C'était le grand soir de Jean Castex. Huit semaines après son arrivée à la tête de la RATP, l'ex-Premier ministre a prononcé ses vœux au théâtre Mogador dans la soirée du 24 janvier. Entre galère dans les transports parisiens et réforme des retraites, il a voulu détendre l'atmosphère en mettant d'emblée les rieurs dans sa poche.
« Ça ne me paraît pas une éternité mais presque », a-t-il déclaré en référence à sa récente prise de poste.
Et d'avouer : « en quittant Matignon, j'avais soupçon d'inquiétude : celui de m'ennuyer un peu (...) cette inquiétude a complètement disparu ».
La réponse à Valérie Pécresse qui dénonce un « monopole défaillant »
Mis sous pression par les usagers et Valérie Pécresse, présidente (LR) du conseil régional et de l'autorité organisatrice des transports Île-de-France Mobilités, qui a dénoncé, lors de ses vœux, « un monopole défaillant », Jean Castex a tenu à mettre les points sur les i.
« Si IDFM va mal, et IDFM ira mal si ses problèmes structurels de financement de financement ne sont pas résolus, la RATP ira mal ; si la RATP va mal alors IDFM en subira les conséquences », a ajouté le PDG de la RATP, interpellant indirectement le ministre des Transports Clément Beaune assis au premier rang.
Ce dernier, quoique « ouvert à discuter du calendrier », comme la patronne de la région restent « attachés » à l'ouverture à la concurrence. N'en déplaise aux 250 élus de gauche franciliens qui ont interpellé dans Le Monde la Première ministre Elisabeth Borne pour lui demander de « surseoir au processus de privatisation ». Dans leur viseur : la libéralisation des bus de Paris et de petite couronne prévue au 1er janvier 2025.
Castex a dérogé à sa règle
Jean Castex s'est déjà exprimé à plusieurs reprises sur ce sujet en indiquant qu'il ne lui appartenait pas de se prononcer sur des principes qui incombent au seul pouvoir politique. Sauf que le ferrovipathe a dérogé à sa règle. Sans cesse à la rencontre de ses équipes depuis sa nomination, l'ex-locataire de Matignon a lâché : « le compte n'y est pas ! »
« Tous les textes ne sont pas pris, tous les cas de figure ne sont pas réglés, nombre de questions soulevées par les personnels ne reçoivent pas de réponses claires, précises et rassurantes. Donc oui, il y a des inquiétudes ! », a-t-il poursuivi, dans un exercice à la totalité interne et externe.
Porte-parole des siens, Jean Castex a évoqué les craintes de « salariés qui ne savent pas précisément ce qu'ils vont devenir avec quelles conditions de travail, à quel dépôt ils seront rattachés, s'ils vont devoir déménager... toutes sortes de questions concrètes, essentielles, qu'il en faut pas prendre à la légère et auxquelles toutes les parties prenantes doivent apporter des réponses rapides ».
« L'entreprise n'a pas peur de perdre mon monopole »
Autrement dit, à l'Etat, à Île-de-France Mobilités et aux opérateurs concurrents (Keolis, Savac Lacroix, Transdev...) de se mobiliser. Le patron de la Régie a rappelé en outre sa proposition d'une « observation neutre de toutes ces difficultés » afin d'« identifier et d'objectiver les problèmes » et dans le but de les résoudre.
« On en discute », a confié, à La Tribune, Clément Beaune, le ministre des Transports, à l'issue de la cérémonie.
Décidément très en verve, Jean Castex a renvoyé les anti et les pour dans leur but : « ni déni, ni idéologie, notre corps social a besoin d'être rassuré, éclairé et in fine, nous devons faire en sorte que le service, pour les agents comme pour les voyageurs, soit amélioré ». Et de tonner : « l'ouverture à la concurrence est un moyen, pas une fin ! »
Pour autant, « l'entreprise n'a pas peur de perdre son monopole - nous nous battrons, bec et ongles, pour gagner ces appels d'offres et démontrer qu'on a besoin de services publics et que celui-ci sait être efficient ». Un mantra répété toute la soirée par ses équipes à l'issue de son discours.
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