Emploi, santé, transports... Pécresse devrait demander à l'État plus de pouvoirs

En application de la loi sur la décentralisation, la déconcentration, la différenciation et la simplification de l'action publique (3DS), la présidente (LR) du conseil régional a chargé le patron du groupe (UDI) et maire de Bures-sur-Yvette d'identifier des compétences nouvelles que la région demandera d'exercer auprès de l’État. Jean-François Vigier a déjà prévu d'auditionner une quinzaine de personnalités d'ici à la fin de l'année avant de présenter son rapport dans l'hémicycle francilien début 2023. Rien n'oblige pour autant le gouvernement ou le Parlement à le suivre... Décryptage.
César Armand
(Crédits : DR)

Six mois après sa défaite à l'élection présidentielle, Valérie Pécresse veut continuer d'exister sur la scène nationale. La présidente (LR) du conseil régional d'Île-de-France vient de confier à un de ses élus la mission d'identifier des compétences nouvelles que la région demandera d'exercer auprès de l'Etat.

Depuis la promulgation du projet de loi relatif à la décentralisation, à la déconcentration, à la différenciation et à la simplification de l'action publique (3DS) en février 2022, tout conseil régional peut en effet présenter des propositions « tendant à modifier ou à adapter des dispositions législatives ou réglementaires, en vigueur ou en cours d'élaboration, concernant les compétences, l'organisation et le fonctionnement » de la région.

« Pécresse reste insatisfaite de ne pas pouvoir exercer plus de compétences »

Les conseils régionaux ont déjà la compétence de « promouvoir le développement économique, social, sanitaire, culturel et scientifique », mais aussi « le soutien à l'accès à l'accès au logement, à l'amélioration de l'habitat, à la politique de la ville, la rénovation urbaine, aux politiques d'éducation et l'aménagement et l'égalité de ses territoires », ou encore « la préservation de [leur] identité et la promotion des langues régionales, dans le respect de l'intégrité, de l'autonomie et des attributions des départements et des communes ».

Il n'empêche : au lendemain de la promesse d'Emmanuel Macron d'ouvrir un nouveau « chapitre de décentralisation », le patron du groupe UDI au conseil régional et maire de Bures-sur-Yvette (Essonne), Jean-François Vigier, a déjà prévu d'auditionner une quinzaine de personnalités d'ici à la fin de l'année avant de présenter son rapport dans l'hémicycle francilien début 2023.

« Alors que, pendant la Covid, on a vu l'agilité des collectivités territoriales, Valérie Pécresse reste insatisfaite de ne pas pouvoir exercer plus de compétences », explique l'élu à "La Tribune".

« Nous pouvons profiter de cette réflexion pour aller assez loin », poursuit-il.

Vers un SMIC francilien ?

Parmi les sujets déjà sur la table : la santé. « Par exemple, la région pourrait piloter les soins ambulatoires de la médecine de ville » et reprendre « les autorités régionales de santé (ARS) [qui] ont montré leur limite », affirme Jean-François Vigier. Depuis le début de la crise sanitaire en mars 2020, les conseils régionaux demandent en effet la main sur ces établissements publics d'État, qu'ils jugent défaillants.

Pas sûr toutefois que la demande passe auprès de Matignon. L'actuel directeur de cabinet d'Élisabeth Borne, Aurélien Rousseau, était président de l'ARS Île-de-France jusqu'à sa nomination auprès de la Première ministre en mai 2022.

Jean-François Vigier planche par ailleurs sur l'emploi. Il estime que la région pourrait fixer le montant du SMIC, ne serait-ce que pour « mener des vraies politiques régionales d'attractivité ». « Les dynamiques des marchés de l'emploi et de croissance sont très différentes d'un territoire à l'autre », insiste-t-il.

Dans ce domaine, il préconise également la régionalisation de Pôle Emploi, une vieille exigence des conseils régionaux que les anciens Premiers ministres Édouard Philippe et Jean Castex ont toujours repoussée. L'actuelle locataire de Matignon admet, elle, que « l'organisation est trop complexe » en termes de formation, d'insertion et d'accompagnement à l'emploi, éclaté entre l'État, les départements et les régions.

La région, futur guichet unique de la vie étudiante ?

Autre thème à l'agenda de Jean-François Vigier : les transports. Alors que Valérie Pécresse négocie avec le gouvernement pour financer l'autorité organisatrice des transports en Île-de-France IDFM, l'édile s'interroge : « Le statut d'établissement public d'État de la RATP est-il toujours adapté ? L'actionnariat de l'État est-il légitime ? ».

Idem avec la police régionale des transports, fruit de la coordination entre la police nationale, la SNCF et la RATP. « Cela ne devrait-il pas reposer sur un centre de commandement unique ? La région ne pourrait-elle pas jouer ce rôle ? », s'interroge le conseiller régional francilien.

Ultime sujet : la vie étudiante. « Entre les aides personnalisées au logement (APL), les bourses et les aides au mérite, la région peut devenir un guichet unique », vante Jean-François Vigier.

Rien n'oblige le gouvernement et le Parlement à reprendre ces idées

Pour autant, « la liste n'est pas exhaustive ». Autrement dit, l'élu va s'appuyer sur les différents groupes politiques de la région et sur ses rendez-vous pour nourrir sa réflexion. Ce n'est qu'une fois sa synthèse rédigée que Valérie Pécresse la soumettra au vote de ses collègues conseillers régionaux.

Si le document est approuvé, il devra être transmis par la présidente de région à la Première ministre Élisabeth Borne, au préfet de région Marc Guillaume ainsi qu'aux patrons des deux chambres législatives : Yaël Braun-Privet pour l'Assemblée nationale et Gérard Larcher pour le Sénat.

En revanche, rien n'obligera la cheffe du gouvernement ou même le Parlement à reprendre ces idées. Seul un rapport annuel indiquera les suites qui leur ont été données.

César Armand

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Commentaire 1
à écrit le 19/10/2022 à 3:59
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Le principal pb du politicard francais c'est son pouvoir de nuisance. Seule possibilite, foutre le camp de ce pays de fonctionnairesou assimiles.

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