Chantiers de l'Atlantique/Fincantieri, c'est fini

Fincantieri jette l'éponge. L'accord de cession des Chantiers de l'Atlantique prend fin ce dimanche. Et l’État français en reste l'actionnaire principal.
Michel Cabirol

Il n'y aura pas de sixième prolongation... Chantiers de l'Atlantique/Fincantieri, c'est bel et bien fini. Pourtant la France avait tenté de soutenir jusqu'au bout un accord de cession de 51% des titres des Chantiers de l'Atlantique, conclu en 2018 avec le constructeur naval italien Fincantieri. Le 30 décembre 2020, le gouvernement avait même annoncé une cinquième prolongation de cet accord, qui devait initialement arriver à son terme en juin 2019. Un acharnement thérapeutique, qui a enfin pris fin ce mercredi. L'accord de cession des titres des Chantiers de l'Atlantique, signé le 2 février 2018 par l'État français, Fincantieri et Naval Group prend fin le dimanche 31 janvier. Résultat, l'État français en reste l'actionnaire principal (84,3% du capital) et "soutiendra l'entreprise aussi longtemps que la crise durera", selon un communiqué commun publié mercredi par le ministère de l'Économie, des Finances et de la Relance et celui du Développement économique italien.

A la suite de l'entretien téléphonique entre le ministre de l'Économie, des Finances et de la Relance, Bruno Le Maire, le ministre du Développement économique italien, Stefano Patuanelli, et la vice-présidente exécutive de la Commission européenne, Margrethe Vestager, la France et l'Italie ont pris acte du fait que "le contexte économique actuel ne permet pas de poursuivre le rapprochement envisagé entre les Chantiers de l'Atlantique et Fincantieri", selon le communiqué commun. Les formes sont mises entre les deux pays, qui ont eu par le passé des relations tumultueuses : "Les deux pays réaffirment la solidité de leurs liens en matière de coopération économique, en particulier dans le secteur industriel".

Quelles sont les raisons de cet échec

Officiellement, la France et l'Italie ont décidé de ne pas prolonger une nouvelle fois cet accord en raison de la crise que subit le secteur du tourisme qui fait actuellement face à "un niveau d'incertitude économique inédit, du fait de la crise de la Covid-19". Depuis plusieurs mois, Fincantieri semblait de plus en plus hésitant à racheter les Chantiers de l'Atlantique. C'est ce que pense d'ailleurs la sénatrice Les Républicains Sophie Primas dans son rapport  "Le projet de cession des Chantiers de l'Atlantique : éviter l'erreur stratégique, construire l'avenir" publié en octobre 2020 : "Alors que la situation sanitaire s'est améliorée et que le travail de la Commission a repris sur nombre d'autres dossiers, c'est désormais l'absence de réponse de Fincantieri qui représente le principal obstacle au projet de cession".

"Le silence de Fincantieri quant à sa disposition à prendre de tels engagements, ou simplement à fournir des informations complémentaires aux services de la Commission, semble témoigner de l'hésitation du groupe italien à poursuivre dans cette voie", écrivait-elle.

L'opération était également suspendue à la décision de la Commission européenne, qui était à l'issue d'une analyse préalable plutôt défavorable au projet de Fincantieri. Cette opération, soutenue par la France et l'Italie, faisait l'objet d'une enquête approfondie depuis le 30 octobre 2019 de la part de la Commission, qui avait exprimé ses doutes sur l'impact de cette acquisition en termes de concurrence. Elle aurait demandé à Fincantieri des informations supplémentaires, portant en particulier sur les engagements potentiels qu'ils serait prêt à consentir dans le cadre de la cession.

La Commission a le dos large quand on lit le communiqué. "La Commission européenne n'a pas clôturé la procédure", ont expliqué les deux ministères. "Afin de permettre aux deux entreprises de se concentrer sur leur stratégie de sortie de crise et sur de nouveaux projets, la France et l'Italie ont tiré les conclusions de l'absence de décision de la Commission européenne et du contexte économique et sanitaire", ont-ils poursuivi. Mais Fincantieri n'a vraiment pas aidé semble-t-il la Commission à clôturer le dossier. Une décision qui réjouit aussi bien les élus locaux, dont Christelle Morançais (LR), présidente de la région des Pays de la Loire, et les syndicats des Chantiers de l'Atlantique.

Michel Cabirol

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Commentaires 12
à écrit le 28/01/2021 à 21:45
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Fincantieri voulait avec 51% des actions disposer la majorité des voix au conseil d'administration , ce qui parait légitime . l'Etat français n'a jamais accepté cette évidente revendication . l'avenir va être très difficile pour les Chantiers ,qui vo...

à écrit le 28/01/2021 à 14:44
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Je vais faire un parallèle avec l'aide annoncée pour AccorInvest, puisque le temps m'avais manqué sur ce sujet. Rappel ~ 500 M€ versés à l'entreprise, par PGE (Prêt Garanti de l'État) Accord Invest exploite 887 hôtels dans le monde, don t beaucoup ...

à écrit le 28/01/2021 à 14:26
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quelle entreprise bien gerée peut encore s'allier à l'etat Francais!!!! champion de gaspi Voir ADP ,AIR FRANCE, SNCF ,Poste , Renault etc etc en plus ils se permettent l'ingérence ,voir dossier Carrefour qui va de ce fait etre oblige de licencier !!...

à écrit le 28/01/2021 à 13:25
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Il y a tout de même un savoir faire, un haut niveau de finition, une qualité du produit qui est exceptionnelle, et on va sans doute passer à l'électrique et la fin des énormes moteurs diesels. Donc pas trop d'inquiétude à avoir, ce qui serait bien c...

à écrit le 28/01/2021 à 12:15
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Bonne nouvelle pour les chantiers naval ,il faut sauvegarder notre savoir faire en la matière ,(paquebots,porte avion futur etc...) nos élus locaux étaient contre cette vente, peut etre pourrions nous envisager un fond souverain régional (Bretagne, p...

à écrit le 28/01/2021 à 11:30
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Et si la France reconstruisait ses bateaux..

à écrit le 28/01/2021 à 10:37
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Mieux vaut chacun chez soi avec une concurrence où ds ce secteur ts les coups st permis, qu'une association bancale de dupe où le partenaire te pompe la technologie et tire la couverture à lui ds les appels d'offre.

le 28/01/2021 à 11:37
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Si tous les coups sont permis je ne donne pas cher des chantiers navals français, FINCANTIERI va casser les prix avec la construction des navires en Chine , vu le salaire des ouvriers français cette société sera rachetée pour 1 euro symbolique dans 4...

le 28/01/2021 à 12:22
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@ Frenchguy ; Depuis la nuit des temps les sous marin sont fabriquer à Cherbourg... Les entreprises Us qui utilisent les paquebots les font fabriquer en France malgré le coût de la main d' oeuvre , ton raisonnement ne tient pas .

à écrit le 28/01/2021 à 8:50
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Et maintenant c'est l'Etat qui a la patate chaude......

le 28/01/2021 à 11:40
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Vous avez tout compris, dans 4 ou 5 ans l'état sera obligé de faire du social avec nos impôts.

à écrit le 28/01/2021 à 8:22
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Il reste quand même des gardes fous dans ce pays ce qui tombe bien vu que visiblement des dirigeants politiques et économiques fous il n'y a plus que ça.

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