Les éditeurs de jeux vidéo négocient le virage du numérique

Electronic Arts, Activision et Ubisoft réussissent leur mutation, sur un marché qui fait désormais la part belle aux jeux sur les réseaux sociaux et sur les mobiles, plutôt que sur les consoles.
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Face à l'essor fulgurant des jeux sur les réseaux sociaux et sur les appareils mobiles, tels que « Farmville » et « Angry Birds », les éditeurs de jeux vidéo traditionnels pour consoles doivent se livrer à un véritable changement de modèle économique. Ce qu'ils font avec succès. Les résultats publiés ces dernières semaines en témoignent. L'américain Electronic Arts (EA) s'est enorgueilli d'un bond de 46 % des ventes dans les jeux numériques, comme « Fifa Superstars », qui pèsent désormais 833 millions de dollars, soit 22 % de son activité (exercice 2010-2011, clos à fin mars). L'ancien actionnaire du français Ubisoft compte dépasser le milliard de dollars dans ce domaine dès cette année. Chez Ubisoft, les revenus des jeux en ligne, tels que « CSI : Crime City », ont doublé, à un niveau certes plus modeste (38 millions d'euros), au cours de l'exercice écoulé, et devraient à nouveau connaître « une forte croissance » en 2011-2012.

Le cas d'Activision, filiale de Vivendi, est un peu différent. Le premier éditeur mondial mise sur les jeux de rôle en ligne massivement multijoueurs, dont « World of Warcraft » (WoW), aux 12 millions d'abonnés. Un pari réussi : au premier trimestre, les ventes d'Activision dans les jeux dématérialisés ont bondi de 30 %, à 378 millions de dollars, soit plus de la moitié du chiffre d'affaires global du groupe. Activision a même décidé, voici trois mois, de mettre fin à son jeu sur console « Guitar Hero », afin de se concentrer sur « WoW », autrement plus porteur.

Opération séduction

Au total, qu'il s'agisse de jeux sur réseaux sociaux, sur mobiles ou bien de jeux en ligne massivement multijoueurs, les jeux dématérialisés devraient représenter près des deux tiers du marché mondial des jeux vidéo en 2014, contre déjà 38 % en 2010, selon l'Idate. Si ces jeux numériques connaissent un tel succès, c'est bien sûr grâce à l'engouement des consommateurs pour les réseaux sociaux, pour les smartphones et les tablettes. Mais pas seulement. Très ludiques et addictifs, ces jeux séduisent un public bien plus large que les accros aux jeux classiques, en particulier les femmes. De plus, nombre d'entre eux fonctionnent sur le principe du « free to play » : l'accès au jeu est gratuit, l'éditeur se rémunère via la publicité et via les micropaiements effectués par les joueurs pour acheter des biens virtuels, comme les vaches et cochons de Farmville.

Les éditeurs traditionnels comme EA et Ubisoft pouvaient d'autant moins se permettre de rester les bras croisés que de toutes jeunes sociétés telles que l'américain Zynga ont pris une longueur d'avance sur ce marché. Fondé en 2007, l'éditeur de « Farmville » vaut aujourd'hui près de 10 milliards de dollars, selon le « Wall Street Journal ». Alors qu'EA pèse moins de 8 milliards à Wall Street. À défaut de pouvoir se permettre d'acquérir Zynga, EA pourrait se tourner vers Rovio afin de poursuivre son développement dans les jeux dématérialiés, comme il l'avait fait fin 2009 avec Playfish, racheté pour 300 millions de dollars. Le finlandais Rovio, éditeur du célèbre « Angry Birds », ne vaut encore « que » 200 millions de dollars, selon les analystes.

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