
Rendez-vous en boutique pour les clients de Gap France. L'activité du site internet de l'enseigne de prêt-à-porter est, en effet, « momentanément » stoppée, sans plus de précision quant à la durée. Ce, « pour garantir une qualité de service suffisante », est-il indiqué sur la page d'accueil.
« Cela fait environ une semaine que l'activité de vente en ligne est fermée », précise à l'AFP Brayan Brandao, délégué syndical CFDT de Gap France, qui emploie quelque 350 personnes.
Le syndicaliste a en outre confirmé une information de Capital selon laquelle l'un des magasins parisiens de l'enseigne, situé avenue des Ternes dans le 17e arrondissement, allait fermer d'ici fin mars. « Le loyer arrivait à échéance début janvier. Il y a eu une réévaluation par le propriétaire qui l'a fait passer du simple au double et Gap France a décidé de se retirer car le loyer devenait trop important par rapport au chiffre d'affaires », explique Brayan Brandao.
Contactée ce mardi 21 février matin par l'AFP, la maison mère de Gap France, Hermione People & Brands, n'était « pas en mesure de confirmer ou d'infirmer ces informations » dans l'immédiat.
Gap France fait partie de la galaxie de marques reprises par Michel Ohayon. L'homme d'affaires bordelais l'avait rachetée en 2021 pour un euro symbolique. Ce dernier, qui a fait fortune dans l'immobilier avant de racheter des enseignes de distribution - comme Camaïeu, Go Sport, Gap France ainsi qu'une vingtaine de magasins Galeries Lafayette hors de Paris - est dans la tourmente depuis des semaines. Pour rappel, Camaïeu a été brutalement liquidé en septembre, laissant quelques 2.600 salariés sur le carreau. Le tribunal de commerce de Grenoble a placé en redressement judiciaire Go Sport en février. Et les salariés de Gap France ont exercé un droit d'alerte économique.
Gap France entraînée par Go Sport
En raison de ce contexte, « il y a énormément d'inquiétude de la part des collaborateurs », a commenté Brayan Brandao. Il rappelle que le destin de Gap France est « lié à Go Sport », le distributeur sportif l'ayant rachetée mi-janvier pour un montant de 38 millions. Mais cette opération et le « manque de transparence » de la part de la direction inquiètent les 350 salariés de Gap France. Michel Ohayon a assuré dans une interview à Challenges fin janvier que « tout a été effectué dans le cadre de la loi », alors qu'une enquête a été ouverte pour des soupçons d'abus de bien social. « Les transferts financiers entre une société mère et ses filles sont légaux », a-t-il indiqué.
Les éventuels repreneurs de Go Sport et/ou de Gap France ont jusqu'au 10 mars pour faire part de leur intérêt, date limite de dépôt des offres de reprise. Dans une interview dans Sud Ouest vendredi dernier, Michel Ohayon s'est montré pessimiste sur l'avenir de Go Sport. La maison mère a fait appel de la décision du tribunal de commerce de Grenoble de placer l'enseigne en redressement judiciaire, mais il estime qu'elle sera vendue « avant », avec des dégâts en termes d'emploi.
« On a déstabilisé Go Sport à cause de Camaïeu. Alors que la société allait en 2023 faire ses premiers bénéfices en 17 ans, les salariés n'ont pas fait confiance aux dirigeants (...) C'est une erreur qui va provoquer de la casse sociale et entraîner dans le même mouvement Gap. Une mise en sauvegarde aurait suffi », a déclaré Michel Ohayon, sur la défensive.
La holding de tête aussi en redressement judiciaire
Hermione Retail, l'entité dans laquelle sont regroupées une vingtaine de magasins Galeries Lafayette de régions contrôlés par Michel Ohayon, a demandé en fin de semaine précédente son placement en procédure de sauvegarde. Cette dernière s'adresse aux entreprises dont la trésorerie n'est plus suffisante pour régler leurs dettes mais qui ne sont pas encore en cessation de paiement.
Même la Financière immobilière bordelaise (FIB), holding de tête de Michel Ohayon, a été placée en redressement judiciaire, à sa demande. C'est avec cette société que ce fils de marchand de tissus, arrivé en Gironde enfant depuis le Maroc, a bâti un vaste empire commercial et immobilier à partir des années 1980. Elle inclut plusieurs palaces hôteliers, dont le Grand Hôtel de Bordeaux.
Dans son interview à Sud Ouest, l'homme d'affaires avait affirmé que la FIB a seulement été placée « sous la protection du tribunal » mais les documents enregistrés au greffe font bien état d'un redressement judiciaire prononcé mercredi dernier, avec une cessation de paiements au 7 février. Plusieurs filiales de la FIB ont aussi été placées en redressement faute, notamment, d'avoir remboursé 200 millions d'euros d'emprunts contractés auprès de Bank of China.
(Avec AFP)
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