Strasbourg aura le « RER » promis par Macron... dans moins de 15 jours

L'agglomération strasbourgeoise va profiter d'une offre de transports renforcée dans les gares de banlieue et vers les villes de sa périphérie. Cette nouvelle offre, imaginée il y a trois ans, est opérée par la SNCF et comprendra 120 trains supplémentaires chaque jour.
Une rame Alstom Regiolis B83559 du TER Grand Est en livrée Fluo Grand Est en Gare de Strasbourg, le 11 mars 2020.
Une rame Alstom Regiolis B83559 du TER Grand Est en livrée Fluo Grand Est en Gare de Strasbourg, le 11 mars 2020. (Crédits : Kevin.B via Wikipédia CC BY-SA 4.0)

L'annonce par Emmanuel Macron d'un "coup d'accélérateur" donné aux réseaux de RER dans dix métropoles françaises a surpris à Strasbourg, plus qu'ailleurs : dans treize jours, dans la capitale alsacienne, la promesse sera déjà réalité.

Le téléphone d'Alain Jund, élu écologiste strasbourgeois chargé des transports à l'Eurométropole, a beaucoup sonné ce lundi matin.

« Les élus des autres agglomérations m'appellent pour savoir comment nous avons fait. À Strasbourg, on va faire circuler plus de 800 trains supplémentaires par semaine. C'est une belle avance et nous l'avons gagnée parce qu'on a travaillé beaucoup et bien avec le conseil régional du Grand-Est », se réjouit Alain Jund.

Pas un « RER » mais un « REME »

120 trains supplémentaires chaque jour, des horaires cadencés à la demi-heure, des dessertes régionales entre le nord et le sud de l'agglomération, sans rupture de charge à Strasbourg, et une amplitude horaire élargie. Avec ce « réseau express métropolitain européen » (REME) dont la première phase entrera en service le 12 décembre, les autorités organisatrices (Région Grand-Est et Eurométropole) prévoient un choc de l'offre ferroviaire sans précédent.

En additionnant les mises en circulation de janvier et d'août 2023, ce sont pas moins de 259 trains supplémentaires qui viendront renforcer un service prévu pour s'étendre ensuite, avant la fin de la décennie, jusqu'à l'Allemagne sur la ligne régionale Strasbourg-Offenbourg (Bade-Wurtemberg).

Des rails co-financés par l'Europe

Depuis trois ans, avant de mettre en service ce RER strasbourgeois, il a fallu investir. Une quatrième voie a été aménagée sur 8 kilomètres au nord de Strasbourg. L'accès des trains par le nord de la gare de Strasbourg était saturé par le trafic des TGV, des TER et des trains de fret jusqu'à Vendenheim. La quatrième voie a été co-financée par l'Union européenne pour un coût de 117 millions d'euros. Pour ajouter des trains, le conseil régional du Grand-Est a fléché l'acquisition de 9 rames automotrices Régiolis, soit un investissement de 102 millions d'euros.

La question du financement du fonctionnement reste en suspens, résolue seulement à court terme par la signature d'une convention triennale : l'Eurométropole se partagera la facture (15 millions d'euros par an) à parts égales avec la région.

« La question qui se pose à Strasbourg est la même que partout en France. Comment fait-on pour financer les transports publics ? A terme, on ne pourra plus échapper au déplafonnement du versement transport des entreprises bloqué à 2% », milite Alain Jund, également vice-président du GART (Groupement des autorités responsables de transport).

Pour conférer une visibilité nationale et politique à leur projet, les élus strasbourgeois ont décidé d'organiser le 7 décembre une conférence à la Maison de la région Grand-Est, boulevard Saint-Germain à Paris.

Depuis l'annonce d'Emmanuel Macron, la conférence a pris de l'ampleur. Jean-Pierre Farandou, président de la SNCF et Clément Beaune, ministre des Transports, ont annoncé leur participation aux côtés de Pia Imbs, présidente de l'Eurométropole de Strasbourg, et de Jean Rottner, président (LR) de la région Grand-Est.

« On s'est demandé si la SNCF allait vraiment se donner les moyens pour réussir notre réseau express métropolitain », persifle Alain Jund. « Avec un ministre et le président de la SNCF, quand toute la France nous regardera, il n'y aura plus d'autre choix. »

Un réseau saturé et une ligne oubliée

Pour autant, la saturation des réseaux existants de transport urbain à Strasbourg inquiète les élus. Les associations d'usagers ont émis des critiques acerbes quant aux capacités du tramway local, dont la montée en puissance a pourtant été régulière au fil des mandats des élus locaux.

D'autres ont reproché au REME d'omettre la ligne Strasbourg-Lauterbourg, vers le nord de l'Alsace, dont la remise en état nécessiterait une centaine de millions d'euros de travaux.

« On va encore investir pour créer une nouvelle ligne de bus à haut niveau de service et des lignes de tramway vers le nord de l'agglomération », rappelle Alain Jund.

Le 22 septembre, l'ancien Premier ministre Jean Castex, président de l'Agence de financement des infrastructures de transport de France, est venu signer quatre conventions portant sur 115,5 millions d'euros d'investissement dans l'Eurométropole : extension de la ligne de tramway F, extension sur 4 kilomètres d'un bus à haut niveau de service depuis la gare, aménagement de deux pôles d'échange intermodaux à Vendenheim et Muldolsheim.

Strasbourg, qui avait pris de l'avance sur d'autres villes de taille comparable avec son tramway des temps modernes (1994) et ses 600 kilomètres pistes cyclables, a vu son étoile se ternir avec les encombrements persistants de la circulation.

La municipalité écologiste au pouvoir depuis 2020 veut relancer la machine et peser dans les débats sur une politique nationale de transports durables.

« Le gouvernement a dépensé 7 milliards d'euros pour réduire de 30 centimes le prix d'un litre d'essence », rappelle Alain Jund. « Si l'État investit la moitié de cette somme dans des transports en commun urbains, on aura gagné. »

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Commentaires 4
à écrit le 29/11/2022 à 11:24
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L'alsace et la moselle disposent encore des emprises des tramways du Reich souvent transformés en piste cycliables, il suffirait de les re aménager pour re créer un transport par rail léger et automatique. Il est vrai que faire un réseau interconn...

à écrit le 29/11/2022 à 9:05
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Si on peut éviter la propulsion diesel, ce sera encore mieux. Si on peut également éviter que les idées venues "d'en haut" soient financées par les villes, départements et régions, ce sera parfait.

le 29/11/2022 à 12:37
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Qui d'autre pourrait financer un service déficitaire sur le long terme ?

le 30/11/2022 à 13:56
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et si on peut éviter la propulsion à essence ça sera encore mieux, ne vous focalisez pas que sur le diesel (en Norvège l'essence est surtaxée car génère beaucoup de CO2 : diesel (je consomme 3,99L/100) ou électrique), sauf en ce qui concerne les motr...

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