La startup Be Player One veut rendre le numérique accessible aux handicapés

La jeune pousse nancéienne veut donner aux personnes handicapées un accès facilité aux contenus numériques, en éliminant les discriminations rencontrées sur les sites web et dans l'industrie du jeu video. « Le secteur de la HandiTech peut être un investissement à la fois rentable et porteur de sens », affirme le fondateur Maxime Viry.
Maxime Viry, président de Be Player One, s'est spécialisé dans l'adaptation des sites web et des jeux video pour les personnes handicapées.
Maxime Viry, président de Be Player One, s'est spécialisé dans l'adaptation des sites web et des jeux video pour les personnes handicapées. (Crédits : DR)

« La genèse de mon entreprise, c'est ma propre situation. Je vis avec un handicap qui m'a toujours dérangé dans mon accès au numérique, notamment aux jeux vidéo. J'ai connu cette frustration jusqu'à ce que je me décide, adulte, à créer mes propres solutions », raconte Maxime Viry, fondateur de Be Player One.

Deux ans après la création de la startup à Nancy, Maxime Viry s'accorde un rapide flash-back mais enchaîne très vite sur l'avenir. L'entreprise qu'il préside a déjà levé 2 millions d'euros en financements non dilutifs (banques, France Active, Conseil régional du Grand-Est) depuis 2021. L'ouverture du capital est prévue à la fin du premier semestre 2023. « Nous nous sommes adressés à des fonds d'investissement à impact pour lever les 2 millions d'euros dont nous avons besoin », explique le créateur. Les financements doivent servir à accélérer la croissance de cette entreprise, hébergée dans l'incubateur Grand Nancy Innovation et spécialisée dans l'accessibilité numérique.

L'activité de Be Player One repose sur deux familles de produits et de services. Les équipes nancéiennes (24 salariés) interviennent en audit, en conseil et en formation sur la mise en accessibilité des sites web et des applications mobiles de leurs clients. Ces missions contribuent de façon majoritaire au chiffre d'affaires (350.000 euros en 2022) de Be Player One. L'offre s'adresse à toutes les entreprises soumises à l'obligation légale du référentiel général d'amélioration de l'accessibilité (RGAA). Parmi ses références, Be Player One cite le groupe EDF, Axa, Fnac Darty et l'Université Paris Dauphine-PSL.

La deuxième activité, commercialisée sous la marque AGFirst, consiste à accompagner l'industrie du jeu video et les ergothérapeutes dans leur prise en compte de l'inclusivité. « Les joueurs qui souffrent d'un trouble de déficit de l'attention (TDAH) ont une charge mentale qui s'élève très rapidement. Nous intégrons dans les jeux des fonctions qui masquent des effets d'arrière-plan, pour que ces personnes se concentrent sur les éléments importants. Nous avons mis au point un affichage pour les joueurs malentendants avec des flèches qui indiquent la provenance de sons tels que les effets de grenades. Dans les jeux de voitures, nous intégrons une fonction qui interdit la sortie de route du véhicule », détaille Maxime Viry.

Du hardware adapté

Parmi ces projets, Maxime Viry cite le jeu de stratégie Dofus publié par l'éditeur français Ankama, et certaines applications d'Ubisoft. Be Player One a participé à la mise au point de 70 fonctions d'accessibilité dans le jeu d'aventure "God of War" produit par Sony. « On n'a pas le droit d'entrer dans le code des studios de création de jeux video. Cette industrie évolue dans l'obsession du secret. Nous leur fournissons tous les éléments pour comprendre le handicap et nous apportons des ressources », précise Maxime Viry.

La levée de fonds présentée comme imminente permettra de développer un nouveau modèle de licence et de distribution (SaaS) pour cette activité. « Nos prestations seront désormais vendues sur abonnement », annonce Maxime Viry. L'entreprise vise 300 % de croissance par ce biais en 2023 et prévoit de porter ses effectifs à 60 salariés.

Pour établir un lien avec les utilisateurs finaux, Be Player One commercialise déjà en direct, sous la marque AGFirst, une gamme de périphériques adaptés au "Handigaming". Le catalogue comprend des joysticks analogiques compacts "Easyclick" qui se glissent dans le creux de la main ou au poignet des joueurs à mobilité réduite. Le contacteur tactile capacitif "Slide" a été mis au point pour des joueurs à la force très limitée. Le "Fantastick" est un mini joystick hypersensible, utilisable aussi comme souris d'ordinateur. Tous ces périphériques sont vendus entre 50 euros et plus de 300 euros.

« Le secteur de la HandiTech peut être un investissement à la fois rentable et porteur de sens », a exposé Maxime Viry dans une tribune publiée en janvier 2023 sur ses réseaux sociaux. « Depuis 2017, en France, 97 % des sites marchands présentent encore au moins un point bloquant pour les personnes handicapées. Il y a urgence à appréhender ce marché colossal en prenant en compte ses attentes, ses besoins et ses usages spécifiques », assure l'entrepreneur. « J'aime à penser que nos fonds d'investissement et business angels en ont peut-être assez de ne pouvoir miser que sur un énième logiciel de dématérialisation comptable, sur une nouvelle idée lumineuse, mais qui n'a pas encore trouvé son public. Avec le handicap, le marché existe, la demande est forte, la concurrence faible, et la prise de risque, de fait, extrêmement limitée », estime Maxime Viry.

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