Logistique : le double levier de l'immobilier et du transport pour atteindre la sobriété énergétique

À la frontière de l'immobilier et du transport, la chaîne logistique doit repenser ses processus pour tendre vers la sobriété énergétique. L'association qui rassemble les acteurs privés, France Logistique, dresse une série de recommandations allant de l'autoconsommation jusqu'à la décarbonation de l'acheminement des marchandises.
César Armand
(Crédits : C.A.)

Entre l'immobilier et le transport de marchandises, la chaîne logistique a une lourde empreinte carbone. Après avoir planché au printemps 2021 sur le verdissement de la logistique urbaine, la filière, qui pèse 10% du PIB et 1,8 million d'emplois, prend, en cet automne 2022, le virage de la sobriété énergétique.

Par la voix de l'association France Logistique qui réunit l'ensemble des acteurs privés, l'Afilog (100 membres, trois-quarts d'immobilier), l'Association des utilisateurs de transport de fret (AUTF), la Confédération des grossistes de France (CGF, 60.000 camions), l'organisation des transporteurs routiers européens (OTRE) et l'Union des entreprises de transport et de logistique de France (Union TLF) préconisent des recommandations au niveau des entreprises pour l'immobilier logistique et pour le transport de marchandises.

Au niveau des entreprises, France Logistique suggère de désigner un ambassadeur dédié, chargé de suivre le système d'alerte écoWatt - mis en place par RTE pour alerter sur les risques de coupures -, mais aussi de recenser et partager les bonnes pratiques écologiques (tri, consommation d'eau), de favoriser des déplacements domicile/travail « propres », de sensibiliser les collaborateurs aux écogestes ou encore de réduire la consommation énergétique du numérique.

Produire de l'énergie dans un contexte d'autoconsommation

En matière d'immobilier logistique, il s'agit de jouer sur l'éclairage en généralisant les LED, voire les détecteurs de présence, et même d'éteindre la nuit, ainsi que sur la climatisation et le chauffage en renforçant, notamment, l'isolation. Il est également conseillé d'optimiser les taux de remplissage des entrepôts froids, « fortement consommateur d'énergie », et de développer la capacité à être producteur d'énergie « dans le contexte où l'autoconsommation sera facilitée ».

En théorie, dès le 1er janvier 2023, les entrepôts de plus de 500 mètres carrés devront végétaliser ou solariser 30% de leur surface de toiture, conformément à la loi "Climat & Résilience" promulguée en août 2021. Des sociétés se positionnent d'ailleurs sur ce secteur, à l'image d'Ateron Invest, lancée en mai 2022 par l'énergéticien Greenbirdie, le cabinet d'architecture Franc et le logisticien Corsalis, et spécialisée dans l'investissement dans les infrastructures d'énergies renouvelables.

Dans la pratique, si les entrepôts stockent des produits dangereux, catégorisées ICPE 3 et 4, c'est-à-dire des installations classées protection de l'environnement relevant de la directive sur les émissions industrielles et toxiquesils ne sont pas soumis à cette obligation.

Les assureurs ne sont pas non plus des adeptes des installations supplémentaires d'énergies renouvelables « à cause des risques d'incendie, alors que les risques climatiques sont bien plus forts. Il y a cette dichotomie court-terme et long-terme », pointe Julie Villet, Head of ESG & Innovation chez Mileway.

Le développeur immobilier, Mountpark, s'est, lui, posé la question de la géothermie, qui permet de produire différents types d'énergie en fonction de la température de la chaleur puisée dans le sous-sol. Mais son installation dépend du code minier. « Autrement dit, nous n'avons aucune visibilité de réponse. Il faudrait que l'Etat et ses procédures suivent le fameux choc de simplification », relève Olivier Parizot, directeur France.

Le coût environnemental de l'énergie photovoltaïque n'est pas neutre non plus. « Selon les sources, les matériaux des panneaux solaires traditionnels sont recyclables à 95-98%, alors que les plus modernes, comme ceux possédant des cellules au tellurure de cadmium, ont des rendements supérieurs, mais sont composés d'éléments rares et toxiques », souligne Boris Paul, Business Development Manager chez Longevity UK.

Décarboner l'acheminement des marchandises

S'agissant du transport de marchandises, il est conseillé d'optimiser les recharges de batteries pour les véhicules et les engins de manutention en dehors des horaires de pic de consommation. Cela va de pair avec un renforcement des formations à l'éco-conduite, un entretien « optimal » des véhicules, un équipement en logiciels d'optimisation des tournées ou l'utilisation d'outils d'aide à la décision/conversion des flottes.

Reste désormais à la filière d'identifier les énergies décarbonées et de massifier les flux et les stocks. Les professionnels se sont déjà engagés à reporter leurs marchandises vers le fluvial, le maritime et le ferroviaire, tout comme ils ont promis d'atteindre la neutralité carbone en 2040 dans l'immobilier logistique. La balle est désormais dans le camp des collectivités territoriales pour le développement de partenariats publics-privés.

César Armand

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