Pourquoi John Deere France se lance dans les batteries électriques

LOIRET. Le site orléanais de John Deere France, spécialisé dans la fabrication de moteurs à combustion pour machines agricoles, commencera à produire des batteries électriques fin 2024. Objectif : entamer la transition énergétique de sa gamme d’engins pour l’instant exclusivement alimentée au diesel.
Les futures batteries fabriquées dans l’usine de Saran de John Deere France seront réservées aux modèles de tracteurs de faible puissance.
Les futures batteries fabriquées dans l’usine de Saran de John Deere France seront réservées aux modèles de tracteurs de faible puissance. (Crédits : Reuters)

La filiale hexagonale du fabricant américain John Deere, spécialisé dans les machines pour l'agriculture, l'exploitation forestière, l'entretien des espaces verts et les travaux publics, vient d'annoncer un virage énergétique décisif pour ses différents modèles. John Deere France, dont l'usine principale et le siège sont situés à Saran, dans l'agglomération orléanaise, lancera au second semestre 2024 une nouvelle unité de fabrication de batteries pour les véhicules non routiers. « La filiale investira 30 millions d'euros dans une première ligne de production d'une capacité annuelle d'environ 20.000 batteries », explique son président, Bruno Rodique. « Un bâtiment actuellement désaffecté de 3.000 m2 accueillera cette nouvelle activité. La création d'une seconde ligne équivalente est programmée en 2027-2028 ».

Pour ce faire, John Deere France s'appuiera sur la technologie innovante de refroidissement par immersion, développée par Kreisel Electric. Le groupe a racheté en février 2022 cette PME autrichienne qui emploie 200 salariés à Rainbach, au sud de Linz. Également implantée aux Etats Unis, Kreisel sera aussi mis à contribution par sa puissante maison mère pour assembler sur place des batteries destinées au marché nord-américain.

Implanté depuis 1965, John Deere France possède trois sites majeurs dans l'Hexagone. Outre une unité de fabrication de faucheuses-conditionneuses basée à Arc-les-Gray en Haute-Saône, la filiale opère son activité principale, la construction de moteurs thermiques, à Saran, dans le Loiret. Ils sont destinés aux deux tiers à ses propres engins, notamment les tracteurs et moissonneuses-batteuses fabriqués en Allemagne, ainsi que les pulvérisateurs assemblés par John Deere Holland. La production à Saran s'adresse pour le dernier tiers aux clients extérieurs à la marque, notamment les opérateurs de groupes électrogènes. Le site orléanais est lui-même intégré à la division « John Deere Power Systems » basée aux Etats Unis. Enfin, l'ensemble des fonctions commerciales et la formation sont situés dans une troisième unité à Ormes, également à proximité de la préfecture du Loiret. John Deere France emploie au total 1.360 collaborateurs et a généré 1,9 milliard d'euros de chiffre d'affaires prévisionnel en 2022.

Objectif de décarbonation de 30% en 2030

L'adjonction de la future activité de batteries à Saran va occasionner le recrutement supplémentaire d'une soixantaine de collaborateurs. Elle s'inscrit dans un plan général de transition énergétique. Le groupe vise ainsi une réduction de 30% de l'empreinte carbone de ses produits et de ses process de fabrication d'ici 2030. Concernant les machines issues des chaînes européennes de John Deere, les moteurs électriques n'équiperont pourtant qu'un nombre limité de tracteurs agricoles et forestiers, essentiellement pour des questions de puissance. De même, seuls les engins utilitaires d'entretien des espaces verts à faible puissance seront également concernés. De fait, l'électricité n'est pas la seule énergie alternative envisagée par le groupe pour alimenter ses machines dans l'avenir. John Deere France est ainsi partie prenante du consortium créé en Centre-Val de Loire en 2021 autour de la recherche et du développement de l'hydrogène. Outre le fabricant, cette structure regroupe trois autres partenaires industriels : les équipementiers automobiles Borgwarner à Blois et Caillaux à Romorantin, ainsi que le laboratoire Prisme, spécialisé sur la motorisation et basé à Orléans.

Pour tenir son objectif de décarbonation, la politique volontariste de John Deere France en termes de carburant de substitution s'accompagne enfin d'efforts sensibles vis-à-vis de son outil de production. Le groupe est ainsi en train de parfaire l'isolation des bâtiments de ses différents sites dans l'Hexagone. L'installation d'ombrières et de panneaux photovoltaïques est également en cours afin de d'améliorer la part de l'énergie renouvelable dans la consommation totale.

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Commentaires 3
à écrit le 28/12/2022 à 18:51
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Batteries non electriques ? Expliquez...

à écrit le 28/12/2022 à 9:48
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Un tracteur électrique....Je n'en vois pas trop l'intérêt en terme de puissance, de temps de recharge/utilisation

le 28/12/2022 à 13:09
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Pensez vous que John Deere puisse se fourvoyer à ce point .... tout comme les fabricants de bus , voire de poids lourds ... ?

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