Proglio confirme renoncer à son double salaire

Henri Proglio, PDG d'EDF, a annoncé jeudi soir qu'il renonce à son indemnisation en parallèle par Veolia dont il est resté président du conseil d'administration. L'affaire a suscité une importante polémique depuis deux jours qui éclabousse le gouvernement.

Henri Proglio, PDG d'EDF (où il gagne 1,6 million d'euros annuels), a confirmé jeudi soir qu'il renonce à son indemnisation en parallèle par Veolia - à hauteur de 450.000 euros par an - dont il est resté président du conseil d'administration. Il l'aurait accepté à la demande du Président de la République, Nicolas Sarkozy. Sa décision a été qualifiée de "sage" par le Premier ministre François Fillon. Le patron d'EDF dit l'avoir prise sans état d'âme mais souligne que la polémique pourrait le gêner pour mener à bien le projet qu'il nourrit pour l'évolution du groupe énergétique.

L'affaire aura en tout cas suscité une importante polémique depuis deux jours qui a éclaboussé le gouvernement, accusé d'avoir promis que ce patron ne serait pas payé par les deux entreprises à la fois avant de finalement accepter un tel montage, destiné à maintenir la rémunération de deux millions d'euros que touchait Henri Proglio comme PDG de Veolia.

Cela a obligé le gouvernement à une opération de justification. La ministre de l'Economie Christine Lagarde a "changé d'avis" sur la rémunération du patron d'EDF Henri Proglio "au nom du gouvernement", a reconnu ce jeudi son homologue de l'Industrie Christian Estrosi.

Un changement de ton après la journée de mercredi qui a vu de nombreux ministres tenter de répondre aux accustaions sur ce dossier, notamment à l'Assemblée nationale où les députés de l'opposition ont chahuté Christine Lagarde.

Le fond du discours était  : "Henri Proglio a deux responsabilités donc deux salaires". Le ministre du Budget, Eric Woerth, avait ainsi tenté mercredi de faire taire la polémique sur la double rémunération du PDG d'EDG et du président du Conseil d'administration de Veolia. "C'est un peu une polémique que je comprends parce que c'est des chiffres importants (1,6 million d'euros chez EDF et 450.000 euros chez Veolia), mais il faut donner à Henri Proglio toutes les chances de remplir sa mission", a souligné Eric Woerth.

Luc Chatel, porte-parole du gouvernement, avait rappelé sur Europe 1 que "c'est le prix de la rémunération de grands dirigeants de grande qualité dans notre pays" et il précise qu'Henri Proglio a "la 32ème rémunération du CAC 40 donc il n'est pas le dirigeant le mieux payé de notre pays".

De plus, Eric Woerth et Luc Chatel soulignaient qu'"au total, cela fait une rémunération qui est la même que celle qu'il touchait précédemment".

Mais c'est surtout Christine Lagarde, la ministre de l'Economie, qui s'est retrouvée sur la sellette : "le conseil d'administration de Veolia a décidé de lui fixer une indemnité de 450.000 euros, dans ces conditions (...) nous avons fixé sa rémunération de sorte qu'il conserve la rémunération qu'il avait chez Veolia. Il n'y a pas de cumul opérationnel, puisqu'il est président du conseil" d'administration de Veolia, "auquel il consacrera un peu de son temps, en étant 100% de son temps chez EDF". Selon elle, le salaire d'Henri Proglio est à la 18ème ou 19ème place des rémunération du CAC 40. "Il se trouve bon dernier quand on regarde ses concurrents allemands, italiens ou anglais". Les députés de l'opposition l'ont copieusement huée lors des questions d'actualité à l''Assemblée nationale.

Dès mardi, le ministre chargé de la relance, Patrick Devedjian, avait défendu la double rémunération, soulignant le "cumul de travail aussi". Argument que reprend Frédéric Lefebvre, porte-parole de l'UMP. "Il serait curieux de lui faire le reproche d'avoir accepté d'augmenter sa charge de travail et l'ampleur de ses responsabilités, tout en gagnant moins, alors même que l'Etat a été le chercher", déclare-t-il dans un communiqué.

L'opposition a en tout cas trouvé là un bel os à ronger.. "Il y a un mensonge ministériel et il y a un conflit d'intérêts qui est condamnable et qui d'ailleurs pourrait être regardé par la justice" s'insurgeait sur LCI Arnaud Montebourg, député PS. En effet, début novembre, la ministre de l'Economie, Christine Lagarde, avait déclaré aux sénateurs qu'Henri Proglio ne cumulerait pas les rémunérations.

Pour Michel Rocard, ancien Premier ministre socialiste, "c'est un symbole d'une économie de la cupidité qui n'est plus moralement vendable aux électeurs. Je ne suis pas sûr que le gouvernement soit complètement conscient. Ces gens ne réfléchissent pas que le système devient intolérable pour le petit peuple. Nous sommes en démocratie, ils prennent un risque politique terrifiant. La colère populaire, elle va monter, tous ces gens sont complètement déraisonnables".

Le député socialiste Henri Emmanuelli, sur RTL, a préféré rire de cette décision qu'il considère choquante. "Vous voyez qu'il y a des perspectives pour financer les retraites". "C'est un régime qui se permet à peu près tout", a-t-il déploré en visant Nicolas Sarkozy et le gouvernement de François Fillon.

Aurélie Filippetti, secrétaire nationale à l'énergie, a, elle, dénoncé les "indemnités indécentes" versées à Henri Proglio par Veolia, qui "posent une nouvelle fois de manière aiguë l'anormalité du cumul de ses deux fonctions à la tête d'EDF et Veolia".

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Commentaires 18
à écrit le 11/12/2010 à 10:05
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Retraité se plaint de n'avoir que 1000 euros par mois, mais a-t-il pensé à l'énorme sacrifice de M. Henri Proglio qui renonce à 1000x1000 euros par an, acquis durement avec son double salaire ?

à écrit le 23/01/2010 à 16:21
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C'est l'Etat et les Caisses Sociales qui sont maintenant les Grands perdants. En effet si l'Etat va "récupérer" l'IS sur le résultat de Veolia, il va perdre toutes les charges sociales patronales et salariales sur le salaires plus sur l'IRPP à 50% ( ...

à écrit le 22/01/2010 à 19:14
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nous la France d'en bas on a de la peine a calculer ces salaires ces retraites parachutes alors qu'il faut vivre avec moins de 1000 euros je pense que que tous ces nantis doivent avoir en mémoire la révolution de 1789 dont je n'approuve pas le...

à écrit le 22/01/2010 à 10:40
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Soyons indulgents. M Proglio est partagé entre les éléments propres au standing d'un chef de grande entreprise et la conscience d'une mission dont est investi un haut fonctionnaire. Sans compter peut-être l'influence de "bobone" (excusez moiM Proglio...

à écrit le 22/01/2010 à 9:43
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Excellent article. Les quelques commentaires,ci-dessous, sont éloquents, sur le fond. Mr PROGLIO, a bien agit, même si l'on peut supposer qu' une "incitation politique" est intervenue. Il aurait mieux valu qu''il fasse virer "son indemnité", vers u...

à écrit le 22/01/2010 à 9:41
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c'est se foutre de la majorité des employés , des ouvriers de France qui gagnent le Smic ( et aussi de la classe moyenne). La Classe Dirigeante avait peur que la majorité des Français mangent une partie de leur gâteau !!!! maintenant en temps de C...

à écrit le 22/01/2010 à 9:32
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Savez-vous comment on appelle maintenant un problème de gouvernance et de salaire à la tête d'une grande entreprise étatique : un improglio....... il vaut mieux en rire..!

à écrit le 22/01/2010 à 8:36
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Oui, mais reste le mélange des genre: un même homme, quelles que soient ses qualités, à la tête de 2 grandes entreprises l'une publique, l'autre privée dont les intérêts divergent et qui seront certainement en conflit prochainement. C'est probablemen...

à écrit le 22/01/2010 à 8:18
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ce sont les Parlementaires qui sont responsable de cette CHIANLIE EN FRANCE - IL

à écrit le 22/01/2010 à 8:14
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l'ECHELLE DES SALAIRES est devenue FOLLE - il n'y a plus aucun rapport entre le travail fourni et les salaires - COMMENT EXPLIQUER QUE DES DIRECTEURS SALARIéS QUI NE PRENNENT AUCUN RISQUES parce qu'ils ne sont pas actionnaires soient payés 5 à 10 foi...

à écrit le 22/01/2010 à 7:55
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Qui a gagné ? Le bon sens...! Qui a perdu ? L'arrogance...! Qui l'a emporté ? La France...! Antoine GED

à écrit le 22/01/2010 à 7:52
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Manque de professionalisme - bêtise 1, accepter que le patron de l'EDF garde un rôle rémunéré ailleurs, - bêtise 2, ne pas payer le salaire qu'il avait avant (si le marché le justifie réellement) - bêtise 3, l'effet "perte de confiance" c'est produit...

à écrit le 22/01/2010 à 7:33
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Oui, le capitalisme à la française, c'est ni plus ni moins une monarchie économique. Le pouvoir à quelques uns qui s'attribuent les sièges aux conseils d'administration et les jetons de présence qui vont avec. PROGLIO ne risque pas de rejoindre Georg...

à écrit le 22/01/2010 à 7:22
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Madame Lagarde n'a pas réalisé qu'elle appartenait à un gouvernement dont la longévité dépend des électeurs. Elle confond l'arène politique avec l'enceinte d'une Cour. Les arguments à présenter ne sont pas les mêmes

à écrit le 22/01/2010 à 7:03
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Le capitalisme à la Française de copinage en a pris un sérieux coup,et c'est tant mieux,les politiques eux n'ont pas fini de payer cette bêtise.

à écrit le 22/01/2010 à 6:43
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C'est bien. On ne peut que souhaiter à M. Proglio qu'il réussisse sa mission qui sera de longue haleine. On lui souhaite d'égaler les statures de Ambroise Roux et Paul Delouvrier réunies. Bon courage et bonne chances

à écrit le 21/01/2010 à 21:58
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Salaire à comparer à la somme des indemnités que recvront les chomeurs de Fraisse dans la Loire par exemple. Et les indemnités 450.000 euros par an - payées par Areva étaient elle considérées comme un revenu et donc imposable?

à écrit le 21/01/2010 à 21:58
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Salaire à comparer à la somme des indemnités que recvront les chomeurs de Fraisse dans la Loire par exemple. Et les indemnités 450.000 euros par an - payées par Areva étaient elle considérées comme un revenu et donc imposable?

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