Lion Air griffe la concurrence en Asie du Sud-Est

La low cost indonésienne va très certainement confirmer au salon aéronautique de Singapour, le « Singapore Airshow » qui ouvre ses portes mardi, sa méga-commande de 230 Boeing 737. Portrait du président Pak Rusdi Kirana, inconnu du grand public.
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« Je m?en fiche d?être sur la liste noire des compagnies aériennes en Europe ». Provocateur , le président de la controversée compagnie low cost indonésienne Lion Air, Pak Rusdi Kirana ?? Pourtant on décèle à travers ses propos qu?il préférerait ne pas être sur cette fameuse liste. « Je ne sais pas pourquoi, je ne sais pas ce que l?Europe reproche à Lion Air », regrette-t-il à l?occasion d?une rencontre avec quelques journalistes français. En revanche, il assure que la compagnie, qu?il a fondée en juin 2000 avec son frère, n?est pas sur la liste noire aux Etats-Unis...Habillé très simplement ? chemise beige et pantalon noir -, le patron de la première compagnie indonésienne (51 % de parts de marché, selon Lion Air), loin devant Garuda Indonesia (23 %), fait mine de ne pas comprendre le débat sur la sécurité autour de Lion Air, dont deux des pilotes ont été pourtant récemment contrôlés positifs pour consommation de drogue. « Des rumeurs disent que mes pilotes travaillent trop dur et donc boivent et prennent de la drogue », regrette Pak Rusdi Kirana, qui emploie au total 700 pilotes, dont plus de 200 sont des étrangers. "Ils volent 1.100 heures par an", assure-t-il. « L?un des deux, confirme-t-il, était bien pilote d?un MD80? qui ne vole plus. Quand il s?est fait prendre, les gens ont adoré écrire certaines histoires pour nous discréditer. Le second venait juste de devenir capitaine de bord. Nous sommes allés voir la police pour coopérer et je leur ai dit de contrôler tous mes pilotes et mes ingénieurs. Toutes ces rumeurs, c?est  le prix du succès". Fin de l?histoire, selon Pak Rusdi Kirana.

Allure modeste, malgré sa Ferrari

Depuis sa création, Lion Air n?a eu à déplorer qu?un seul accident mortel en novembre 2004 (25 morts) et sept incidents majeurs recensés. « Nous ne pouvons pas garantir qu?il n?y aura pas de problème mais nous essayons de notre mieux que nos vols soient les plus sûrs possibles », commente-t-il. En se dotant notamment d?une flotte moderne. Toutes ces histoires n?empêchent pas Pak Rusdi Kirana, qui, en dépit de son allure modeste, roule en Ferrari, et son frère de développer leur compagnie, en dépit de la décision européenne de maintenir Lion Air sur la liste noire. Il continue d?acheter à tour de bras des avions moyen-courriers, avec une préférence exclusive pour des Boeing 737, notamment le 737-900 ER, qu?il considérait comme le meilleur appareil sur le marché pour son « business model » et son très faible coût par siège avant l?arrivée du B737 Max. Il pourrait ainsi finaliser sa commande de 201 B737 Max et 29 B737-900ER en contrat ferme au salon aéronautique de Singapour cette semaine. Il a également investi dans 33 exemplaires de turbopropulseurs ATR 72-500 auprès de l?avionneur toulousain ATR (50 % EADS, 50 % l?italien Finmeccanica) pour sa filiale Wings Air (99 %). Seize sont déjà en service sur 45 destinations.

La confiance des banques

Pourquoi tant d?assurance ? Avec un petit sourire en coin, il assure qu?il a la confiance des banques, y compris des françaises (BNP Paribas, Société Générale et Natixis), qui financent toutes ses acquisitions d?avions auprès de Boeing et d?ATR et dont certaines pour partie garanties par la Coface et Eximbank, la banque import-export des Etats-Unis. « Les banques sont très réglementées, argumente-t-il. Elles n?ont pas l?habitude de financer une entreprise, qui n?est pas saine. Vous pouvez les appeler ». Pour l?achat des 201 B737 Max, Eximbank doit garantir 2 milliards de dollars de financement, un milliard ferme et l?autre en attente. « Les banques savent qui nous sommes » sinon « pourquoi si nous sommes si mauvais Coface et Eximbank nous financent tout comme BNP Paribas, Natixis? ». Surement pour le potentiel de Lion Air en Indonésie et dans la région où la low cost opère quelques routes vers Singapour, Kuala Lumpur, Penang, Melacca, Ho Chi Minh et Jeddah (Arabie saoudite) avec un vieux 747, qui va être retiré du service. Et Pak Rusdi Kirana négocie une commande de 10 A330, qui peuvent être livrés en 2015, ou de B787 pour capter une part des lucratifs marchés chinois (notamment Pékin et Shanghai), japonais et coréen vers l?Indonésie. « Je ne peux pas attendre l?A350 », explique-t-il.

Un trafic en progression de 21% par an

Arrivée en 2000, la compagnie, qui dispose actuellement d?une flotte de 92 appareils (dont 57 B737-900ER), est devenue en seulement six ans le leader du marché domestique devant Garuda. Elle avait alors 30,7 % de parts de marché en 2006. Et Lion Air, qui opère déjà 511 vols par jour et a transporté 25,5 millions de passagers en 2011 (contre 20,8 millions en 2010) ? soit un taux de remplissage revendiqué de 93 % -, peut continuer à se faire les griffes sur un marché en croissance exponentielle. La compagnie s?y prépare, elle reçoit chaque année 24 B737 et doit recruter 120 pilotes supplémentaires. Car le trafic aérien (passagers) progresse en Indonésie en moyenne de 21 % par an. Sauf selon les estimations de Lion Air entre 2011 (58,85 millions) et 2012 (58 millions), où le trafic baissera légèrement. Mais il atteindra 77,6 millions en 2015 (contre 28,9 millions en 2005). Il faut dire que l?Indonésie est le paradis pour les transporteurs aériens : 240 millions d?habitants (4ème pays le plus peuplé au monde), une croissance de plus de 6 % depuis 2007 (à l?exception de 2009 : 4,6 %), 17.000 iles, 1 million de km2.

La navette Paris-Toulouse comme modèle

La stratégie de Pak Rusdi Kirana, qui adore aller dans les aéroports, met l?accent sur la mise en place d?une haute fréquence sur les routes domestiques. Et sa référence est la navette d?Air France Paris-Toulouse. Son ambition est de devenir le leader des compagnies low cost da la région. Il est loin où Pak Rusdi Kirana, dont le frère a payé les études, vendait du pain et des pâtisseries dans une société artisanale. Paternaliste (à cause de son passé ?), il est en train de faire construire 1.000 logements pour son personnel, qui lui remboursera sur dix ans. « Chacun a besoin de nourriture, d?un toit et de sécurité. Je ne suis pas socialiste mais chacun a le droit d'acheter une maison et avoir l'accès à l'hôpital et à une école. Mes employés ont cette école gratuite mais ils doivent payer une petite somme d'argent pour les livres. Cela m'excite vraiment. Nous nous ouvrirons en juin », explique Pak Rusdi Tirana, qui était « moins fier en étant debout à côté du Président Obama (lors de la signature du protocole d?accord pour les 230 Boeing en novembre 2011, ndlr) que maintenant ».
 

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Commentaires 2
à écrit le 09/03/2012 à 8:18
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dire que je suis en train d'essayer d'économiser pour aller voir mon père à la réunion, que je n'ai pas vue depuis 1998, il à 83ans et très malade, j'aimerais bien le revoir et je sais que serait pour la dernière fois, le voir mais pas pour quinze jo...

à écrit le 14/02/2012 à 9:06
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Lion Air est maintenant connu en Indonesie sous le surnom de High on air.

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