Nouvelle dégringolade en Bourse pour Orpea, sous la menace d'un scandale financier

Le titre d'Orpea chutait de plus de 18% ce mercredi après les révélations de Mediapart et du collectif de journalistes Investigate Europe sur les liens entre le groupe privé de maisons de retraite et une société luxembourgeoise qui investissait dans ses résidences et qui aurait procédé à des "opérations douteuses".
Orpea a perdu plus de 60% de sa valeur, soit la pire chute de l'indice SBF 120.
Orpea a perdu plus de 60% de sa valeur, soit la pire chute de l'indice SBF 120. (Crédits : STEPHANE MAHE)

Orpea n'en finit plus de chuter. Le titre du groupe privé de maisons de retraite clôturait à 27,34 euros, soit une baisse de 18,70%, après avoir touché un plus bas à 24,22 euros. Une nouvelle dégringolade après celle vertigineuse que connaît le groupe depuis le début de l'année : il a ainsi perdu plus de 60% de sa valeur, soit la pire chute de l'indice SBF 120.

En cause, de nouvelles révélations, cette fois-ci de Mediapart et du collectif de journalistes Investigate Europe selon lesquelles Orpea risque un "scandale financier" à cause d'une société luxembourgeoise qui investissait dans ses résidences et qui aurait procédé à des "opérations douteuses". Selon le média d'investigation et le collectif, la holding luxembourgeoise Lipany, créée en 2007, a "accumulé 92 millions d'actifs", "principalement des parts dans de nombreux Ehpad et cliniques gérés par Orpea" dans plusieurs pays d'Europe, dont la France, et "mené des opérations financières douteuses". Lipany appartient, selon Mediapart, à Roberto Tribuno, un comptable et conseiller fiscal qui a été le patron d'Orpea en Italie. Cette holding "ne fait presque aucun bénéfice et n'a jamais distribué de dividendes", ses activités sont "entièrement financées par la dette", de manière "pour le moins opaque", affirme-t-il.

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"La justice est saisie"

Dans un bref communiqué transmis à l'AFP, la direction d'Orpea a indiqué ne pas pouvoir faire de commentaire, "la justice étant saisie": l'entreprise rappelle qu'elle a récemment déposé plainte contre X pour abus de biens sociaux, auprès du parquet de Nanterre (Hauts-de-Seine). Cette "plainte contre personnes non dénommées" porte sur "des faits et des opérations passés - sans aucun lien avec les conditions d'accueil et de soins des résidents - susceptibles de poser question au regard de l'intérêt social d'Orpea et découverts à la suite d'investigations internes", a expliqué le groupe le 2 mai dernier. Les faits seraient relatifs à "des partenariats capitalistiques ou des opérations économiques", a-t-on précisé de source proche de la direction.

Soucieuse de "faire toute la lumière sur les accusations portées contre le groupe" depuis la parution du livre-enquête Les Fossoyeurs de Victor Castanet, la direction ajoute ce mercredi avoir "décelé des faits potentiellement délictueux, qui mettent en cause des comportements individuels". Orpea souligne également avoir pris "de premières mesures disciplinaires, plusieurs personnes ayant déjà quitté l'entreprise". Le groupe évoque nommément le cas de l'ancien directeur financier Sébastien Mesnard, qui selon Mediapart était en "étroite coopération" avec Lipany. "Sébastien Mesnard ne travaille plus pour la société et n'a plus d'accès à sa messagerie", a affirmé la direction dans son communiqué. "Nous poursuivons nos investigations et nous prendrons toutes les mesures et sanctions qui s'avèreront nécessaires", a-t-elle ajouté, rappelant que "ces faits ne concernent en rien l'accueil et les soins des résidents".

Orpea fait également l'objet d'une enquête ouverte à Nanterre, fin avril, sur des soupçons de maltraitance institutionnelle ou d'infractions financières. D'autres investigations sont en cours depuis février, pour "faux et usage de faux et infraction à la législation sur le travail en recourant abusivement à des contrats à durée déterminée".

Un avenir économique incertain

Orpea est considérablement ébranlée depuis la sortie du livre les Fossoyeurs. Pour tenter d'assurer son avenir économique très incertain, le groupe a signé début mai un accord avec ses banques afin d'assurer son financement.  Il "répond au contexte actuel d'incertitudes qui pèse sur Orpea, ainsi qu'à un accès fermé aux marchés financiers et au ralentissement du programme de cessions d'actifs initialement envisagé", avait-il expliqué. Le groupe présent dans 23 pays et qui gère plus de 350 établissements pour personnes âgées dépendantes en France a vu son bénéfice net chuter de 59,3% par rapport à 2020, à 65,2 millions d'euros, en raison notamment d'une provision de 83 millions d'euros "pour risques et charges relatives aux risques estimés au titre des années 2017-2021 suite aux enquêtes administratives" dont le groupe a fait l'objet. S'il se dit "confiant sur la dynamique de croissance" de son chiffre d'affaires 2022, il n'a pas publié de prévisions chiffrées et ne versera pas de dividende au titre de l'exercice 2021. Pour l'année en cours, Orpea s'attend en effet "à faire face à des charges exceptionnelles liées à la gestion de la crise et de ses conséquences" et prévoit que sa rentabilité soit affectée par la hausse de l'inflation qui impacte "les coûts de l'énergie et les salaires dans certains pays".

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Commentaires 2
à écrit le 19/05/2022 à 8:27
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On demoli des secteurs entier de l'economie pour des raisons xyz....pour le climat, pour les emissions de co2, pour la maltraitance humaine ,animale,couleur de peau, sexe . Quand tout sera demoli , qui va reconstruire STOP a toutes ces lubies pas tou...

le 19/05/2022 à 12:33
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quand une entreprise subit un choc d'organisation et que l'on remplace le n1 par le n 2 c'est qu'il y a bon nombre de chose a dissimuler

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