Alimentation : les prix alimentaires devraient encore augmenter de 2 à 3% après les négociations entre industriels et distributeurs

L'anticipation cette année de la date butoir fixée par la loi a accru les tensions. Tous les contrats n'ont pas encore été signés. Mais selon les premières estimations, les prix d'achat en gros ont crû de 2-3%.
Giulietta Gamberini
« Hier soir, sur l'ensemble des négociations concernées par la date limite du 31 janvier, le taux de signature de nos adhérents était de 40% en moyenne. Ce matin, on est peut-être arrivé à 50% », s'inquiète Richard Panquiault, président de l'Institut de liaisons des entreprises de consommation (Ilec), qui représente une centaine d'entreprises détenant deux tiers des marques vendues en grandes surfaces alimentaires.
« Hier soir, sur l'ensemble des négociations concernées par la date limite du 31 janvier, le taux de signature de nos adhérents était de 40% en moyenne. Ce matin, on est peut-être arrivé à 50% », s'inquiète Richard Panquiault, président de l'Institut de liaisons des entreprises de consommation (Ilec), qui représente une centaine d'entreprises détenant deux tiers des marques vendues en grandes surfaces alimentaires. (Crédits : JIM VONDRUSKA)

Le clap de fin officiel a sonné cette nuit à minuit. Pendant que le gouvernement et les syndicats agricoles essayaient de trouver une sortie de crise face à la révolte des agriculteurs, les distributeurs et leurs fournisseurs tentaient de conclure leurs négociations annuelles sur les marques nationales, dont la date d'arrêt cette année est fixée par la loi au 31 janvier.

Lire aussiÉcologie : le gouvernement fait marche arrière pour calmer les agriculteurs

Dans un contexte extrêmement tendu en raison de la guerre des prix entre distributeurs, ravivée par l'inflation, tous n'y sont pas parvenus.

« Hier soir, sur l'ensemble des négociations concernées par la date limite du 31 janvier, le taux de signature de nos adhérents était de 40% en moyenne. Ce matin, on est peut-être arrivés à 50% », s'inquiète Richard Panquiault, président de l'Institut de liaisons des entreprises de consommation (Ilec), qui représente une centaine d'entreprises détenant deux tiers des marques vendues en grandes surfaces alimentaires.

Le taux de signature serait néanmoins un peu plus élevé, de 65%, en excluant les entreprises qui négocient avec des centrales d'achat européennes, précise le président de l'Ilec, qui reproche à ces dernières de se soustraire au droit français et donc à la date butoir. Et les situations sont très diverses : si avec certains distributeurs ce taux peut monter à plus de 70%, avec d'autres il n'est que de 15%, souligne-t-il.

Les négociations vont donc sans doute continuer quelques jours, bien qu'en retard par rapport à ce qu'impose la loi. Sauf cas extrême, aucune des parties n'a en effet intérêt à rompre la relation commerciale, estime Richard Panquiault.

Une « petite inflation »

A ce stade, tout bilan est donc prématuré. Mais sur le fondement du premier round des négociations, dont la date limite était fixée le 15 janvier, et des premiers retours de terrain de hier soir, l'Ilec prévoit une augmentation moyenne des tarifs d'achat des produits alimentaires par les distributeurs de 2 à 3%. Jacques Creyssel, directeur général de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD), avance le même chiffre: une « petite inflation » qui correspond à ce que distributeurs comme industriels avaient déjà prévu en début d'année.

Ce qui ne signifie pas que ce sera aussi l'augmentation des prix en rayon, qui sont fixés par les distributeurs en fonction de leurs stratégies commerciales.

« Mais cela ne sera pas très différent », affirme Jacques Creyssel, pour qui « les marges de manœuvre des distributeurs sont très limitées ».

Quelques produits « à base de blé, de volaille, d'huiles ou certaines variétés de café » devrait néanmoins connaître des baisses, a estimé Richard Panquiault.

Une anticipation de l'inflation pour certains produits

Un bilan exhaustif ne sera possible que dans un mois, selon le président de la FCD. Mais celui provisoire vient quand même relativiser l'impact de l'anticipation de la fin des négociations -normalement fixée au 1er mars - voulue cette année par le ministère de l'Economie dans l'espoir de répercuter plus vite en rayon la baisse des cours de certaines matières premières. Pour certaines catégories en forte hausse, comme le chocolat, le résultat pourrait même être opposé : une anticipation de l'inflation, souffle une source de la grande distribution.

Ces temps plus restreints ont en revanche sans doute contribué à augmenter la tension. Et l'insistance du ministère de l'Economie, pendant les derniers mois, sur la nécessité de préserver le pouvoir d'achat alimentaire des Français, « a été instrumentalisé par les distributeurs », dénoncé le président des Association des entreprises de produits alimentaires élaborés (l'Adepale), Jérôme Foucault.

Pour ses adhérents, dont 60% ont dû concéder des baisses et les restants ont obtenu des prix « insuffisants pour financer la transition énergétique et les investissements », « les négociations s'achèvent dans la douleur ». Nombre d'entre eux ont dû accepter des réductions de leurs plans d'affaires. Dans le dernier sondage interne effectué par l'association en début de semaine, 80% des répondants estiment que, contrairement à ce qui est prévu par la loi, la matière première agricole « n'a pas été entièrement sanctuarisée » dans les négociations commerciales cette année. Ils constatent un recul par rapport aux années précédentes.

Lire: Prix alimentaires : l'impossible application des lois Egalim pour les agriculteurs

Giulietta Gamberini
Commentaires 18
à écrit le 02/02/2024 à 16:48
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flute moi qui croyait en ayant Edouard Leclerc sur les plateaux de télé qu il y aurait baisse des prix .a moins qu ils nous prennent pour des lapins de huit jours .

le 03/02/2024 à 20:37
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Voyons les bons côtés avec toutes ces augmentation et la diminution des salaires, les produits vont se rarefier dans les rayons des super marche car ils ne seront plus achetés...

à écrit le 02/02/2024 à 14:49
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Ouais en fait ils discutent non pas du prix réel, mais des marges ! du coup en plus de manger des produits pas terrible, aujourd'hui ils valent autant que ce que l'on pouvait manger il y a 20 ans, ce sont juste les marges qui changent, pas la disponi...

le 02/02/2024 à 17:39
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@Gonzague. C'est ça! Le "Crony Capitalism" à la française😉

le 03/02/2024 à 20:40
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Juste dommage que les agriculteurs ne veulent pas faire gagnant gagnant avec nous... Ils refusent de nous vendre à moins cher en directe et derrière se plaignent que les magasins leur achètent pour rien. Alors qu'ils pourraient nous vendre à un prix ...

à écrit le 02/02/2024 à 10:39
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A la question « Est-il possible de rémunérer correctement les agriculteurs sans augmenter encore les prix ? » la réponse est OUI à condition que les industriels et la grande distribution fassent de petits efforts. Par contre la disparition d’un certa...

le 02/02/2024 à 14:26
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Il s’agit simplement d’augmenter les salaires, en commençant par les grilles des salariés modestes, (disons ceux en dessous du salaire médian 2000€). Possible ? La réponse est OUI si les boomers et les cadres consentent à faire de petits efforts.

le 02/02/2024 à 14:51
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Ben avec tous les divers chèques balancés par l'"helicopter money", les "indigents" (les assistés professionnels) devraient avoir encore un peu de marge. Sinon, ils peuvent aussi revoir leur mode de consommation ou penser à la valeur travail qui offr...

à écrit le 02/02/2024 à 9:28
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C'est normal, le cartel formé par les industriels, l'Etat et les distributeurs ont le même interet... C'est une prébende qui fait semblant de se renvoyer la balle ce qui leur fait gagner du temps... enfin de l'argent, ce qui est la même chose dans ce...

à écrit le 02/02/2024 à 9:27
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"encore augmenter de 2 à 3%" et pareil en 2025 2026 2027 ? Les valeurs sont en moyenne, mais selon notre "panier" ça ne sera pas la valeur indiquée, qui est globale. 10 produits à +20% et 90 produits à +0% ça fait 2% en moyenne, mais parfois on n'ac...

à écrit le 02/02/2024 à 9:21
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Ici, le gvt a promis que les prix ne depasseraient pas 3% sur l'exercice 2023. Promesse tenue 2,6%. Quand on veut ou peut. Autre pays, autres moeurs. Ceci, pose, ca n'empeche pas les gens de critiquer. Comme quoi, meme au bout du monde un homme re...

le 02/02/2024 à 10:38
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@matins calme les magouilles comptable du 2,6 je n'y crois pas pour le smicard il faut surtout VOIR le prix du panier alimentaire apres les cadeaux aux agriculteurs cela va encore augmenter .Bon à savoir l'abattement des droits de succession des a...

à écrit le 02/02/2024 à 8:07
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ce qui est interessant a regarder, c'est la deformation de la consommation; certaines boites devraient commencer a le sentir passer

à écrit le 02/02/2024 à 7:45
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Il y en aura beaucoup plus si seuls les produits français sont autorisés à la vente. Grâce à la population elle-même . Vous n'avez rien a reclamer.

à écrit le 02/02/2024 à 7:42
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Il y en aura beaucoup plus si seuls les produits français sont autorisés à la vente

à écrit le 02/02/2024 à 7:14
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Nos dirigeants sont nuls.

à écrit le 02/02/2024 à 7:06
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Faux Le responsable des grandes marques et industriels, a dut hier acla radio, que les prix seront stables voir -1% Ce sont donc oes distributeurs qui vont augmenter les prix

à écrit le 02/02/2024 à 6:40
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Bonjour, depuis 2 ans la hausse alimentaire est autour de 25% , voir plus et les salariés n'augmente pas... Merci Mr macron. Inutile de nous expliquer que cela vient d'Ukraine, s'est faut... Donc. vous aller ratifié l'accords de libre échange a...

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