
Après la remise du rapport Spinetta sur "l'avenir du transport ferroviaire" au Premier ministre Édouard Philippe, la semaine dernière, l'exécutif consulte et concerte. La ministre des Transports Élisabeth Borne a reçu, hier, tour à tour, les présidents du directoire et du conseil de surveillance Guillaume Pepy et Frédéric Saint-Geours, le Pdg de SNCF Réseau Patrick Jeantet, et les quatre syndicats représentatifs de la SNCF (CGT, Unsa, SUD et CFDT), pour la première phase de concertation sur l'avenir de la SNCF.
Chacun ont réaffirmé leurs "limites" quant aux pistes du gouvernement sur l'avenir du groupe ferroviaire, la CGT concluant même que "toutes (ses) craintes" étaient "confirmées". Ambiance.
"Une casse du service public" pour la CGT
En sortant du ministère, Laurent Brun, le secrétaire général de la CGT-Cheminots, premier syndicat représentatif, a regretté qu'il ne s'agissait "pas d'une consultation, [mais] d'un échange", avant de fustiger que les 43 propositions émises par Jean-Cyril Spinetta, l'ancien patron d'Air-France-KLM, amèneraient tout simplement à une "casse du service public".
"Il n'y a pas de véritable volonté de développement" du ferroviaire, "on est plutôt sur une logique d'attrition et de régression (...) une logique de casse du service public", a-t-il expliqué.
L'UNSA-Ferroviaire (deuxième syndicat) dit avoir posé "(ses) limites" et a néanmoins salué une ministre "plutôt ouverte à la concertation".
"Elle a un peu pondéré le rapport", a ajouté Roger Dillenseger, secrétaire général du syndicat.
Chez SUD-Rail, c'est clair, "on n'est d'accord sur rien avec le rapport", a déclaré Bruno Poncet, son représentant. Pour autant, comme la CGT d'ailleurs, ce syndicat estime avoir perçu une inflexion du discours gouvernemental sur les "petites lignes", alors que le rapport pose clairement la question du maintien de voies ferrées peu fréquentées.
Vers une mobilisation générale ?
Pour l'heure, seules la CGT-Cheminots et Force ouvrière ont appelé les salariés à se mobiliser le 22 mars, une date qui coïncide avec une journée d'action dans la fonction publique. Il ne s'agira pas d'une "grève nationale" à proprement dite, mais "la suite dépendra de ce que va annoncer le Premier ministre", a prévenu Laurent Brun.
L'Unsa, qui a donc fixé "(ses) limites", décidera jeudi si elle participe à la mobilisation et SUD-Rail, mercredi. "Il va falloir réellement" travailler à une "plateforme unitaire", a néanmoins jugé Bruno Poncet, membre du bureau fédéral SUD-Rail.
Sur l'antenne de Franceinfo ce mardi, Guillaume Pepy, le Pdg de la SNCF, a tenté de calmer les esprits. Il réfute toute privatisation de la SNCF et ne croit tout simplement pas à une grève des cheminots.
"Je suis persuadé que l'écoute et la concertation, la négociation vont permettre d'éviter une grande grève."
La "manifestation CGT", c'est non pour la CFDT
La CFDT-Cheminots a, quant à elle, d'ores et déjà exclu prendre part à ce qu'elle qualifie de "manifestation CGT". Elle attendra plutôt les arbitrages du gouvernement avant d'initier une éventuelle action, "qui pourra aller jusqu'à la grève si besoin", selon Rémi Aufrère-Privel, un responsable syndical.
Didier Aubert, secrétaire général de la CFDT-Cheminots, a énuméré lors de la rencontre avec la ministre les points sensibles à ses yeux contenus dans le rapport Spinetta, comme la suppression possible de milliers de kilomètres de petites lignes, l'extinction du statut des cheminots ou le changement d'appellation juridique de la SNCF.
Le sort réservé au statut des cheminots sera déterminant.
"Nous avons réaffirmé que nous défendrions évidemment le statut", a souligné le représentant CFDT. Le statut, c'est aussi "une offre de qualité de service" et "la sécurité ferroviaire", a insisté SUD-Rail.
Une intersyndicale est prévue jeudi soir.
(Avec AFP et Reuters)
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