Au fur et à mesure que son carnet de commandes s'étoffe, l'opérateur historique veut renforcer ses compétences. Et notamment en matière de tuyauterie, alors que les problèmes de soudure de ses réacteurs nucléaires ont régulièrement défrayé la chronique. Pour l'EPR de Flamanville (Manche), c'était par exemple un défaut des piquages, c'est-à-dire des raccordements de tuyaux, qui avait alerté le régulateur et ralenti un peu plus le chantier, toujours en cours après dix ans de retard. Même sur le parc existant, une minuscule fissuration identifiée sur les circuits secondaires de trois centrales - Civaux, Chooz et Penly -, oblige aujourd'hui EDF à analyser l'ensemble des installations, et à en mettre à l'arrêt une partie.
Face à ce constat, et à l'heure où Emmanuel Macron lui demande de prolonger le parc au maximum, mais aussi de construire six nouveaux EPR sur le territoire, EDF lorgnerait sur l'entreprise de métallurgie Efinor, selon les informations du quotidien La Lettre A. Plus précisément, ce serait sa filiale Framatome, spécialisée dans la chaudronnerie, « qui devrait en faire rapidement l'acquisition », peut-on lire dans la publication numérique. Contacté par La Tribune, EDF n'a pas souhaité faire de commentaires.
Savoir-faire dans le nucléaire
De fait, un tel rachat ferait sens, puisqu'Efinor possède déjà une forte culture du nucléaire, avec un savoir-faire éprouvé sur les projets EPR, de Taishan (Chine) à Flamanville 3, en passant par celui d'Hinkley Point, au Royaume-Uni. Pour ce dernier, l'ETI normande avait même signé un contrat de 115 millions d'euros afin de réaliser, entre autres, les grandes piscines en inox destinées à recevoir le combustible, ainsi que la salle de commande.
Avec 800 salariés et un chiffre d'affaires de 76 millions d'euros en 2020, l'entreprise basée dans la Manche ne se résume cependant pas à ses activités dans l'atome civil, puisqu'elle œuvre également pour le secteur de la défense et dans le naval. Selon La Lettre A, l'acquisition projetée par Framatome, réalisée dans le cadre d'un projet baptisé « Cap23 », porterait ainsi sur la moitié du périmètre d'Efinor consacrée à l'énergie et la défense, soit huit sociétés en France et au Royaume-Uni.
« Son département projets et une partie des équipes support seraient aussi intégrés dans Framatome. 400 collaborateurs de cette ETI rejoindraient alors ses rangs », apprend-on également.
Outre l'atome civil, la prise d'Efinor, qui travaille aussi pour Naval Group sur le programme de construction des sous-marins d'attaque Barracuda, devrait donc également renforcer le positionnement de la filiale d'EDF sur le secteur de la défense.
Filiale intégrée dans Framatome
La lettre quotidienne rappelle par ailleurs qu'outre-Manche, l'entité Framatome UK s'active déjà pleinement pour la construction en cours des EPR britanniques. En effet, elle a racheté en septembre 2021 la société VirtualPIE (BHR Group), spécialisée dans l'ingénierie des fluides pour la chimie et le nucléaire, et reprendra le site britannique d'Efinor.
Dans l'Hexagone, les sept sites d'Efinor devraient eux fusionner au sein d'une nouvelle filiale intégrée à 100 % dans Framatome, toujours selon la Lettre A, tandis que les activités ingénierie d'Efinor seront rapprochées d'Olys, filiale d'ingénierie nucléaire du chaudiériste.
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