Climat : cinq ans après l'accord de Paris, qui sont les bons et les mauvais élèves ?

FOCUS DATA. Face à l'urgence climatique mondiale, 195 pays ont approuvé, le 12 décembre 2015, l'Accord de Paris sur le climat. Ce texte vise à contenir la hausse de la température moyenne mondiale grâce à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Cinq ans après, à l'heure où les signataires doivent revoir leurs engagements, force est de constater des disparités entres les pays mais aussi entre les secteurs. Tour d'horizon.
(Crédits : Reuters Photographer)

Il y a cinq ans, la quasi-totalité de la planète s'engageait à contenir le réchauffement climatique en faisant un effort sur l'utilisation massive de combustibles fossiles, sur l'élevage et l'agriculture intensifs et autres activités liées à l'émission de gaz à effet de serre. Approuvé par l'ensemble des 195 délégations présentes le 12 décembre 2015 au Bourget, l'Accord de Paris sur le climat vise en effet à limiter la hausse des températures à 2 degrés Celsius (°C), voire 1,5°C d'ici à 2100 par rapport à l'ère pré-industrielle. Et pour cause, depuis 1934, la température moyenne mondiale ne cesse d'augmenter et, pire, la hausse s'accélère, selon le ministère de la Transition écologique.

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La perturbation de l'équilibre climatique par les émissions de gaz à effet de serre entraine ainsi l'augmentation des températures à la surface de la Terre, mais également l'élévation du niveau moyen des océans ou encore l'augmentation de la fréquence des inondations et incendies. Afin de freiner l'hémorragie, l'Union européenne s'est engagée en 2015 à atteindre la neutralité carbone d'ici à 2050. Autrement dit, les pays membres n'émettront pas plus de gaz à effet de serre que ce qu'ils sont capables d'absorber. Concrètement, cette stratégie fixe des objectifs de réduction des émissions dans les secteurs émetteurs : logement, agriculture, transports, industrie, énergie, déchets. Elle se décline en budgets carbone, c'est-à-dire des volumes maximum d'émissions sur des périodes de 5 ans.

Depuis 2015, les efforts de l'Union européenne commencent à se voir puisque l'UE a émis 3.388 millions de tonnes de CO2 (gaz carbonique à effet de serre) en 2019 contre 3.576 millions en 2015, diminuant ainsi de 5,25% en quatre ans, selon les données du bureau d'études Enerdata. Il en va de même pour la France qui a réduit elle de 3% ses émissions en quatre ans. Au contraire, au niveau mondial, les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté de plus de 1% sur la même période.

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Des résultats en trompe-l'oeil ?

En France, malgré ces premiers résultats encourageants, les années entre 2014 et 2018 ont été les plus chaudes jamais enregistrées, selon le service statistique du ministère de la Transition écologique. En 2018, la température moyenne annuelle de 13,9 °C a dépassé la normale (référence 1961-1990) de 2,1 °C, plaçant cette année au premier rang des années les plus chaudes observées en France.  Les résultats sont-ils donc insuffisants ?

De même, le mois de novembre 2020 a été le mois de novembre le plus chaud jamais enregistré dans le monde, rapprochant encore un peu plus l'année 2020 du record de 2016, selon le service européen Copernicus sur le changement climatique.

« Le budget carbone n'est pour l'instant pas dans les clous. La France a, certes, atteint son objectif carbone en 2019 et l'a même dépassé puisqu'elle a émis 0,7% de CO2 de moins par rapport à la part annuelle du budget carbone pour cette période. Mais cela est dû au fait que les budgets carbones ont été réactualisés à la hausse en 2019 », selon Amaury Parelle, coordinateur de l'Observatoire de l'association Climate Chance.

Des transformations à deux vitesses

Autre constat, les transformations s'effectuent à différentes vitesses en fonction des secteurs. Alors que l'énergie accélère sa transition vers des énergies "plus propres", les transports ou le secteur des déchets voient, eux, une évolution moins rapide et qui peut même s'avérer être néfaste pour le climat.

«Dans les déchets, le mécanisme de marché est défavorable aux déchets recyclables. Etant donné que le prix du pétrole brut a chuté, les résines de plastique neuves coutent, depuis fin 2019, moins cher et sont plus compétitives que les granules recyclées. Au contraire, dans le secteur de l'énergie, il y a un tournant qui se réalise. Le prix du photovoltaïque et l'éolien sont de plus en plus compétitifs», analyse Antoine Gillod, chargé de recherches au sein de Climate Chance, pour La Tribune.

Fortes disparités au sein de l'Union européenne

Au sein même de l'Union européenne, les disparités d'émissions sont flagrantes. L'Allemagne, terre industrielle dépendante des centrales à charbon, émet ainsi encore en 2019 plus de 719 tonnes de CO2 (hors usage des sols), soit plus du double de la France, de l'Italie ou encore du Royaume-Uni.

(Appuyer sur le bouton play pour voir l'évolution depuis 2015)

Hormis l'utilisation du charbon, première source d'émissions de gaz à effet de serre dans l'énergie (produisant 74% des émissions du secteur selon l'Agence internationale de l'énergie en 2018), l'automobile est un autre point faible - énergiquement parlant - de l'Allemagne, selon Climate Chance. «Les modèles des constructeurs automobiles allemands sont très lourds, cela est forcément plus énergivore. Toutefois, la grande faiblesse de l'Allemagne reste ses centrales à charbon. L'importante part du nucléaire en France explique en grande partie la différence avec nos voisins d'Outre-Rhin», analyse Antoine Gillod pour La Tribune.

De son côté, le Royaume-Uni a réussi, avec la fermeture de ses dernières grandes mines ces dernières années, à réduire de 14% ses émissions entre 2015 et 2019. «Cette année, le Royaume-Uni s'est passé du charbon pour sa production d'électricité pendant plusieurs mois», précise Antoine Gillod. Grace à ces transformations, l'Union européenne et le Royaume-Uni sont parvenus à faire reculer leurs émissions de CO2 provenant de combustibles fossiles et de processus industriels de 3,8 % en 2019, pour atteindre des niveaux inférieurs de 25% à ceux de 1990, selon la Commission européenne. Néanmoins, des efforts supplémentaires doivent être réalisés pour respecter l'Accord de Paris qui prévoit que chacun des pays renforce tous les cinq ans ses engagements pour diminuer ses émissions de gaz à effet de serre.

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Commentaires 4
à écrit le 11/12/2020 à 9:52
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Bon ou mauvais élèves par rapport a quoi? A une vision dogmatique de l'avenir? Tout est fait pour protéger les rentes en cours et celle en construction, sans permettre a une "adaptation" de se construire!

à écrit le 11/12/2020 à 8:33
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Vous remarquez que nous entendons beaucoup moins les climatyosceptiques qui venaient vomir leur mauvaise foi habituelle ne serait-ce il n'y a que deux ans sur tous les forums et plateaux télé et radio ? Mais à la moindre occasion, comme on peut l...

le 11/12/2020 à 12:00
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SI je ne peux pas répondre à cette réponse aussi stupide que simulée, en gros si vous voulez m'imposer de répondre à une stratégie pourrie et non à un humain, vous virez mon commentaire de base hein. Ou bien paramétrez mieux vos clones moi je sai...

à écrit le 11/12/2020 à 7:55
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Pourquoi les médias s'acharnent-ils à parler de ces COP ? Vous voyez bien qu'elle n'ont servi à rien, et qu'elle ne serviront jamais à rien, c'est un échec total, d'après la courbe de température. Pourquoi continuer à parler d'urgence climatique mond...

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