Les Français consomment toujours plus de bio, mais gare à la pénurie

En dix ans, les produits issus de l'agriculture biologique sont devenus presque essentiels aux yeux des consommateurs français, selon le baromètre Agence Bio/CSA. Un succès qui révèle un changement dans les mentalités, mais qui pourrait avoir des conséquences néfastes pour une industrie florissante.
Les rayons "bio" des hypermarché séduisent de plus en plus de français, comme ici celui de Carrefour à Charenton.

La France "verte" est en marche. Avec près de un demi-milliard d'euros supplémentaires dépensés par rapport à la même période en 2016, l'appétit des français pour les produits bio s'est nettement confirmé au premier semestre 2017, d'après les chiffres de l'Agence Bio, la plate-forme nationale d'information et d'actions pour l'agriculture biologique française.

Un marché florissant qui doit son succès en partie grâce aux nouveaux producteurs "bio" français, mais aussi aux transformateurs et distributeurs toujours plus nombreux - près de 51.500 fermes et entreprises engagées en "bio" au 30 juin 2017, soit 4340 opérateurs de plus par rapport à l'année dernière.

En 2016, l'industrie "bio" française - comprenant aussi la restauration hors domicile - aurait déjà dépassé en valeur les 7 milliards d'euros. Les ventes de produits frais, qui ont augmenté de 14% sur les six premiers mois de l'année selon le baromètre Agence Bio/CSA, ont été aidé par une croissance au rendez-vous. Les bons résultats des rayons "bio" dans les grandes surfaces alimentaires, qui enregistrent une augmentation de 18% de leur chiffre d'affaires sur la période, portent ainsi des résultats positifs et révélateurs d'un changement de mentalité dans la population française.

82% des Français estiment important de développer l'agriculture "bio"

Car aujourd'hui, les produits "bio" sont partout et concernent presque tout le monde. D'après l'Agence Bio, près de 9 français sur 10 déclarent avoir consommé au moins une fois du "bio" en 2016, et 69% précisent aussi consommer régulièrement "bio" (au moins une fois par moins). Et l'écart enregistré en 2003 lors de la première édition du baromètre démontre une réelle évolution des mentalités : 46% des Français ne consommaient alors jamais de produits bio.

Il y a dix ans, 67% de la population française accordait de l'importance à la préservation de l'environnement dans leurs actes d'achat, contre 89% en 2015 et désormais 92% en 2017. Aujourd'hui, ils sont aussi 82% à accorder de l'importance au développement d'une agriculture biologique. Des chiffres qui soulignent les nouvelles attentes des Français pour une agriculture d'avenir, basée sur le respect de l'environnement et du bien-être animal, même si le bio est loin d'être une garantie en ce domaine, comme le soulignait récemment Libération dans un article sur la souffrance animale dans la filière viande bio.

Des solutions pour se préserver des pénuries et des hausses de prix

Le baromètre de l'Agence Bio paraît alors même que depuis le 20 juillet, les États généraux de l'alimentation ont été lancés par le Premier Ministre Edouard Philippe. Ils ont principalement pour objectif de favoriser la création et la répartition d'acteurs du "bio" en France, mais aussi de rendre accessible à tous une alimentation "saine, sûre et durable". Car le succès du "bio" dans l'Hexagone a des conséquences importantes : sur certains produits, comme la viande, les œufs, le vin et le lait, les ruptures de stock sont régulières et les pénuries très proches. Et avec les conditions météorologiques défavorables cette année, les productions laitières et de légumes ont subi un léger déséquilibre.

Désireux de favoriser cette mouvance en rendant le "bio" "plus accessible", le ministre de la Transition écologique et solidaire Nicolas Hulot a nettement critiqué il y a quelques jours les importantes marges des distributeurs, après la parution d'une étude UFC- Que choisir. Ces pratiques auraient tendance à faire monter les prix, tout comme le manque d'offre et les ruptures de stock occasionnelles. Plusieurs pistes devraient être explorées lors des États généraux de l'alimentation afin de remédier à ce déséquilibre, comme par exemple pérenniser les aides financières à la conversion, ou encore favoriser les outils de financement privés vers l'agriculture biologique, tel que le Livret de Développement Durable. De quoi encore augmenter le pourcentage du "bio made in France" : 71% des produits bio consommés en France sont déjà produits sur le territoire national.

>> Lire aussi Fruits et légumes bio : les distributeurs "se gavent un peu", sous-entend Hulot

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Commentaires 4
à écrit le 19/09/2017 à 11:50
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Rien n'a jamais prouvé que le bio était meilleur pour la santé. Mais c'est un excellent concept marketing qui permet à la grande distribution 1) de faire du greenwashing, 2) de faire des marges confortables 3) d'augmenter la pression sur les autres f...

à écrit le 18/09/2017 à 17:05
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"Enquête chez les Verts allemands: Dans le laboratoire de l’écolo-bourgeoisie" https://www.monde-diplomatique.fr/2011/08/CYRAN/20842 Hélas il va être difficile de ne pas se faire piéger par l'agro-industrie, un des plus puissants lobby de notre p...

à écrit le 18/09/2017 à 16:07
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Heureusement l'UE va règler le problème en assouplissant les critères pour obtenir le label bio. Nous aurons bientôt du "bio" made in industrie agro pour la plus grande satisfaction de l'agrobusiness et de la grande distribution avec comme dindon de ...

à écrit le 18/09/2017 à 15:53
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Le bio, c'est surtout, à mon humble avis, du marketing pour vendre plus cher des produits foncièrement similaires. Sauf à m'expliquer comment le vent par exemple s'arrête à la limite d'un champ pour ne pas polluer l'autre, je n'y croirais pas :-)

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