
Déjà très dynamique l'été dernier, le trafic transatlantique pourrait passer encore un cap cette année avec l'apport du low-cost long-courrier. La compagnie américaine JetBlue lance officiellement son offre entre New-York et Paris, avec des vols quotidiens à partir du 29 juin prochain. Si cette ouverture de ligne vise avant tout à satisfaire la demande américaine, l'objectif est aussi de se faire connaître par la clientèle française avec une offre à l'année.
Visiblement satisfait de ses débuts sur le marché transatlantique deux ans après avoir lancé un vol New York-Londres en pleine pandémie, puis Boston-Londres l'an dernier, JetBlue entend poursuivre son élan. Et pour Jayne O'Brien, directrice du marketing, du produit et de la fidélisation, pas de doute que le prochain gros marché est la France : « Nous allons principalement là où nos clients nous montrent qu'ils veulent voler. Et la destination la plus demandée hors des Etats-Unis est Paris ». La capitale française sera donc desservie tous les jours, toute l'année par les Airbus A321 LR à long rayon d'action (Long range) de JetBlue.
Comme pour Londres, la cabine offrira 138 places sur deux classes. La classe économique comportera 114 sièges, dont 24 avec un espace supplémentaire, tandis que la classe avant, baptisée Mint, s'éloigne largement des standards du low cost. Celle-ci comprendra 22 fauteuils plus deux « studios » à l'avant de l'appareil avec un aménagement plus spacieux et des équipements supplémentaires.
Concurrence dense
JetBlue va donc proposer un peu plus de 25.000 sièges la première année, puis le double les années suivantes. Pas de quoi bouleverser un marché qui approchait les 2,5 millions de sièges avant la crise, et qui compte déjà de nombreux acteurs majeurs comme Air France, Delta Air Lines, American Airlines, United Air Lines. La compétition se jouera sans doute davantage avec les compagnies plus modestes, comme Norse Atlantic Airways et French Bee qui se positionnent aussi sur le segment du low cost long-courrier (le premier avec des A321). Cela sera peut-être aussi le cas avec La Compagnie et sa cabine toute affaires, au vu de ce que propose JetBlue sur sa classe avant.
Pour y arriver la compagnie se veut agressive sur les prix avec un tarif de lancement à 399 euros l'aller-retour en économie et 1.299 euros en business. A titre de comparaison, Norse a mis en place un tarif d'appel de 219 euros en économie et de 528 euros en premium economie sur son Paris-New York, mais en aller-simple et pour des vols qui débuteront fin mars. French Bee affiche de son côté des allers simples à partir de 231 euros.
S'établir localement
Jayne O'Brien se garde pour l'instant de donner des objectifs de passagers, de remplissage et encore moins de rentabilité, si ce n'est qu'elle « espère une demande élevée en se lançant en période de pointe » et que si l'on se réfère à ce qu'il se passe pour Londres « les avions seront très pleins ». Elle se veut ainsi très confiante en son produit et ce qu'elle appelle le « JetBlue effect », soit la combinaison de tarifs bas et de services élevés.
La directrice marketing reconnaît qu'elle vise initialement le marché américain, où la compagnie est bien connue avec une large base de clientèle. Mais elle ambitionne de construire une base de clients français et européens en s'appuyant sur les agences de voyages : « J'espère qu'au fil du temps, nous commencerons à développer une clientèle en France et au-delà, qui connaîtra nos produits et nos tarifs avantageux. » Des partenariats pourraient être aussi tissés pour amener les passagers au-delà de Paris, vers le reste de la France et l'Europe continentale, notamment par le TGV.
Pour la suite, JetBlue pourrait bien récidiver sur le marché français avec une ligne depuis Boston, mais des vols vers d'autres destinations européennes pourraient également être étudiés.
JetBlue a retrouvé le sourire en redevenant au rentable second semestre 2022 (mais en perdant encore 362 millions de dollars sur l'année). Pourtant, la compagnie américaine vit actuellement une séquence compliquée dans l'attente de deux décisions de justice. La première concerne l'approbation ou le refus par le département de la justice américain (DOJ) de son offre publique d'achat (OPA) hostile sur sa rivale Spirit Airlines. Après plusieurs mois d'affrontement, les actionnaires de cette dernière avaient fini par accepter une offre de 3,8 milliards de dollars, mais le DOJ a lancé une enquête approfondie craignant que cette fusion entraîne une hausse des tarifs. La décision devrait arriver incessamment sous peu. « Cela peut être n'importe quand », avance Jayne O'Brien, directrice du marketing, du produit et de la fidélisation de JetBlue, qui estime que la fusion permettrait pourtant de faire émerger un cinquième acteur, avec environ 10 % du marché américain, face aux quatre grands (American, United, Delta et Southwest) qui s'arrogent environ 20 % chacun. Selon l'agence Bloomberg, qui cite des proches du dossier, la décision du DOJ serait déjà prise et une plainte antitrust devrait être déposée auprès d'un tribunal fédéral pas plus tard que ce mardi. Une mauvaise nouvelle pour JetBlue qui fait déjà face à une autre action en justice intentée l'an dernier par le DOJ pour mettre fin à son partenariat avec American Airlines sur les vols depuis Boston et New York, connue sous le nom de « Northeast Alliance ». Jayne O'Brien assure néanmoins que JetBlue est « très confiante » à ce sujet.
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