Ce mercredi matin, alors que le conseil d'administration d'Engie va se réunir cet après-midi pour statuer sur l'offre de Veolia, celui-ci a dévoilé une offre améliorée pour racheter à Engie les 29,9% de parts de Suez qu'il détient. Cette offre, affirme le géant de l'environnement, tiendrait mieux compte des préoccupations de l'État et d'Engie. Sur le prix, Veolia propose désormais 18 euros par action, soit près de 3,4 milliards, contre 2,9 milliards auparavant.
Compromis et contreparties "immédiates"
Face aux craintes de Suez, tant de la direction que du personnel, après des semaines de tension, Veolia a indiqué chercher un compromis, assurant une fois de plus que ses intentions sont "amicales". Ainsi, le géant de l'eau et de l'environnement propose à Suez une période de discussions de six mois "pour rechercher les bases communes d'un accord" et s'engage pendant cette période à ne déposer "une offre publique portant sur 70,1% du capital de Suez qu'à la condition qu'elle soit amicale", a-t-il indiqué dans un communiqué.
Cette "main tendue" intervient alors que, hier soir, une réunion s'est tenue à Bercy pour tenter d'amener les dirigeants de Veolia et de Suez à trouver un terrain d'entente, mais sans résultat.
Mais Veolia exige une contrepartie à ces engagements: que "Suez désactive immédiatement le dispositif annoncé le 23 septembre dernier reposant sur la fondation de droit néerlandais." Pour rappel, ce dispositif, qualifié de "pilule empoisonnée" à l'intention de Veolia, a été imaginé par Suez pour assurer "juridiquement la pérennisation de Suez Eau France au sein du groupe Suez" en rendant "inaliénable" pendant quatre ans toute cession de l'activité eau en France sans accord des actionnaires.
Emplois préservés en France
Côté social, Veolia, qui veut ménager le ministre de l'Économie, des Finances et de la Relance et donc au passage l'État (actionnaire d'Engie à hauteur de 23,6% et présent au conseil d'administration), déclare s'engager à "maintenir l'ensemble de l'emploi des salariés [de Suez] en France, lesquels conserveront leurs régimes et avantages sociaux, individuels et collectifs". En cas de cession de telle ou telle activité, Veolia s'engage à ce que les repreneurs qu'il choisira agissent de même.
Embellie boursière
À la Bourse de Paris, les investisseurs appréciaient la tournure des événements ce matin, faisant décoller l'action de Suez (qui déjà hier soir avait fini à +1,84%) jusqu'à +7% pour revenir se stabiliser aux alentours de 6,5% vers 11h40. Les deux autres parties prenantes profitaient également de l'éclaircie matinale : Veolia grimpant de 1,75% à 11h45, et Engie, dans une moindre mesure, de 0,75%.
Maîtrise du timing
La validité de cette nouvelle proposition court aujourd'hui jusqu'à minuit, précise Veolia.
S'agissant de ce timing serré, on se souvient comment, la semaine dernière, devant les députés réunis en commission, les dirigeants de Suez avait protesté du manque de temps qui les empêchait de monter une contre-proposition afin de repousser l'offre de Veolia.
Et l'on se souvient de la réponse cinglante faite par le PDG de Veolia immédiatement à la suite:
"Chaque jour qui passe, Suez vend une nouvelle activité, hier c'était une activité en Suède, la veille c'était en Allemagne... Sur les 90.000 salariés de Suez, 13.000 ont été vendus depuis un mois et demi. Combien en restera-t-il à Noël ?", a-t-il dit, déplorant un "dépeçage" et assurant qu'"il y a urgence à arrêter cette politique de la terre brûlée".
(avec AFP)
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