Le plan secret de Delta pour American Airlines

Sous chapitre 11, American suscite la convoitise de Delta, US Airways et le fonds TPG, selon la presse américaine. Certes candidat officieux, Delta vise surtout, selon nos informations,le hub de Miami d'American et son réseau vers l'Amérique latine. Ce qui passe par son démantèlement.
Un rachat par le fonds d'investissement TPG Capital, qui jouit d'une solide expérience dans le transport aérien, permettrait de sauvegarder American dans l'état, comme le souhaite la direction de la compagnie. Copyright Reuters

Placée sous la protection du chapitre 11, la troisième compagnie aérienne américaine, American Airlines, suscite les convoitises. C'est connu. Selon la presse américaine, Delta Air Lines, numéro 2 américain derrière United, US Airways, numéro 5, et le fonds d?investissement TPG sont sur les rangs pour racheter la compagnie de Dallas. Le dossier ne se décantera pas avant au moins 18 mois, le temps prévu pour la procédure.

Deux compagnies américaines

L?hypothèse d?un rachat d?American par Delta (qui a déjà croqué Northwest en 2008) apparaît comme la plus improbable. Même avec des cessions d?actifs pour satisfaire les autorités de la concurrence (dans leur périmètre actuel, un regroupement de Delta et d?American pèserait  26 % du marché américain en termes de sièges kilomètres offerts sur le réseau intérieur et international américain, loin devant United 15 %, et la low-cost Southwest, 10 %), il est, de l?avis de nombreux experts, improbable que Washington donne son feu vert à une telle opération.

«Ce serait étrange que le régulateur américain et européen accepte l?idée qu?il n?y ait plus que deux compagnies américaines présentes sur les lignes internationales », explique-t-on à Air France, partenaire de Delta. En effet, avec un tel scénario, ne resterait que United (qui a fusionné en 2010 avec Continental) comme autre compagnie présente à la fois sur le réseau domestique et international long-courrier

Le transport aérien mondial serait chamboulé

Outre ces questions concurrentielles à résoudre côté américain, cette éventuelle fusion chamboulerait tout le transport aérien mondial, organisé en grande partie autour de trois grandes alliances (Star Alliance, Oneworld et Skyteam), lesquelles disposent toutes d?un membre américain en collaboration étroite avec un européen.

C?est ainsi qu?au sein de Skyteam, Delta, Air France-KLM et Alitalia ont créé des co-entreprises sur l?axe transatlantique ; une collaboration qui se retrouve également chez Star entre United et Lufthansa et Oneworld entre American et British Airways et Iberia. Ce schéma est dupliqué entre le Japon et les Etats-Unis chez Star (avec ANA) et Oneworld (JAL), les deux seules alliances à compter un transporteur nippon.

De fait, si American passait sous l?aile de Delta et rejoignait Skyteam, British Airways serait complètement isolée sur la scène transatlantique tandis que l?alliance Oneworld n?aurait plus beaucoup de sens, faute d?allié sur le plus important marché de la planète encore aujourd?hui.

Les salariés majoritaires au comité des créanciers

Outre les réticences des autorités de la concurrence comme le soulignait récemment le PDG d?Air France, Alexandre de Juniac, la composition du comité des créanciers (creditors comitee) d?American ne plaide pas pour sa disparition.

En effet, les représentants des salariés sont majoritaires dans ce comité qui, dans les faits, détient l'avenir de l?entreprise dans la mesure où les créances seront transformées en action de la future American

Un sort identique à celui de Pan Am ?

Tout cela, la direction de Delta le sait. Mais la compagnie d?Atlanta a une idée bien précise en chassant American. Selon plusieurs sources à Air France, qui a été informée des visées de son partenaire américain, le PDG de Delta, Richard Anderson, vise essentiellement le hub de Miami d?American, dans le but de mettre la main sur son réseau vers les Caraïbes et l?Amérique latine. Sur les 110 destinations proposées au départ de son hub de Floride, American en dessert en effet 57 vers cette zone.

Mais arracher un bout d?American suppose un démantèlement de la compagnie, et donc une liquidation (chapitre 7 de la loi américaine sur les faillites) comme l?a été la mythique PanAm en 1991, dont une partie du réseau et des actifs avaient été reprise par ?Delta. Pour autant, un tel scénario ne résoudrait pas les problèmes de concurrence (il y aurait toujours deux compagnies), sauf à ce que US Airways reprenne les restes pour constituer le troisième pôle américain, sorte de Star Alliance et rejoigne Oneworld. «En cas de démantèlement, British Airways demandera une entrée dans le capital de la future American », assure un expert.

US Airways, un choix plus logique

Démantèlement ou pas d?American, US Airways constitue un choix plus logique. La compagnie, qui possède aujourd?hui 6 % du marché américain et 8 % du marché intérieur, s?est retrouvée isolée sur la scène américaine avec les fusions entre Delta et Northwest en 2008, puis entre United et Continental deux ans plus tard.

Ces deux opérations ont permis à Delta et United de rattraper et même de dépasser American, qui avait pris une longueur d?avance en 2001 en rachetant TWA, mais aussi de distancer US Airways. Cette dernière avait comblé une partie de son retard en 2005 en fusionnant avec America West (celle-ci l?avait en fait racheté à sa sortie faillite et avait conservé la marque)

US Airways marginalisée chez Star Alliance

En outre, US Airways est aussi marginalisée au sein même de Star Alliance où elle peine à exister aux côtés de United. D?ailleurs, US Airways n?est pas intégrée dans la coopération transatlantique entre United et Lufthansa, ni dans celle, transpacifique, entre United et All Nippon Airways.

Enfin, en termes de réseaux, American et US Airways sont relativement complémentaires.

TPG un candidat sérieux 

Enfin, le fonds d?investissement TPG Capital (Texas Pacific Group) est peut être la candidature la plus réaliste. Car cette solution permettrait de sauvegarder American dans l?état, comme le souhaite la direction de la compagnie. Surtout, le fonds texan est un candidat très sérieux. Créé en 1992 par David Bonderman, il jouit d?une solide expérience dans le transport aérien.

TPG a racheté (avec deux autres investisseurs) Continental Airlines à sa sortie de chapitre 11 en 1993, et investit dans le groupe Midwest Airlines, America West, Tiger Airways (Singapour) et Ryanair. En 2007, TPG a échoué à mettre la main sur Qantas et à reprendre Iberia en collaboration avec British Airways. A 69 ans, David Bonderman est aujourd?hui président du conseil d?administration de Ryanair, fonctions qu?il occupait déjà chez Continental.

American rescapée, US Airways dans le viseur

La solution d?un maintien d?American Airlines dans son périmètre actuel (avec ou pas TPG, mais sûrement avec British Airways au capital pour ne pas prendre deux fois le risque de perdre son allié américain) pourrait avoir pour conséquence d?entraîner d?autres offensives.

Selon la presse américaine, Delta lorgne aussi US Airways. Un dossier que ne manquera pas non plus de regarder United, qui avant de choisir Continental, avait failli par deux fois se marier avec US Airways.
 

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Commentaires 7
à écrit le 01/09/2012 à 15:25
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american airlines ne sait pas ce que le mot client signifie, ni dans l accueil, le service au sol comme en l air et surtout ses avions sont agés et parfois limite en propreté et vetusté, il est sur que c est une compagnie que j'évite aujourdhui apres...

à écrit le 21/02/2012 à 22:42
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vive la concurrence en France. Ryanair à Orly, vite!

à écrit le 21/02/2012 à 18:31
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trop!, c'est un scandale

à écrit le 21/02/2012 à 1:53
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Au fait, combien pèse AF chez nous ?

à écrit le 20/02/2012 à 21:17
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C'est pas AMR qui doit se faire du souci, c'est US Air

à écrit le 20/02/2012 à 20:00
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que des seconds couteaux chez Skyteam

à écrit le 20/02/2012 à 19:45
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ouais, ca ferait un sacré bazar si AA passait sous l'aile de Delta. Surtout rien ne dit qu'ils resteraient dans Skyteam car Oneworld est plus attractif. Pas bon pour AF

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