Arcouest, l'hydrolienne d'EDF, coincée au fond de la rade de Brest

Ce prototype, dont la première immersion au large de Bréhat avait fait grand bruit il y a un an, est coincé au fond de la rade de Brest depuis la mi septembre. Cet incident décale le calendrier qui visait la mise en production l'été prochain.
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Tout avait pourtant bien commencé. Henri Proglio, le PDG d'EDF, était venu en personne le 6 septembre à Brest lancer la deuxième phase de tests de l'Arcouest, ce prototype industriel d'hydrolienne qui, à 35 mètres de profondeur, doit produire de l'électricité en utilisant l'énergie des courants. Le 17 septembre, pendant les tests dans la rade de Brest, un moteur d'un des trois treuils chargés de monter et descendre l'engin de 16 mètres de diamètre, est tombé en panne. Depuis, impossible de récupérer la turbine immergée au fond de la rade.

Quelques prototypes testés dans le monde

Mi octobre, EDF avait indiqué que la réparation du treuil exigerait « plusieurs semaines ». Tout est très nouveau dans cette opération. L'engin en lui-même, dont seuls quelques prototypes sont testés actuellement au large de l'Italie, du Royaume-Uni et de la Norvège notamment. Celui-ci, fabriqué par l'irlandais OpenHydro, associé au français DCNS, est d'une puissance de 0,5 MW. La barge-catamaran pour déplacer cette turbine de 850 tonnes a été fabriquée spécialement par le français STX à Lorient.

DCNS pas découragé pour prendre le contrôle d'OpenHydro

Les mésaventures de l'Arcouest n'ont pas douché l'enthousiasme des acteurs pour cette filière en devenir. Le PDG du groupe naval DCNS, Patrick Boissier, vient même de confirmer son intention de prendre très rapidement le contrôle de OpenHydro, dont il détient déjà 11%. "Nous avons bien l'intention de le faire", a-t-il expliqué début décembre lors d'une audition à la commission de la défense de l'Assemblée nationale. OpenhHydro est la société "la plus en avancée en matière de technologies" et "la plus prometteuse en terme d'efficacité", avait-il déclaré.

Un parc de quatre hydroliennes au large de Bréhat en 2014
Après cette deuxième phase d'essais sous-marins de l'Arcouest, dans la rade de Brest, le prototype devait être immergé sur le site de Paimpol-Bréhat (Côtes d'Armor), l'objectif étant une mise en service l'été 2013 (contre l'été 2012 initialement visé). Entre-temps, le convertisseur sera mis à l'eau. Dans le calendrier actuel, qui va être décalé, EDF prévoit la première connexion au réseau électrique à partir de la fin de l'automne prochain.
Puis, six mois plus tard, au printemps 2014, trois autres hydroliennes devaient rejoindre l'Arcouest au fond de l'eau et former un « parc » de 2 MW. De quoi alimenter l'équivalent de 2 à 3.000 foyers, selon EDF. Le câble de 15 km qui relie le site à la terre a été posé l'été dernier et le poste à terre, dans l'anse de Launay (Ploubalzanec) construit cet automne.
 

Un projet de 40 millions d'euros

La turbine avait déjà été immergée pour une première phase d'essais d'octobre 2011 à janvier 2012 sur le site de Paimpol-Bréhat, afin de tester son fonctionnement en conditions réelles. Les résultats avaient été jugés "très encourageants" par EDF. Le budget de ce projet, lancé en 2008, qualifié de première mondiale par EDF, est de l'ordre de 40 millions d'euros.
 

Alstom et GDF Suez également présents sur ce marché

« Si elle semble prometteuse, l'énergie du courant doit encore faire ses preuves au stade industriel. Une ferme pilote composée de plusieurs machines est nécessaire permettre de tester ces turbines sur plusieurs mois », souligne Jérome Pecresse, président de la branche énergie renouvelable chez Alstom. Le constructeur français vient de racheter Tidal Generation Limited (TGL), filiale spécialisée en hydrolienne du motoriste britannique Rolls-Royce.
 

Un appel d'offres prévu en 2013/2014 pour le Raz Blanchard

Parallèlement à l'expérience d'EDF, l'Ademe doit lancer en 2013/2014 un appel d'offres pour une telle ferme pilote dans les eaux du Raz Blanchard, à la pointe du Cotentin, qui abrite les courants marins les plus puissants d'Europe. C'est du moins ce qu'avait prévu le précédent gouvernement. Appel d'offre ou pas, GDF Suez a déjà prévu de tester cette zone qui concentre à elle seule 50% du potentiel hydrolien français. L'objectif de GDF Suez au Raz Blanchard est d'obtenir les autorisations nécessaires afin de pouvoir installer dès 2015 un parc pilote de 3 à 6 turbines pour une puissance de 3 à 12 MW. GDF Suez et sa filiale Eole Generation ont d'ores et déjà retenu l'hydrolienne «HyTide» conçue par le fabricant allemand 'Voith Hydro' pour équiper tout ou partie de ce futur parc pilote.

GDF Suez vise aussi le Finistère

GDF Suez s'intéresse aussi au passage du Fromveur (Bretagne). Située au sud de l'ile d'Ouessant au large du Finistère, cette zone constitue le deuxième gisement hydrolien français. Le groupe dirigé par Gérard Mestrallet veut également y développer un parc hydrolien à l'horizon 2016. Un accord a déjà été signé entre Eole Generation et Sabella, société française spécialisée dans l'ingénierie hydrolienne.
 



 

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Commentaires 9
à écrit le 12/12/2012 à 21:52
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au boulot les ingénieurs. bonne chance. je prédère de l acier au fond de la rade de Brest (certainement bon pour les poissons? nouvelle maison?) plutôt qu une centale nucléaire qui saute à la figure.

le 21/11/2014 à 9:47
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bonjouer

à écrit le 12/12/2012 à 17:56
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Depuis septembre? Et ils prétendent gérer un parc de combien de centrale(s)? Il va falloir que l?état sponsorise encore un projet ruineux avant qu'il ne soit donné au privé quand il sera au point..

à écrit le 12/12/2012 à 17:52
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15 km de cable , ca en fait du cuivre pour les Roms.

à écrit le 12/12/2012 à 17:46
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Pourtant ce n'est pas compliqué de ne pas se planter. Il suffit de ne rien faire, de ne rien inventer, de ne rien tenter et de rester sur le bord de la route à ricaner des malheurs de ceux qui essayent ...

le 12/12/2012 à 17:58
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A lire la prose d'EDF on peut se poser la question de la réelle motivation a tenter une transition énergétique. Quand on constate par exemple que des associations anti-éolien sont conseillées par d'anciens cadres d'EDF. Ou quand EDF tente de saborder...

le 14/12/2012 à 6:57
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Mecatroid, j'adhère à ta remarque, en restant conscient par nos temps qui courent, qu'investir est un gros mot,donc innover aussi, en plus si ça a le malheur de fonctionner et de rapporter.....alors là attention ça frise l'hérésie.mais ce doit être N...

à écrit le 12/12/2012 à 17:45
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Arcouest, l'hydrolienne d'EDF, restée en rade à Brest...

à écrit le 12/12/2012 à 17:36
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Décidément EDF c'est vraiment le champion du monde du fail

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