Immobilier : pourquoi le promoteur Altarea investit dans la logistique urbaine

Le promoteur et développeur immobilier Altarea annonce « accélérer son développement » dans la logistique et la distribution urbaine du dernier kilomètre. À un moment où les grandes villes définissent des stratégies dédiées, le groupe vient de prendre une participation dans la jeune pousse spécialisée: Corsalis Logistics Real Estate. Explications.
César Armand
La logistique urbaine est au centre des préoccupations des collectivités territoriales, et en particulier les grandes villes. Elles travaillent à définir des stratégies pour assurer une distribution urbaine la plus silencieuse possible et surtout accélérer la transition écologique du transport de marchandises.
La logistique urbaine est au centre des préoccupations des collectivités territoriales, et en particulier les grandes villes. Elles travaillent à définir des stratégies pour assurer une distribution urbaine la plus silencieuse possible et surtout accélérer la transition écologique du transport de marchandises. (Crédits : iStock)

Déjà présent sur le commerce, le logement et l'immobilier d'entreprise, le groupe Altarea compte se renforcer sur le marché de la logistique. Trois ans après avoir acquis la moitié du capital du constructeur d'habitats en bois Woodeum et un an après avoir annoncé l'achat du gestionnaire d'actifs Primonial avant d'y renoncer en mars dernier, le promoteur immobilier annonce « accélérer son développement » dans ce domaine.

« Nous croyons profondément au potentiel du marché [...] Nous allons ainsi investir de manière importante dans le développement d'actifs logistiques qui comptent parmi les actifs de demain au cœur de la transformation urbaine et des nouveaux modes de consommation », écrit, dans un communiqué, le président-fondateur Alain Taravella.

Altarea Logistique sera dédiée à la "logistique du dernier kilomètre"

Non contente d'avoir déjà développé 30 grandes plateformes logistiques pour d'autres professionnels, de la grande distribution et du e-commerce, d'un total de 1 million de mètres carrés, et d'avoir 800.000 m² de projets dans les tuyaux, le groupe vient de créer une nouvelle marque baptisée Altarea Logistique. Objectif : développer une dizaine d'espaces de distribution du dernier kilomètre « à moyen terme », soit par la construction neuve, soit par l'achat de sites existants dans des projets mixtes bureaux-commerces-logements.

Une prise de participation dans une jeune pousse spécialisée

Outre la nomination interne d'un directeur de la logistique urbaine au sein de sa branche Commerce, Altarea vient de prendre une participation dans la jeune pousse spécialisée Corsalis Logistics Real Estate. Son savoir-faire : réhabiliter des bâtiments existants plutôt que démolir et reconstruire. Ensemble, ils viennent de restructurer, dans le XIIe arrondissement de Paris, un ancien local à Reuilly en entrepôt pour le spécialiste de la livraison de courses à domicile La Belle Vie.

« Nous sommes ravis de renforcer notre partenariat et serons ravis de contribuer au développement d'Altarea sur la logistique urbaine et collaborer avec leur nouvelle équipe », déclare, à La Tribune, Fabio Coppo, directeur associé de Corsalis Logistics Real Estate.

« Nous savons transformer des quartiers sur plusieurs hectares et y dédier des locaux à la distribution urbaine, ou convertir des locaux vacants ou des friches. Nous préférons en effet réinvestir sur des bâtiments existants et ramener des activités productives dans des quartiers qui en ont été privés », appuie son associé Rémi Goleger.

Les grandes villes définissent des stratégies de logistique urbaine

Cette annonce intervient dans un contexte où les collectivités territoriales, et en particulier les grandes villes, définissent des stratégies pour assurer une logistique urbaine la plus silencieuse possible et surtout accélérer la transition écologique du transport de marchandises. D'autant que le cabinet Roland Berger évalue à 8% la croissance annuelle du marché du e-commerce d'ici à 2030.

Dernière en date : la ville de Paris qui a dévoilé, le 16 juin dernier, sa stratégie 2022-2026. À cette occasion, le maire-adjoint (EELV) chargé de la transformation de l'espace public, des transports, des mobilités, du code de la rue et de la voirie promettait « des moyens financiers pour permettre des opérations, acquérir des fonciers et être en capacité d'accueil ».

« C'est pour baisser les nuisances et mieux réguler les flux », justifiait David Belliard.

La concurrence vient de lever 150 millions d'euros

Moins d'une semaine plus tard, la Sogaris, groupe spécialisé dans la conception, la réalisation et la gestion de bâtiments et de sites logistiques, dont la Ville est actionnaire à 49,5% aux côtés de la Caisse des Dépôts (17,7%) et des départements 92, 93 et 94, annonçait, le 23 juin, une levée de fonds de 150 millions d'euros pour « développer un immobilier logistique adapté à la ville durable ».

« Nous voulons répondre aux besoins de stock des enseignes et éviter le phénomène des "dark stores" tout en limitant l'empreinte carbone des villes », souligne une porte-parole du groupe Altarea.

« Les collectivités territoriales ont besoin d'aller vite pour gérer les impacts de la logistique urbaine. Leur agenda est parfois incompatible avec des projets à 4-5 ou 10 ans », abonde Rémi Goleger, directeur associé de Corsalis Logistics Real Estate.

Altarea n'est pas le seul opérateur sur le marché

La startup n'a d'ailleurs pas signé de contrat d'exclusivité avec le développeur-promoteur immobilier. « Nous n'allons pas nous interdire de faire de la co-promotion avec d'autres acteurs », déclare son associé Fabio Coppo.

Son nouvel actionnaire n'est d'ailleurs pas le seul opérateur sur le marché. BT Immo, qui métamorphose sous la marque « E-Valley » l'ancienne base aérienne de Cambrai (Nord) en parc logistique de 700.000 m² d'entrepôts, porte en ce sens Castignac, la co-entreprise initiée avec le gestionnaire d'actifs canadien Brookflield. Dotée d'un milliard de dollars, cette dernière cible les mini-espaces de stockage sous... les stades de football et de rugby.

Le foncier en France, et notamment dans les métropoles, reste en effet rare et cher, mais tout le monde s'accorde à vouloir encadrer le bruit, verdir les flottes et utiliser au maximum des véhicules doux en sortie des entrepôts.

César Armand

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