Coup de froid sur le secteur de la musique vivante

Après le disque, c'est au tour du spectacle musical de broyer du noir. Ses recettes de billetterie ont baissé de 5% en 2010, à 600 millions d'euros.
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Avec quelques années de retard sur le secteur du disque, celui du spectacle vivant (les concerts essentiellement) marque à son tour le pas. Selon les chiffres du CNV sur la diffusion des spectacles et de variétés et de musiques actuelles, les recettes de billetterie ont baissé de 5% en 2010 (sans compter les cabarets). Après une hausse de 61% de 2005 à 2009, c'est une douche froide qui s'abat sur ce secteur qui, moins connu que son cousin du disque, pèse tout autant économiquement avec un chiffre d'affaires de 600 millions d'euros. Reste que ce résultat n'est pas vraiment une surprise, explique Jules Frutos, président du Prodiss, le syndicat des professionnels du spectacle musical de variétés, qui regroupe plus de 300 producteurs de spectacles, distributeurs, salles et festivals.

Situation économique précaire

Si les recettes ont progressé ces dernières années, "c'est essentiellement en raison de la hausse des prix des billets et du nombre de spectacles", pointe le président du Prodiss. Touchés par la crise du disque, les artistes ont multiplié les dates de concerts pour tenter de maintenir leur pouvoir d'achat. De même, poursuit le président du Prodiss, les grosses tournées type Madonna ou U2 où les tarifs sont élevés et la fréquentation massive "ont pollué les chiffres de ces dernières années puisque leur contribution est passée de 42% en 2005 à 63 % en 2009". or il insiste sur la fragilité de ce secteur "constitué à 95 % de PME, et ce sont vingt plus grosses tournées qui réalisent près de 80% du chiffre d'affaires". Quelque 800 artistes prennent la route chaque année et la situation économique des plus petits producteurs de spectacle est plus que précaire.

"Il n'y a pas de carrière d'artiste sans scène"

Et la tendance pour 2011 n'est guère réjouissante avec une baisse prévue de 20% sur les six premiers mois de l'année. L'idée selon laquelle c'est avec la scène que la filière musicale allait se refaire une santé a du plomb dans l'aile. "Le spectacle vivant subit maintenant l'effet de la crise du disque. L'interactivité est complète entre le disque et le concert, il n'y a pas de carrière d'artiste sans scène", insiste Pascal Nègre, patron d'Universal Music, le numéro 1 français et mondial du disque. Sans compter que les maisons de disques qui finançaient une partie des concerts il y a encore quelques années, ont coupé, crise oblige, les cordons de la bourse.

Le future Conseil national de la musique très attendu

Le rapport Riester sur la création d'un futur Centre national de la musique (voir La Tribune du 4 octobre) a donc accueilli avec soulagement par la filière musicale, tant du côté des producteurs de spectacles que de celui des maisons de disques. Si le CNM voit le jour rapidement tel que l'a promis le président Sarkozy, le spectacle musical bénéficierait d'un soutien de 23 millions d'euros auxquels s'ajoute l'autofinancement du secteur, évalué en 2010 à 22 millions issus de la taxe prélevée sur la billetterie des spectacles. La promesse d'un vrai plan de relance car "l'injection nouvelle permettrait de faire face aux investissements nécessaires comme le développement de talents émergents ou la mise au norme des salles de spectacles privées", assure Jules Frutos.

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Commentaire 1
à écrit le 11/10/2011 à 17:13
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Mince alors ! Les majors vont ils une nouvelle fois pleurer auprès de la milice Hadopi comme quoi les pirates seraient la cause de cette crise du spectacle, ou vont ils désormais comprendre que l'époque des vaches grasses aux prix exorbitants des CD ...

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