
Alors que le cours du titre d'EDF dégringolait de 17% ce lundi 25 janvier sur fond de doute sur le projet Hercule, le ministère de l'Economie et des Finances a réaffirmé la poursuite des négociations et démenti tout délai supplémentaire.
La chute vertigineuse de l'action EDF fait suite à la publication d'un article sur BFM TV, évoquant « une posture de négociation dure » adoptée par la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen et selon lequel « Bruxelles aurait demandé encore six mois de discussions à la France ». De quoi mettre en péril la possibilité que cette réforme, très structurante pour l'avenir de l'énergéticien, voit le jour avant 2022.
A Bercy, on assure que « cette négociation est toujours en cours » et qu'il « n'a été demandé, en aucune façon, un délai supplémentaire pour la mener à bien ».
Un dossier complexe
Engagées avant la crise sanitaire, ces négociations complexes visent à permettre une évolution du cadre réglementaire du marché du nucléaire. Aujourd'hui, le mécanisme de l'Arenh (Accès régulé à l'électricité nucléaire historique) oblige EDF à vendre une partie de sa production d'électricité nucléaire aux fournisseurs alternatifs à un prix fixe de 42 euros le mégawattheure.
Un prix qui ne reflète plus les coûts de production nucléaire. Le gouvernement français souhaite que ce prix augmente sensiblement (jusqu'à 20%) pour permettre à l'énergéticien national « un meilleur financement de son parc nucléaire existant » et pour « pouvoir financer, demain, son développement dans les énergies renouvelables », rappelle Bercy.
En contrepartie, la Commission européenne exige plus de concurrence et, notamment une division du groupe EDF. Le projet de réorganisation, baptisé Hercule, pourrait alors se traduire par une scission de l'électricien en trois entités: une entreprise publique (EDF bleu) pour les centrales nucléaires, une autre (EDF vert) cotée en Bourse pour la distribution d'électricité et les énergies renouvelables, et une troisième (EDF azur) qui coifferait les barrages hydroélectriques.
« Des contacts très réguliers et denses »
Ces négociations ardues portent donc à la fois sur le mécanisme de l'Arenh, le projet de réorganisation d'EDF et la questions des concessions hydrauliques, dont la commission exige une ouverture à la concurrence depuis un certain moment.
Alors que les pouvoirs publics espéraient obtenir un feu vert de la Commission avant la fin 2020 pour engager la réforme au Parlement dès début 2021, le dossier accumule du retard. Aujourd'hui, aucun nouvel horizon n'est communiqué.
« Les ministres Bruno Le Maire et Barbara Pompili sont en contact très régulier avec la vice-présidente de la Commission européenne Margrethe Vestager », indique seulement Bercy, qui insiste aussi sur les « contacts très réguliers et denses au niveau technique entre les équipes du ministère de la Transition écologique, de l'Agence des participations de l'Etat (APE) et de la direction générale de la concurrence de la commission ».
Malgré ces déclarations, le titre de l'énergéticien perdait encore 14,9% vers 16h23 à 10,54 euros.
(Avec AFP)
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