Après Camaïeu et Go Sport, les employés de Gap tirent la sonnette d'alarme

Les employés élus de Gap France ont utilisé leur droit d'alerte vendredi pour obtenir des informations sur la situation de leur entreprise, rachetée en 2021 pour un euro par le groupe HPB (Hermione, People & Brands), qui a ensuite annoncé la revendre à Go Sport.
Laurent Lequien
(Crédits : Lucas Jackson)

Lors d'un comité social et économique central (CSEC), les employés de Gap France ont suivi l'exemple de ceux de Go Sport, qui avaient demandé en décembre la nomination d'un administrateur judiciaire dans le cadre d'une procédure de droit d'alerte économique.

Un expert mandaté par le CSEC aura deux mois pour enquêter sur la situation économique de l'entreprise et rendre son rapport. Cette opération et le manque de transparence de la part de la direction inquiètent les 350 employés de Gap France, alors que Groupe Go Sport, la holding de l'enseigne spécialisée dans le sport, a été déclarée en redressement judiciaire mi-janvier par le tribunal de commerce de Grenoble.

Les syndicats et le comité social et économique central (CSEC) de Go Sport se sont alarmés ces derniers mois de remontées d'argent significatives vers la maison mère HPB (Hermione, People & Brands), l'entité qui rassemble les activités de distribution rachetées par Michel Ohayon. Le parquet de Grenoble a confirmé mi-janvier avoir ouvert une enquête pour « abus de bien social » concernant Go Sport depuis novembre, car "les commissaires aux comptes (ont) transmis plusieurs révélations de faits délictueux".

Go Sport et Gap, deux enseignes aux destins liées

Michel Ohayon, l'homme d'affaires bordelais propriétaire de l'enseigne Go Sport placée mi-janvier en redressement judiciaire, a assuré dans une interview à Challenges mercredi que « tout a été effectué dans le cadre de la loi », alors qu'une enquête a été ouverte pour des soupçons d'abus de bien social. « Les transferts financiers entre une société mère et ses filles sont légaux, tout a été effectué dans le cadre de la loi », a assuré le dirigeant.

Le parquet de Grenoble a confirmé mi-janvier avoir ouvert dès novembre une enquête pour « abus de bien social » concernant la société Go Sport, « les commissaires aux comptes (ayant) transmis plusieurs révélations de faits délictueux », avait indiqué le parquet, sans plus de précision. Les syndicats et le CSEC de Go Sport se sont alarmés ces derniers mois de remontées d'argent significatives vers la maison mère HPB, l'entité qui rassemble les activités de distribution rachetées par Michel Ohayon.

Une première, de près de 18 millions d'euros, aurait servi à payer les salaires de l'entreprise de prêt-à-porter Camaïeu - qui appartenait également à HPB - juste avant sa liquidation début décembre.

Une seconde, de 36 millions d'euros de trésorerie, correspond selon HPB au rachat par Go Sport d'une autre entité appartenant à HPB, Gap France.

« Nous avions prévu de regrouper les deux enseignes », a assuré Michel Ohayon à Challenges.

Il affirme encore que « Gap n'a pas été rachetée mais créée de toutes pièces lorsque le groupe américain nous a accordé la master franchise pour la France et plusieurs pays d'Europe. Pour la fusionner avec Go Sport, après accord de l'Autorité de la concurrence, nous avons déterminé sa valeur de marché, sur la base de deux rapports d'expertise ».

Michel Ohayon a en outre annoncé que Wilhelm Hubner, président associé de HPB, était « un développeur, mais pas un redresseur, la qualité qui aurait été essentielle dans cette phase ». « Nos chemins vont devoir se séparer », a-t-il encore affirmé.

Groupe Go Sport, la holding de l'enseigne spécialisée dans le sport, a été déclaré mi-janvier en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Grenoble, qui a constaté « son état de cessation de paiements ». Le tribunal a fait la distinction avec Go Sport France, qui rassemble les magasins du groupe et n'est elle pas en état de cessation de paiement.

« Sa situation sera impactée par celle de sa société-mère », a toutefois indiqué le parquet, et les syndicats craignent que Go Sport France soit également placée en redressement judiciaire prochainement.

 (avec agences)

Laurent Lequien

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Commentaire 1
à écrit le 28/01/2023 à 8:54
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Pourtant ici, tout le monde vantait le système Ohayon. Même dans son secteur d'origine de BTP, il est mis en cause.(Cf affaire de Marseille).

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