Heetch contre-attaque dans un environnement de plus en plus complexe

La plateforme VTC a annoncé une nouvelle levée de fonds (16,5 millions d'euros) visant à financer sa stratégie de déploiement en France et à l'international. Revenu de loin, Heetch devra toutefois affronter un environnement réglementaire de plus en plus complexe, mais également un contexte concurrentiel très agressif.
Nabil Bourassi
Heetch a revu son modèle économique mais veut préserver son ADN fondé sur une relation conviviale avec les clients mais également avec les chauffeurs.

Heetch is back ! C'est en substance le message qu'a voulu délivrer la startup française spécialisée dans le transport VTC qui vient d'annoncer une levée de fonds de 16,5 millions d'euros. La société, fondée par Teddy Pellerin et Mathieu Jacob en 2013, est parvenue à un nouveau tour de table avec plusieurs investisseurs dont le britannique Felix Capital, Alven, et Via ID (qui étaient déjà investisseurs) auxquels il faut ajouter Idinvest Partners et InnovAllianz.

A l'occasion de cette levée de fonds, Heetch a déroulé une stratégie extrêmement offensive visant à « détrôner Uber en France », le groupe américain leader mondial.

« Heetch mise sur son ADN unique : un service humain, convivial et une proximité avec ses drivers et passagers qui cassent les codes des acteurs les plus classiques », peut-on lire dans le communiqué de presse.

Ce n'est pas la première fois qu'Heetch veut se distinguer d'Uber en misant sur un autre rapport des chauffeurs avec ses clients, en se comparant notamment à Lyft, le challenger américain d'Uber.

Cap sur l'international

L'autre volet de cette stratégie concerne l'internationalisation. Déjà présente en Suède, en Italie, en Belgique, et depuis peu au Maroc, la plateforme de VTC veut s'implanter « dans 2 ou 3 pays au cours de l'année ». Cette stratégie de croissance géographique doit également se faire en France puisque la jeune pousse emmenée par Teddy Pellerin doit bientôt débarquer à Toulouse, Montpellier et Strasbourg, complétant ainsi les 6 métropoles françaises dans lesquelles elle est déjà installée.

L'entreprise revient pourtant de loin... Très loin ! En 2016, Heetch était visé par une procédure judiciaire spectaculaire qui avait conduit à l'arrestation physique de ses deux fondateurs sur fond d'affrontements avec les sociétés de taxis. La justice avait alors statué sur l'illégalité de l'application Heetch. Elle a contesté son droit à mettre en relation des chauffeurs particuliers avec des passagers, sans la nécessité de passer par le statut de VTC. Heetch ne peut désormais travailler qu'avec des chauffeurs VTC avec toutes les contraintes inhérentes à ce statut (carte professionnelle, typologie de la voiture...). De fait, la société est passée de 30.000 chauffeurs à 5.000 aujourd'hui.

Devenu une application VTC classique, Heetch avait quasiment disparu des radars. Teddy Pellerin souhaitait prendre le temps de retravailler le concept de l'entreprise et de consolider les fondamentaux de cet ADN, notamment dans sa relation avec ses chauffeurs. En septembre dernier, Heetch avait déjà levé 10 millions d'euros pour se relancer. Il revendique aujourd'hui 200.000 utilisateurs et 40.000 trajets hebdomadaires.

Une concurrence accrue, des jurisprudences défavorables

Pourtant, l'environnement réglementaire et concurrentiel est devenu nettement plus compliqué pour Heetch. L'entrée en vigueur d'un nouveau statut de chauffeur VTC a nettement réduit le nombre de chauffeurs habilités. Les différentes plateformes VTC vont alors rivaliser d'ingéniosité pour les attirer. Les jurisprudences jouent également en défaveur du statut d'autoentrepreneur comme le prouve une récente décision visant LeCab et qui requalifie un chauffeur comme salarié CDI. La décision de la cour de justice européenne a également renvoyé les plateformes VTC à des sociétés soumises au droit du secteur des transports. Si cette décision n'est pas pénalisante en droit français qui avait déjà intégré cet aspect, ce sera en revanche un problème dans d'autres pays européens.

Lire aussi: Taxify débarque en France, va-t-il tuer Uber ?

Côté concurrence, le déploiement de l'estonien Taxify (rebaptisé en France Txfy), dans lequel le mastodonte chinois Diddy est actionnaire, est une nouvelle source d'inquiétudes. A cela, il faut ajouter la consolidation des autres acteurs autour de grandes multinationales dotées d'une capacité d'investissement très supérieure comme Marcel par Renault ou le rachat de Chauffeur Privé par le groupe Daimler. Heetch veut néanmoins croire avoir une véritable carte en main avec son ADN de trublion du marché VTC.

Nabil Bourassi

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