation du cholestérol LDL, ou encore que celle de Genfit, l'Elafibranor, provoque une augmentation de la créatinine. Mais les molécules de ces deux sociétés sont plus proche d'une d'une mise sur le marché. Elles sont actuellement en phase III.

En outre, d'autres concurrents pressent à la porte. Au total, une cinquantaine de molécules contre la NASH sont en phase de développement clinique. Les big pharmas répondent présentes, à l'image d'Allergan, dont le Cenicriviroc développé avec la biotech Tobira s'apprête à entrer en phase III. Gilead dispose quant à lui de plusieurs molécules en phase II. Et BMS mise sur le PEG-FGF21, un traitement également en phase II. À noter que le laboratoire américain développe quatre autres molécules contre les maladies fibrotiques.

Par ailleurs, Inventiva planche sur une autre molécule en phase II: l'IVA336, un traitement oral contre les MPS, des maladies autosomiques dues à l'absence d'un enzyme et entraînant des retards mentaux, des baisses de vision, entre autres.

 Une bibliothèque de plus de 240.000 molécules

"Un seul résultat positif en phase II pour l'un de ses médicaments candidats suffirait à transformer la valorisation d'Inventiva", avance Frédéric Cren, PDG de la société. "On a un package complet pour discuter de la vente de produits de notre portefeuille aux big pharmas", ajoute-t-il.

Car si les principaux traitements de la société dijonnaise ne passent pas le cap des essais cliniques, Inventiva semble disposer des moyens pour rebondir. La société bénéficie de deux accords de poids avec Boehringer Ingelheim et Abbvie pour développer de nouvelles molécules dédiées aux maladies fibrotiques.

En outre, elle détient une bibliothèque de plus de 240.000 molécules. Un héritage du laboratoire américain Abbott, qui s'était délesté du site de R et D de Dijon, repris ensuite par Frédéric Cren et Pierre Broqua en 2012. Ils avaient mis la main sur des molécules concernant quatre domaines thérapeutiques: les maladies auto-immunes, la maladie de Parkinson, l'oncologie et la fibrose.

Jean-Yves Paillé

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