Autoroute Paris-Normandie : sur l’A13, la déconstruction des péages a commencé

En décembre 2024, c’en sera fini des arrêts de péages sur la totalité du tracé de l’A13/A14. La Société des Autoroutes Paris Normandie vient de lancer les travaux d’enlèvement des barrières de paiement classiques pour passer au « flux libre ». Explications.
Les péages seront remplacés par des portiques qui enjamberont les voies
Les péages seront remplacés par des portiques qui enjamberont les voies (Crédits : dr)

Mise en service dans l'Allier en fin d'année dernière, la nouvelle autoroute A79 dite « à flux libre » aura bientôt sa jumelle, un peu plus au Nord. La Société des Autoroutes Paris Normandie (SAPN), filiale de la SANEF, a débuté hier les travaux qui vont conduire au démontage des quatorze barrières de péages qui jalonnent les 210 kilomètres de l'A13/A14. Celles-ci seront bientôt remplacées par des portiques qui enjamberont les voies et scanneront la plaque d'immatriculation des véhicules sans que les conducteurs aient besoin de marquer un arrêt, ni de ralentir.

« C'est la première fois qu'une autoroute française déjà construite et à ce point fréquentée bascule vers la technologie du flux libre », indique-t-on au siège de la SAPN.

Appelé free flow dans les pays anglo-saxons où il est courant, le système sera déployé progressivement : d'abord en juin 2024 sur deux sites, dont l'emplacement n'est pas encore connu. Puis sur la totalité du tracé en décembre de la même année. Objectifs : fluidifier le trafic et diminuer les quantités de gaz carbonique émises par les véhicules, et en particulier les poids-lourds, lors des stop and go aux barrières de péages.

Le concessionnaire évalue  à près de 10 millions le nombre de litres de carburant qui seront économisés annuellement, soit environ 30.000 tonnes de CO2 en moins dans l'atmosphère. De son côté, l'Autorité de régulation des transports chiffre à plus de 600 millions d'euros les gains en temps et carburant (en valeur 2018).

Paiement à distance

Si les péages disparaissent, le paiement reste mais il s'effectuera de manière différée. Les automobilistes se verront proposer trois solutions. Les abonnés au télépéage seront prélevés automatiquement de même que ceux qui se seront inscrits, au préalable, sur le portail de la SAPN. Le paiement au trajet restera possible sur le site ou « physiquement » dans des organismes partenaires (non encore identifiés) mais pas question de lambiner. La somme devra être réglée dans les 72 heures maximum, à défaut le contrevenant se verra infliger des pénalités. « C'est pourquoi nous communiquons très en amont », justifie-t-on chez le concessionnaire.

Reste à voir si l'information arrivera jusqu'aux oreilles des 7 millions d'automobilistes (dont 7 % d'étrangers) qui empruntent l'A13 chaque année. Une chose est sûre, ils y ont tout intérêt. Au péage de Boulay Moselle sur l'A4 où la SANEF expérimente le flux libre depuis 2019, certains conducteurs ont eu la mauvaise surprise de recevoir des factures de plusieurs centaines d'euros pour avoir oublié de payer leur dû. De son côté, le groupe préfère rappeler que le flux libre a « mis fin aux ralentissements récurrents » sur le site. S'agissant de l'autoroute Paris Normandie, ce péage du futur pourrait permettre de gagner jusqu'à une demie-heure les jours de grand départ.

Un chantier de longue haleine

Les premiers travaux ont commencé cette semaine aux péages d'Incarville dans l'Eure et de Cagny dans le Calvados mais l'opération, d'un coût total de 120 millions d'euros, s'achèvera après la mise en service du flux libre, en 2027. Ce n'est qu'à cette date que les quatorze barrières de péage auront été déconstruites. Dans l'intervalle, les véhicules circuleront sur des voies provisoires. Le nouveau système étant moins encombrant, le chantier sera par ailleurs l'occasion de renaturer 28 hectares de surfaces bitumées. Profitant de la loi d'accélération sur les énergies renouvelables, la SANEF pourrait choisir d'y installer des panneaux photovoltaïques à l'instar de Vinci. Pour rappel, le groupe de Pierre Coppey a déjà identifié 1.000 hectares de « délaissés autoroutiers » susceptibles d'être convertis au solaire.