Fessenheim : EDF obtient de nouvelles garanties et valide son indemnisation

La centrale nucléaire alsacienne doit fermer au moment où l'EPR de Flamanville sera mis en service, normalement en 2018.
Les salariés de la centrale se sont mobilisés lundi à Fessenheim pour protester contre cette fermeture et prévoient d'autres actions mardi.

Article publié le mardi 24 janvier à 8:39, mis à jour à 12:09

C'est le début du compte à rebours pour Fessenheim ce mardi. Le conseil d'administration d'EDF a approuvé le protocole d'indemnisation pour la fermeture de la centrale nucléaire. Selon une source contactée par Reuters, 6 voix se sont exprimées en faveur de cette indemnisation de quelque 450 millions d'euros - à laquelle s'ajouterait une part variable - et 6 voix contre - vraisemblablement les administrateurs représentants les salariés -  le vote prépondérant du PDG Jean-Bernard Lévy ayant fait pencher la balance en faveur d'une approbation. Avant ce vote, l'Etat (actionnaire à 85% d'EDF) a offert de nouvelles garanties.

La première clause prévoit tout d'abord de "prolonger" l'autorisation de la création de l'EPR de Flamanville, qui arrive à échéance en avril 2017. Or, l'EPR, qui a accumulé les retards, n'entrera en service qu'en 2018...d'où la nécessité de renouveler cette autorisation.

Autre garantie accordée : EDF devrait avoir le droit de redémarrer le réacteur n°2 de la centrale de Paluel (Seine-Maritime), à l'arrêt depuis mai 2015. La loi sur la transition énergétique votée en août 2015 prévoit en effet qu'un réacteur à l'arrêt depuis plus de deux ans, soit considéré comme étant en arrêt "définitif". Mais le gouvernement a la possibilité de proroger de trois ans cette durée. Or EDF ne prévoit pas de terminer les opérations de maintenance sur ce réacteur, où un générateur de vapeur a chuté en mars 2016, avant la fin novembre 2017. Interrogé, EDF n'a souhaité ni confirmer, ni démentir, ces informations.

Promesse de campagne

Sur le plan financier, l'accord conclu l'an dernier entre EDF et l'Etat au sujet de Fessenheim prévoit une indemnisation de 446 millions d'euros au moins dont un premier versement d'environ 100 millions d'euros lors de l'arrêt de la centrale. Le solde sera constitué d'une part fixe et d'une part variable tenant compte d'un éventuel manque à gagner pour EDF jusqu'en 2041.

Lire aussi : Les syndicats dénoncent les coûts énormes de la fermeture de Fessenheim

La validation de cette indemnisation est un préalable au dépôt par EDF d'une demande d'abrogation de l'autorisation d'exploiter la centrale, qui prendra la forme d'un décret du gouvernement pour entériner la décision de fermeture. Cette fermeture de la centrale de Fessenheim est une promesse de campagne de François Hollande en 2012. Elle est fixée à l'horizon 2018 lorsqu'EDF prévoit de mettre en servie l'EPR de Flamanville (Manche). La loi sur la transition énergétique plafonne en effet les capacités nucléaires de la France à leur niveau actuel.

Opposition des représentants des salariés

Les salariés de la centrale se sont mobilisés lundi à Fessenheim pour protester contre cette fermeture et prévoient d'autres actions mardi. Lors du conseil d'administration, les six représentants de l'Etat avaient prévu de ne pas participer pas au vote, pour éviter tout conflit d'intérêt.

Une des sources interrogées par Reuters a précisé que la demande d'abrogation de l'autorisation d'exploiter Fessenheim - qu'EDF doit désormais déposer - ferait l'objet d'un autre conseil d'administration.

(Avec AFP et Reuters)

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Commentaires 12
à écrit le 25/01/2017 à 12:20
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L'Etat est sensé recapitaliser Areva de 5 milliards et EDF de 4 milliards. Simplement pour les maintenir a flots 5 ans de plus. Il paye toute la R&D du secteur depuis 60 ans. Et malgré cela il est encore sensé "indemniser" les fermetures? Je commenc...

à écrit le 24/01/2017 à 15:18
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si on présentait cette affaire en disant "L'Etat propose à une entreprise de fermer une usine rentable de 2000 salariés dont le carnet de commande est plein pour les 50 prochaines années. Chaque Français devra verser 8 € de sa poche pour indemniser...

le 24/01/2017 à 23:18
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quel serait le coût humain, financier et écologique d'une défaillance majeure d'une centrale nucléaire qui a déjà dépassé sa durée de vie initiale, qui se trouve en zone inondable dans le lit d'un fleuve qui dessert en aval de la centrale, une trenta...

à écrit le 24/01/2017 à 13:45
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Ce sont les Français qui devraient être dans la rue...en effet, on va leur voler 450 Millions de leurs impôts pour une fermeture uniquement politique, sans compter les Milliards qu'on va leur prendre sur leurs factures !...tout ça pour des raisons un...

le 24/01/2017 à 14:37
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Entièrement d’accord avec vous...!

à écrit le 24/01/2017 à 13:28
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Pourquoi ne pas demander aux Allemands et éventuellement aux Suisses de participer au démantelemant de ce très vieil et dangereux équipement, après tout nous ne risquons qu'une petite partie de notre territoire et un morceau de fleuve, eux c'est dans...

à écrit le 24/01/2017 à 12:41
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Si à chaque fois qu'un appareil de production devient vétuste, ou moins rentable, ou qu'un gouvernement change de stratégie énergétique, il faut que l’État compense, ça promet. Étrange cette négociation de la part d'un "État majoritaire", mais ave...

le 24/01/2017 à 13:48
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Et au bout de tout ça, il y a des Milliards que l'on prend dans nos poches....tout en nous disant que "les caisses sont vides " !

à écrit le 24/01/2017 à 12:00
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obligation de vente à prix coutant d'un quart de sa production à ses concurrents et plafonnement de cette même production à son niveau actuel : merci l'Europe et sa soi-disant libre concurrence

à écrit le 24/01/2017 à 10:25
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Le PS porte la trahison comme la nuée porte l'orage...

à écrit le 24/01/2017 à 9:43
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Quand les syndicats sont aussi touchés par la compromission.

le 24/01/2017 à 15:09
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?? Que le syndicats défendent leur outil de travail, c'est pas anormal. Là, on décide sur des arguments irrationnels de fermer une usine de 2000 salariés... Quand on voit le bazar qu'on a eu pour l'usine d'Alsthom...

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