LTDE

Les Tepos, en route vers la transition énergétique

Lancé en 2010, le concept de Territoires à énergie positive (Tepos), s’étend de plus en plus, en particulier en zone rurale. Esther Bailleul, chargée de mission du CLER, association promouvant la transition énergétique, présente ce réseau d’acteurs territoriaux qui misent sur les énergies renouvelables.
Inauguration du projet participatif des Landes du Mené

Un Territoire à énergie positive (Tepos), est un territoire qui produit autant ou plus d'énergie qu'il n'en consomme. Pour y parvenir, les acteurs locaux misent sur les énergies renouvelables (EnR) et la baisse de la consommation énergétique. Lancé en 2012, le réseau Tepos vise à réunir les acteurs des territoires ruraux en cours de transition énergétique afin de faciliter les échanges, de partager les expériences ou d'étoffer des projets.

Tepos n'est pas un label, le but de ce réseau étant d'aider les territoires qui en ont besoin. Pour entrer dans le réseau il suffit d'être acteur d'une démarche allant dans le sens de la transition énergétique et de vouloir participer à cette dynamique d'échanges. Il faut également témoigner d'un engagement politique, stratégique et systémique du développement local. Des porteurs de projets privés et associatifs qui contribuent aux démarches des collectivités rejoignent aussi le réseau.

Le CLER, association pour la transition énergétique, qui anime le réseau Tepos depuis son lancement, dégage des méthodologies, fait de la veille de projets et organise les rencontres annuelles. Esther Bailleul, chargée de mission Energie et territoires du CLER, nous présente le rôle et l'enjeu de ces territoires.

La Tribune de l'Energie : Combien y-a-t-il de Tepos en France ?

Esther Bailleul : Sur le réseau des Tepos on compte plus d'une cinquantaine de collectivités et une trentaine d'acteurs. On entend parfois parler de 400 Tepos mais cela fait référence en réalité à l'appel à projet du ministère de l'Ecologie « Territoires à énergie positive pour la croissance verte » (TEPCV). En 2015, cet appel à projet a été remporté par 212 lauréats, cette année il sera étendu à 400.

La plupart des membres Tepos sont lauréats TEPCV mais tous les TEPCV ne sont pas des Tepos. La démarche Tepos est plus globale, c'est un projet politique autour de la transition énergétique (par exemple lutte contre la précarité énergétique, boucle économique vertueuse, renouveau démocratique). Le but du Tepos étant d'associer transition énergétique et développement local en faisant travailler ensemble plusieurs types d'acteurs (économiques, politiques et citoyens).

LTDE : Quelle est l'échelle de ces territoires ?

E.B. : Il n'y a pas d'échelle particulière, des communes, des communautés de communes ou leurs groupements peuvent être qualifiés de Tepos. La bonne maille territoriale pour un Tepos c'est quand il se passe quelque chose entre un groupe de personnes ou d'acteurs motivés et que les compétences se mélangent.

La mairie de Tramayes en Bourgogne ou le Thouarsais en Poitou-Charentes sont très avancés en termes de transition énergétique. Et  les régions Aquitaine, Bourgogne, Franche-Comté, Poitou-Charentes et Rhône-Alpes se sont aussi investies en lançant des appels à projet Tepos pour soutenir des collectivités sur leur territoire. La volonté politique qui se trouve derrière le ou les projets prime sur la taille de la structure. Cela peut donc aussi bien passer par les PETR [Pôles d'équilibre territoriaux et ruraux], les EPCI [Etablissement Public de Coopération Intercommunale] ou les collectivités.

LTDE : Quels sont les objectifs ?

E.B. : Il n'y a pas d'objectifs fixes, on ne souhaite pas faire un club sélectif. Certains territoires veulent devenir totalement autonomes en énergie (électricité, chaleur et mobilité) d'ici à 2030, d'autres se fixent 2050. Cela dépend des moyens dont ils disposent.

Certains objectifs sont plus atteignables que d'autres, l'autonomie en électricité est déjà une réalité sur des territoires. La commune du Mené en Bretagne produit plus de 100% de son électricité à partir de son parc éolien, de panneaux photovoltaïques et de biogaz. En revanche il est plus difficile de devenir 100% renouvelable et autonome en mobilité. Des efforts peuvent être faits sur les transports en commun, des communes tentent de modifier les usages de la voiture (auto-partage, incitation au vélo, meilleurs transports vers les gares...) mais il n'est pas possible de forcer les particuliers à ne pas prendre leur voiture.

LTDE : Quelles EnR ont le plus les faveurs des territoires ?

E.B. : Le type d'énergie renouvelable valorisé dépend du montant qui peut être investit au départ. Certaines collectivités mettent des panneaux photovoltaïques sur leurs bâtiments car il y a un retour sur investissement relativement rapide. C'est aussi une question de géographie, des régions se prêtent plus à certaines EnR que d'autres. En Champagne-Ardenne on a beaucoup d'éolien par exemple, dans les Landes on développe la biomasse car il y a des forêts. Cela dépend aussi des émulations des acteurs privés locaux et du contexte. Le Mené a développé une centrale de méthanisation car un groupe d'agriculteurs motivés et s'y connaissant a lancé le projet.

LTDE : Constate-t-on une évolution des mentalités allant dans le sens de la transition énergétique ?

E.B. : C'est une question de culture. L'ouverture du marché de l'énergie n'est réelle que depuis la fin des années 2000. Les acteurs publics, notamment les collectivités, ont vu leurs compétences évoluer et ont, depuis, un rôle à jouer dans la transition énergétique. Cela prend du temps, les élus ne sont pas toujours informés ou croient que c'est trop cher de participer à la transition énergétique. Tout dépend du contexte politique et économique du territoire.

Néanmoins, on compte aujourd'hui plus de cinquante collectivités dans le réseau Tepos contre six en 2011. Nos rencontres nationales annuelles nous aident à faire connaître les Tepos. Et la prise de position du gouvernement qui a, notamment, introduit le concept de Territoire à énergie positive [dans la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte en août 2015, ndlr], a fortement popularisé la démarche.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.