Réforme du Pacte de Stabilité : Lagarde sur la même ligne que l'Allemagne ?

Interrogée sur France Inter à propos des négociations en cours visant à infléchir les strictes règles de Maastricht qui fixent à 3% du PIB le déficit public et à 60% du PIB la limite de la dette souveraine pour les pays de la zone euro, la présidente de la Banque centrale européenne a rappelé leur inscription dans les intangibles Traités de l'UE. Tout en reconnaissant que l'on pouvait agir sur "les modalités d'interprétation". En somme, une ligne proche de celle de l'Allemagne.
Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne (BCE).
Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne (BCE). (Crédits : YVES HERMAN)

Oui, après 2023, quand le Pacte de stabilité budgétaire, suspendu aujourd'hui pour cause de pandémie, sera de nouveau en vigueur, les règles qui imposent aux États européens de ne pas dépasser 3% de déficit public ni 60% du PIB pour la dette publique "reviendront". Mais, "ce ne seront "certainement pas les mêmes règles".

Non, cette évolution des règles "très probable" ne rendra pas "caduque" la règle des 3%, ce sacro-saint critère de Maastricht. Ainsi répondait ce matin Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne (BCE), aux questions de Nicolas Demorand et Léa Salamé sur France Inter, dont elle était l'invitée.

Ces questions étaient posées dans le contexte des négociations européennes actuellement en cours sur le sujet: des propositions émanant tant des présidents Macron et Draghi que du FMI, de la BCE ou du MSE sont sur la table pour trouver un consensus parmi les États membres afin de modifier les critères encadrant la gestion financière des pays membres de l'euro (l'eurozone). Critères qui figurent dans le traité de Maastricht, l'accord qui avait créé la monnaie unique en 1992.

|Lire: Pacte de stabilité : les Européens cherchent des règles pour concilier rigueur et pragmatisme

Car pour faire face à la crise sanitaire, les États, pas seulement européens, retenant les leçons du passé, ont dépensé des sommes considérables afin de soutenir leurs économies; et les critères de stabilité, qui imposent donc un déficit public sous les 3% de PIB et une dette sous les 60%, mais aussi des trajectoires de retour à l'équilibre pour les États qui ont dépassé ces limites, ont volé en éclat...

Non pas supprimer les critères de Maastricht, mais les moduler

Alors faut-il assouplir les règles? La présidente de la BCE ne pense pas que le disparition de ces règles de 3% et 60% qui "sont inscrits dans des textes (et) qu'il faudrait modifier pour qu'ils disparaissent" -à l'unanimité des États membres- soit une bonne chose.

En revanche, dans le cadre de ces discussions qui ont débuté en octobre dernier, elle pense que l'Europe pourrait davantage agir sur "les modalités d'interprétations" des règles.

En ce sens, la présidente de la BCE semble sur la même ligne que le ministre allemand des Finances, le libéral Christian Lindner, qui disait cette semaine, à Bruxelles lors sa première réunion avec ses homologues de la zone euro:

"Je ne pense pas qu'on puisse de façon réaliste s'attendre à des changements fondamentaux sur les critères de dette et de déficit, pour lesquels il faudrait une modification des traités."

Mais il tempérait dans un sourire:

"Mais il peut y avoir des différences sur ce qu'on entend par consolidation budgétaire."

Le Maire et Macron veulent favoriser la croissance

Cette prise de position qui reste ancrée néanmoins sur le retour de la rigueur, laisse augurer des discussions difficiles sur la réforme du Pacte de stabilité engagée par la Commission depuis octobre.

En effet, dans le camp français, on n'est pas du tout sur cette longueur d'ondes. Paris, qui préside pour six mois le Conseil de l'Union européenne, veut, afin de préserver la croissance notamment de la France, transformer un système rigide, dogmatique, qui n'a pas apporté les bonnes réponses face aux précédentes turbulences économiques comme la crise financière de 2008 et de la dette européenne, notamment celle de la Grèce.

Ainsi, tandis que le ministre français de l'Économie Bruno Le Maire jugeait lundi dans un entretien aux Echos "obsolète" la règle sur les 60% de dette publique, le président Emmanuel Macron affirmait, lui, en décembre vouloir "repenser le cadre budgétaire", estimant que "la question n'est plus pour ou contre le 3%. Elle est dépassée".

(avec AFP)

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Commentaire 1
à écrit le 20/01/2022 à 20:55
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Excellente au ni Oui ni Non...Seule question: tout comme son collègue prof d'allemand Lemaire, on doute qu'elle connaisse l'arithmétique. Ce n'est pas une spécialité de juriste évidemment.

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