Garder son poste à la tête d?EDF en cas de victoire de François Hollande va tenir de la gageure pour Henri Proglio. Le peu conventionnel patron d?EDF est de plus en plus ouvertement critiqué par le PS. « Le patron d?EDF qui fait campagne aujourd?hui aux côtés de Nicolas Sarkozy est-il tout à fait dans le respect de ce que doit être l?équilibre d?un haut fonctionnaire ou en tout cas d?un haut responsable nommé à la tête d?une grande entreprise ? » s?interrogeait Manuel Valls, directeur de la communication du candidat socialiste pour la campagne présidentielle, ce mercredi matin sur France Inter. « Non, cela me paraît tout à fait anormale son attitude », répondait-il.
Chasse aux sorcières
Manuel Valls expliquait que François Hollande, s?il était élu, n?allait pas se livrer à une chasse aux sorcières dans la haute fonction publique. Il a cependant cité deux exceptions. La première, évoquée avant Henri Proglio, est Bernard Squarcini, le patron du renseignement français, mis en examen dans le dossier des relevés téléphoniques de journalistes du Monde et dont le nom est souvent évoqué par la presse dans d?autres affaires.
Cette mise en cause de Henri Proglio par Manuel Valls, considéré comme représentant "l?aile droite" du PS, reprend presque mot pour mot les propos attribués à François Hollande lui-même, dans un écho paru récemment dans l?Express.
"L'Etat a des décisions à prendre"
De son côté, Bernard Cazeneuve, porte-parole de François Hollande, qui s?exprimait sur le programme Energie du candidat socialiste la semaine dernière, a déclaré sur le même sujet : "Dans les entreprises publiques, les présidents sont là pour mettre en ?uvre (les orientations fixées par l'Etat). S'ils le font, les choses se passent bien. S'ils ne le font pas, l'Etat a des décisions à prendre." Il avait cependant ajouté : "On ne bâtit pas une politique industrielle cohérente en demandant des têtes avant même d'être en situation d'exercer la responsabilité du pouvoir, ce ne serait pas raisonnable ».
Avant Frérot, il visait Suez
Non seulement Henri Proglio, réputé proche de Nicolas Sarkozy, s?est prêté la semaine dernier au sauvetage présidentiel et médiatique de Photowatt, mais surtout il incarne une défense, jugée très arrogante, de l?option « tout nucléaire » choisie jusqu?à présent par la France. Enfin, sa pratique des affaires choque régulièrement jusqu?à ses confrères grands patrons du CAC 40. Ses man?uvres en coulisse pour débarquer Antoine Frérot, son successeur à la tête de Veolia, et le remplacer par son ami Jean-Louis Borloo, ont défrayé la chronique lundi. Il avait suscité une émotion au moins égale lorsque la presse avait révélé en 2006 ses intentions d?aider l?italien Enel à lancer un raid boursier sur son concurrent français Suez afin d?en partager les morceaux. Le tout, déjà, en s?appuyant sur les conseils d?Alain Minc.
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