Surprise. Marianne Leblanc-Laugier, l'ancienne présidente de l'ASI (Autorité de supervision indépendante), l'ancien régulateur des aéroports français jusqu'à ce que les fonctions de cette entité soient confiées en octobre dernier à l'Arafer (le gendarme du ferroviaire et de la route), rebaptisée pour l'occasion Autorité de régulation des transports (ART), ne rejoint pas celle-ci. Marianne Leblanc-Laugier n'a pas été choisie pour occuper l'un des deux postes nouvellement créés de vice-président du collège de l'ART. La nouvelle autorité des transports étant peu familière des questions aéroportuaires, le gouvernement avait prévu, dans l'ordonnance du 24 juillet 2019 qui mettait fin à l'ASI, d'ouvrir son collège à l'aérien. En décembre dernier, la loi d'orientation des mobilités a fait évoluer la gouvernance du collège de l'ART en augmentant le nombre de membres permanents.
Le collège de l'ART élargi à 5 membres
Le 19 mai dernier, le président de la République a nommé par décret Patrick Vieu et Florence Rousse vice-présidents de l'autorité régulatrice des transports. Ces deux nominations portent à cinq le nombre de membres permanents du collège (un président et quatre vice-présidents).
Après une longue expérience dans les transports, Patrick Vieu, 55 ans, est conseiller du vice-président du Conseil général de l'environnement et du développement durable (CGEDD) et ancien conseiller de François Hollande à l'Élysée. Florence Rousse, 64 ans, est une ancienne de la Direction générale de l'aviation civile (DGAC). Elle a notamment été directrice de la régulation en 2004, puis directrice de la sécurité de 2009 à 2014, avant de prendre la tête de l'établissement public de sécurité ferroviaire jusqu'à la fin de l'année 2019.
La candidature de Marianne Leblanc Laugier n'a pas été retenue. Par conséquent, aucune compétence de l'ASI ne figure au sein de l'ART.
"Je pense qu'il est nécessaire que des compétences identifiées puissent poursuivre le travail qui a été fait au cours des trois dernières années et qui a été reconnu par toutes les parties", déclarait pourtant Marianne Leblanc Laugier en septembre dernier, pour justifier sa candidature.
Baisse des redevances de 33% à l'aéroport de Nice
Son travail et son indépendance avaient été salués par les compagnies aériennes. L'ASI n'avait pas hésité en effet à taper sur les doigts des aéroports après avoir considéré que les hausses de redevances facturées aux compagnies aériennes étaient trop élevées par rapport aux coûts des services publics rendus. Début 2019, l'ASI n'avait pas par exemple homologué la première mouture des tarifs 2019 d'ADP, obligeant le gestionnaire des aéroports parisiens à modérer sa proposition. La décision en avait agacé plus d'un chez ADP, à Bercy, mais aussi au sein de la Direction générale de l'aviation civile (DGAC).
Quelque temps, après, au printemps 2019, l'ASI avait demandé la baisse de 33% des redevances de l'aéroport de Nice, une décision validée fin décembre par le Conseil d'État.
"Empêcheuse de tourner en rond"
Pour plusieurs observateurs, ces décisions ne sont pas étrangères au rejet de la candidature de Marianne Leblanc Laugier.
"On a éliminé l'empêcheuse de tourner en rond", explique le PDG d'une compagnie aérienne.
De son côté, le Syndicat des compagnies aériennes autonomes (Scara) "salue l'arrivée de deux professionnels des transports et espère que l'ART prendra des décisions dans les mêmes conditions d'indépendance et de qualité d'analyse que le faisait l'ASI sous l'autorité de Marianne Leblanc Laugier".
Il reste encore une dernière petite chance pour Marianne Leblanc Laugier. En octobre, Anne Yvrande-Billon quittera le collège de l'ART. Le nom de son successeur sera désigné par le président de l'Assemblée nationale. Selon le code des transports, une femme doit être remplacée par un homme et vice-versa. Mais la loi "Mobilités" demande la parité au collège de l'ART. Si Anne Yvrande-Billon est remplacée par un homme, Florence Rousse sera la seule femme au sein du collège.
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