La Cour des comptes dénonce les avantages accordés par l'aéroport de Beauvais à Ryanair

La Cour des comptes étrille la gestion de l'aéroport de Beauvais dans un référé publié lundi, dénonçant en particulier les "accords illicites" conclus avec la compagnie irlandaise Ryanair.
La Cour des comptes étrille la gestion de l'aéroport de Beauvais dans un référé publié lundi, dénonçant en particulier les "accords illicites" conclus avec la compagnie irlandaise Ryanair.

On comprend mieux pourquoi l'ouverture à la concurrence de la ligne d'autocar entre Paris et l'aéroport de Beauvais-Tillé inquiète la direction de l'aéroport. Elle est au cœur du business model de la plateforme aéroportuaire, puisque ses recettes permettent d'accorder des ristournes sur les redevances aéronautiques à ses compagnies, en particulier Ryanair qui représente 78% de l'activité de Beauvais-Tillé.

"Accords illicites" avec Ryanair

La Cour des comptes étrille la gestion de l'aéroport de Beauvais dans un référé publié lundi, dénonçant en particulier les "accords illicites" conclus avec la compagnie irlandaise Ryanair. Entre les remises commerciales "injustifiées" et les prestations "assurées à perte", la société exploitant de l'aéroport de Beauvais-Tillé (SAGEB, détenue par la Chambre de commerce et d'industrie de l'Oise et le groupe Transdev) "s'est privée d'environ 85 millions d'euros de produits, dont 78 millions au bénéfice de la seule compagnie Ryanair" entre 2008 et 2014, précise la Cour.

Ces ristournes "constituent des avantages importants et injustifiés", qui ont été accordés "sans aucune autorisation" de l'entité propriétaire de l'aéroport (SMABT, contrôlé par la région, le département et l'agglomération). Les magistrats contestent d'abord les tarifs des redevances aéroportuaires, "bien moindres" que ceux d'autres aéroports comparables mais compensés par les recettes de la liaison par autocar avec Paris, exploitée par l'entreprise TPB, filiale de la SAGEB.

"Les usagers de la ligne de bus (...) financent donc les services aéroportuaires, à la place des compagnies aériennes", estiment-ils.

La Cour considère par ailleurs que "les activités d'assistance en escale pour le compte des compagnies aériennes sont (...) assurées à perte par la SAGEB", qui conteste cette accusation mais indique "ne pas tenir de comptabilité commerciale séparée" pour ces prestations.

Accord "juridiquement fragile"

Principal bénéficiaire de ces avantages, Ryanair génère depuis vingt ans plus de 80% du trafic de l'aéroport, mais "seule une télécopie tient lieu de contrat (...) de 2002 à 2012", rendant l'accord "juridiquement fragile" et "préjudiciable" à la SAGEB, qui a concédé au fil des ans des rabais croissants à son principal client. Ces arrangements n'ont fait "l'objet d'aucune notification" à l'Etat ni à la Commission européenne et "l'analyse des échanges entre Ryanair et la SAGEB démontre l'intention délibérée des parties de déroger" aux tarifs en vigueur.

Les magistrats déplorent aussi les "lacunes" du SMABT, l'absence de réaction du préfet et les manquements des commissaires aux comptes. Ils demandent enfin à l'Etat d'"analyser les impacts fiscaux des accords illicites entre la compagnie Ryanair et le gestionnaire de l'aéroport" de Beauvais.

Contacté par l'AFP, Ryanair a assuré n'avoir bénéficié d'aucune "subvention ou aide publique".

"Nous négocions des contrats commerciaux de manière indépendante avec nos aéroports, qui se conforment tous entièrement aux règles de la concurrence", a encore ajouté la compagnie irlandaise.

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Commentaires 3
à écrit le 20/06/2017 à 15:28
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La CDC a déjà dénoncé ce genre de pratique à l'aéroport de Marseille en son temps et je crois savoir que RYANNAIR est partie de l'aéroport. En plus le personnel d'escale de l'aéroport est entièrement payé par la région. Par contre le prix du billet d...

à écrit le 20/06/2017 à 14:24
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Et il leur a fallu 20 ans pour enquêter...

le 20/06/2017 à 18:35
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remarque très pertinente !!!!!

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