A la Fnac (et ailleurs), le travail du dimanche divise plus que jamais

Par Marina Torre  |   |  738  mots
Les syndicats majoritaires à la Fnac comptent s'opposer au projet d'accord sur l'extension du travail dominical et nocturne.
CGT, Sud et de FO, majoritaire à la Fnac s’opposent par principe à l’extension de l’ouverture dominicale. Ils rejettent un accord validé par une autre partie des représentants des salariés, au terme de longues tractations sur les détails du texte et en particulier sur les compensations. Les négociations se poursuivent aussi dans d’autres magasins.

Qui veut travailler le dimanche? Et surtout à quelles conditions? Dans le commerce, depuis le vote de la loi Macron en 2015, la question divise plus que jamais les salariés. Ceux de la Fnac particulièrement. D'autant plus que depuis les appels de son PDG d'Alexandre Bompard, puis la désignation des "zones touristiques internationales" (ZTI) où se trouvent toutes les adresses parisiennes de l'enseigne, "l'agitateur culturel" en est devenu l'un des symboles.

Chez ce dernier, s'ouvre une période de consultation de trois mois maximum au terme de laquelle les dispositions finales sur l'extension du travail dominical et nocturnes seront notifiées officiellement aux employés. Elles seront alors susceptibles d'être contestées. Ce qui devrait vraisemblablement se produire.

Oppositions de principe

En effet, pour l'heure, le projet issu de plusieurs mois de négociations bénéficie du soutien de trois syndicats: CFDT, CFTC et CFE-CGC, qui ont annoncé leur intention de le parapher ce 20 janvier. Il s'agit de syndicats minoritaires qui représentent 30% des suffrages lors des dernières élections professionnelles. De leur côté, CGT, FO et Sud, qui eux sont majoritaires, ont rappelé dans la foulée leur opposition catégorique.

"Nous ne discutons pas des détails, nous sommes opposés au principe même de l'ouverture du dimanche", indique ainsi à la Tribune Catherine Gaigne, représentante SUD.

D'autres représentants à la CGT et FO ont signalé leur intention de s'opposer formellement à l'accord. Parmi les motifs de rejet invoqués figure entre autres la crainte d'une "précarisation des salariés" en cas de recours à davantage de travail à temps partiel, les doutes sur la réalité du volontariat notamment pour les salariés extérieurs (sécurité, intérimaires etc.) ou encore, l'impact sur la répartition du travail pendant le reste de la semaine en raison de l'augmentation prévisible du nombre de jours de compensation.

Quelles compensations?

Ces jours de compensation ainsi que les majorations salariales ont déjà fait l'objet d'âpres négociations. La dernière mouture de l'accord prévoit que, dans les zones concernées, la rémunération serait triplée pour 12 dimanches où l'activité est la plus forte sur 52 et doublée pour les 40 autres. Pour les 12 dimanches en question, serait laissée au salarié la possibilité de choisir entre le versement de cette majoration dans son intégralité ou bien l'obtention d'un jour de repos supplémentaire et d'une compensation salariale de laquelle une journée de salaire serait déduite.

Pour rappel, un autre élément entre en jeu: la localisation des magasins, deux cas de figures se présentent avec des modalités différentes. Soit ils sont situés dans une "zone touristique internationale" ou tout autre zone commerciale autorisée à ouvrir ses portes 52 dimanches par an. Soit ils se trouvent hors de ces zones et ne pourront donc être ouverts que 12 dimanches par an au maximum (les "dimanche du maire") - à la place de 5 avant la loi Macron. Dans ce dernier cas, une majoration de 100% ainsi qu'un jour de repos compensateur sont prévus.

Oui chez Zara, non au BHV

Que ce soit pour des questions de majorations salariales, de repos compensateurs ou plus largement sur le principe même d'une extension de la semaine de travail, le sujet divise aussi ailleurs. Ainsi un accord portant sur le travail dominical et nocturne a-t-il été validé fin décembre chez Inditex (Zara, Bershka etc.) où la CFDT est majoritaire.

De même, chez Darty, que le groupe Fnac est en passe d'acquérir, la direction a annoncé un accord en octobre. Mais celui-ci a rapidement été contesté par le Clic-P, collectif parisien qui s'oppose depuis plusieurs années à l'extension des ouvertures dominicales et nocturnes des magasins.

Les clients viendront-ils?

Le sujet est toujours en discussion chez Apple, dont plusieurs magasins sont situés dans des ZTI. Là, il a été question d'une majoration de 50% puis 65% ainsi qu'une prise en charge des frais de garde d'enfants à hauteur de 400 euros. Dans les grands magasins, faute d'accord de branche, chaque entreprise proposera sa mouture. L'une d'elle a déjà été rejetée au BHV...

Autant dire que le travail du dimanche devrait encore rester un sujet de débat dans les prochains mois. Ce d'autant plus que si la fréquentation touristique ne se relève pas, des magasins ouverts mais sans clients peineront à créer les nouveaux emplois tant espérés.