
L'annonce du plan de sauvetage d'Air France-KLM est imminente. Ayant un besoin urgent d'argent frais au troisième trimestre pour survivre, le groupe de transport aérien va bénéficer de liquidités lui permettant de tenir pendant 18 mois. De quoi passer la crise actuelle, affronter la reprise et financer même une partie de la restructuration d'Air France. Pour rappel, chaque compagnie négocie de son côté ses prêts avec son État et ses banques. Les négociations ne sont pas encore totalement terminées. Elles portent toujours sur une enveloppe de prêts d'environ 10 milliards d'euros comme La Tribune l'indiquait le 14 avril. Mais la répartition de ce montant entre Air France et KLM a bougé. Air France, qui estimait ses besoins "autour de huit milliards d'euros", est sur le point d'arracher des prêts d'environ 7 milliards d'euros, selon des sources concordantes, confirmant un chiffre avancé récemment par Médiapart.
Selon nos informations, KLM négocie de son côté un prêt d'environ 3 milliards d'euros, voire 3,5 milliards d'euros, et non plus de deux milliards d'euros comme c'était le cas il y a une quinzaine de jours encore. Ce dernier montant ne permettait pas de tenir 18 mois. Trois milliards semblent suffisants, mais KLM cherche néanmoins à obtenir 500 millions supplémentaires pour avoir plus de marges de manoeuvre.
Tant pour Air France que pour KLM les prêts seront de deux types : un prêt bancaire garanti par l'État (à hauteur de 90% en France) et un prêt direct de ce dernier pour soulager les banques, réticentes à prendre en charge la totalité des prêts. Ces derniers seront assortis de conditions environnementales et d'amélioration de la compétitivité pour transformer le groupe.
"Les travaux que nous faisons, c'est évidemment l'engagement responsable de l'ensemble du management par rappport à ces prêts. Cet engagement, c'est évidemment de continuer ce qui a été fait en réaction immédiate à la crise, c'est-à-dire des économies assez drastiques, mais également de faire en sorte que ces économies soient profitables pour une transformation de nos compagnies et de l'ensemble du groupe", indiquait mercredi Anne-Marie Couderc, la présidente d'Air France-KLM, lors d'une audition au Sénat.
La question du timing de l'annonce
La question du timing de l'annonce reste floue. Mercredi, Anne-Marie Couderc avait indiqué qu'il pourrait y avoir un décalage entre l'annonce du plan pour Air France et celle pour KLM. Hier soir encore, certaines sources maintenaient ce décalage en précisant que l'annonce française pourrait avoir lieu ce vendredi. D'autres sources assuraient néanmoins que les Pays-Bas insistaient pour une annonce commune. Si tel était le cas, il faudrait donc attendre quelques jours, le temps pour le gouvernement néerlandais d'aller plus avant dans ses discussions avec le Parlement. Par ailleurs, selon certaines sources, La Haye tenterait d'utiliser sa participation au sauvetage de KLM, et donc du groupe, pour arracher une plus grande influence dans la gouvernance d'Air France-KLM qu'il ne parvient pas à obtenir après avoir raflé l'an dernier 14% du capital.
Reprise poussive
Même si une augmentation de capital sera nécessaire dans un second temps selon certains bons connaisseurs de l'entreprise ("il faudra commencer à en parler à l'automne", assure l'un d'eux), Air France-KLM et ses filiales reçoivent un grand bol d'oxygène. Au-delà de la crise actuelle marquée pas l'arrêt quasi-complet de l'activité, la reprise s'annonce longue et difficile. N'assurant plus que 2 à 3% de son programme, Air France envisage une reprise très progressive de ses vols en juin d'abord sur le réseau intérieur, puis peut-être sur des lignes européennes en juillet, et ne s'attend pas à une vraie reprise à l'international (hors Europe) avant septembre. En interne, le directeur général d'Air France-KLM, Ben Smith, dit espérer atteindre d'ici à la fin de l'année un niveau d'offre de 60 à 75% par rapport à ce qui était prévu avant la crise, et au mieux de 80 % fin 2021.
Restructuration
Pour être en mesure d'assurer les remboursements alors que l'activité pourrait ne pas revenir à son niveau de 2019 avant 2022, Air France prépare un plan choc de restructuration pour atteindre d'ici à deux ans les objectifs fixés initialement pour fin 2024. Cela passe par la réduction des coûts fixes, la baisse des coûts dans les fonctions support et la réorganisation du marché domestique. La combinaison d'une réduction d'activité et des effets des gains de compétitivité vont générer des sureffectifs. Un ou des plans de départs volontaires pourraient être déclenchés. "Il faut repenser notre modèle", martelle le directeur général d'Air France-KLM, Ben Smith.
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