Le malheur des uns fait le bonheur des autres. C'est ainsi que Vueling capitalise sur la récupération des créneaux horaires de décollage et d'atterrissage qu'Air France a dû lâcher à Orly en contrepartie de sa recapitalisation pour connaître un développement sans précédent en France et s'imposer comme la deuxième compagnie sur l'aéroport parisien, derrière Air France-Transavia mais devant Easyjet. Plus d'une trentaine de nouvelles routes sont en train d'y être déployées
Pour Marco Sansavini, son PDG, Vueling est en train de compléter son développement et d'arriver à maturité. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que la compagnie low cost du groupe IAG (British Airways, Iberia, Aer Lingus), connaît une sacrée poussée de croissance en France. L'opérateur espagnol va passer de 11 liaisons à l'été 2019 à près de 50 cet été.
Marco Sansavini ne le cache pas. Si sa compagnie se positionne désormais comme le deuxième opérateur à Orly, c'est grâce aux créneaux de décollage et d'atterrissage lâchés par Air France. Pour rappel, l'an dernier, le groupe français avait été contraint par la Commission européenne d'abandonner 18 "slots" (soit 9 allers-retours quotidiens) à Orly en contrepartie des aides d'Etats accordées par la France. Une aubaine pour l'opérateur espagnol, qui avait raflé la totalité de la mise. Selon Marco Sansavini, la décision de Bruxelles (et non du Cohor, l'Association pour la coordination des horaires qui gère habituellement les attributions en France) s'est faite en tenant compte de la pérennité de l'offre et du nombre de sièges et de destinations proposés.
Changement de dimension
Pour le dirigeant, ces créneaux tombés du ciel ont changé la position compétitive de Vueling en France. Bien qu'encore derrière Transavia - qui croît également fortement au gré du renforcement de sa flotte et vise 100 destinations depuis Orly cet été - la compagnie espagnole est désormais la deuxième compagnie sur l'aéroport du sud de Paris devant Easyjet. Alors que le trafic de Vueling tendait à stagner autour de 3 millions de passagers entre 2015 et 2019, il devrait repartir sensiblement à la hausse. Ce développement pourrait entraîner une amélioration de la notoriété de Vueling en France, bien moins importante que ce qu'elle peut être aujourd'hui en Espagne, voire en Italie.
Le centre de gravité de la compagnie, jusque-là très centré autour du bassin méditerranéen, devrait d'ailleurs évoluer. Si l'Espagne reste le marché majeur, le développement sur Orly amène Vueling à regarder plus vers le Nord avec le lancement de routes vers le Royaume-Uni et l'Allemagne, mais aussi vers le Danemark, la Norvège et la Suède. Cet axe Nord-Sud est aussi renforcé par la possibilité de faire des connexions entre deux vols Vueling à Paris-Orly, comme à Barcelone et Rome.
En tout, Orly sera désormais desservi par 13 avions, dont 9 basés en permanence. C'est quatre de plus qu'en 2019. Vueling va également renforcer ses capacités avec l'intégration prochaine d'Airbus A321 NEO pour remplacer les A320 actuels.
Londres-Gatwick, nouveau pôle de croissance
Vueling se développe également fortement au Royaume-Uni avec une base à Londres-Gatwick. Elle y bénéficie d'une récupération de créneaux, cette fois volontaire, de la part de British Airways. La compagnie britannique, également membre du groupe IAG, se désengage en effet de l'aéroport londonien pour laisser la place à la low cost espagnole ainsi qu'à sa nouvelle filiale BA Euroflyer.
Selon Marco Sansavini, Vueling avait déjà retrouvé 76 % de son trafic au quatrième trimestre 2021 par rapport à la même période en 2019. Avec les développements en cours en France et au Royaume-Uni, le dirigeant estime qu'il aura retrouvé 100 % de sa capacité de 2019 dès le deuxième trimestre qui s'apprête à commencer.
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