Tours veut devenir l'épicentre du vélo en France

TOURS. Sous la houlette de la majorité écologiste aux affaires depuis mars 2020, la ville vient de lancer un nouveau pôle économique autour du vélo. L’ambition de la capitale de la Touraine est prendre toute sa place au sein du Grand Ouest, premier terrain de mobilité douce de l'Hexagone.
Le futur pôle du vélo de Tours, lancé avec le Pdg de Cyfac Aymeric Le Brun (à gauche), figurait dans le programme d'Emmanuel Denis (à droite), élu maire en 2020.
Le futur pôle du vélo de Tours, lancé avec le Pdg de Cyfac Aymeric Le Brun (à gauche), figurait dans le programme d'Emmanuel Denis (à droite), élu maire en 2020. (Crédits : Reuters)

La ville de Tours veut sucer la roue du Grand Ouest, selon l'expression empruntée au monde du cyclisme. Le fabricant de vélo haut de gamme Cyfac (Cycles fabrication artisanale de cadres) sera la première entreprise à intégrer le pôle tourangeau autour du vélo, constitué au sein de la zone industrielle du Menneton, dans l'agglomération de Tours. Installée aujourd'hui dans la commune de Hommes, au nord de l'Indre-et-Loire, la société transfèrera activité et personnel entre 2023 et 2024 dans un bâtiment de quelque 3.000 m2, auparavant utilisé par la menuiserie metallique Meltis. Elle en occupera les deux tiers. « Nous sommes trop à l'étroit dans nos locaux actuels, explique Aymeric Le Brun, Pdg de Cyfac. « Le déménagement va nous permettre non seulement de doubler la surface de notre atelier, mais encore de nous intégrer au sein du futur écosystème autour du cycle ».

Fondée en 1982, Cyfac fabrique des vélos premium sous sa propre enseigne mais aussi sous la marque Meral. Créée en 1974, elle été relancée en 2018. Les prix des différentes gammes de Cyfac varient ainsi entre 3.000 et 8.000 euros. Parallèlement distributrice en France du leader européen de la bagagerie pour vélos, Ortlieb, la société locale emploie 21 salariés. Elle a réalisé quatre millions d'euros de chiffre d'affaires en 2021. Cyfac, qui a présenté le 25 novembre son nouveau modèle 100% carbone, Paradox, investira quelque 300.000 euros dans l'aménagement et l'adaptation du bâtiment à son activité. Il s'agit notamment d'automatiser ses process de fabrication. Via son nouvel outil, la société compte ainsi sortir de son marché de niche pour toucher un public plus étendu, tout en restant sur le segment du cycle haut de gamme.

Nouvelle filière économique du vélo

Illustration de l'état d'avancement du futur pôle du vélo de Touraine, Cyfac sera bientôt rejoint par Nouvelle attitude. Cette filiale de la Poste, spécialisée dans l'entretien et la réparation des cycles des facteurs, s'installera dans les 1.000 m2 restant de l'ilot Meltis. Dans un second temps, à l'horizon 2026-2027 Cyfac ambitionne de reconstruire sa propre manufacture du vélo sur le site, représentant un investissement de l'ordre de deux millions d'euros.

A terme, d'autres acteurs du secteur du cycle devraient venir renforcer l'éco-système du Menneton. En vitesse de croisière, il doit en principe se déployer sur quelque 15.000 m2 entièrement dévolus à cette activité. Il s'agit notamment de la coopérative Veloop, basée dans l'agglomération tourangelle et spécialisée dans le reconditionnement de cycles. Son ambition de faire émerger une filière d'économie circulaire autour du vélo est appuyée par Cyfac. Via l'opération Garage, le fabricant lancera lui-même en 2023 la revente de cycles d'occasion Meral, rapportés par leurs propriétaires. Il escompte ainsi réaliser 100.000 euros de recettes en 2025 sur le segment du vélo durable.

L'activisme de la ville et de la métropole de Tours s'inscrit dans un schéma interrégional de structuration d'une filière autour du vélo dans le Grand Ouest de l'Hexagone. La Bretagne, les Pays-de-Loire ainsi que le Centre-Val de Loire peaufinent actuellement un nouveau cluster complet, entre les trois territoires. Si la structure juridique du futur dispositif économique reste encore à définir, il fédèrera notamment des fabricants de cycles classiques, de vélos cargo, et des accessoiristes. L'une de ses têtes de proue est La Manufacture française du cycle basée à Machecoul en Loire-Atlantique, dont sort chaque année quelque 450.000 vélos. Identifiée dès 2019 et en forte augmentation depuis la crise sanitaire en 2020 et 2021, la nouvelle filière économique du cycle devrait passer au plan national de 13.000 emplois aujourd'hui, à 100.000 emplois en 2050, selon le député du Val-de-Marne Guillaume Gouffer-Cha. Le parlementaire (Renaissance) a remis son rapport sur la mobilité douce en février 2022 au ministre des transports, Jean-Baptiste Djebbari. Des perspectives encourageantes dont compte bien profiter le Grand Ouest, Touraine comprise, pour renforcer encore sa position d'épicentre du vélo en France.

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Commentaire 1
à écrit le 15/12/2022 à 8:28
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Essayez de faire du velo dans cinq centimetres de neige. Avec micron, la France a reculons.

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