C'est une victoire par KO pour Vueling. La Commission européenne vient d'annoncer l'attribution de l'intégralité des créneaux mis à disposition par Air France sur l'aéroport de Paris-Orly - mesure exigée par Bruxelles en contrepartie des aides d'Etat accordées par la France - à la compagnie ibérique, filiale à bas coût du groupe IAG. Vueling obtient ainsi pas moins de 18 créneaux quotidiens supplémentaires (soit 9 aller-retour par jour- sur l'aéroport parisien et pourra les exploiter à partir de novembre. Leur transmission doit désormais être finalisée entre les deux compagnies.
Cette attribution s'est faite selon une procédure ouverte, selon Margrethe Vestager, vice-présidente exécutive de la Commission européenne chargée de la politique de concurrence. Selon le communiqué, c'est ainsi « la Commission, assistée du mandataire chargé de la surveillance, (qui) a examiné en détail les propositions reçues en accordant la priorité aux transporteurs exploitant déjà une base à l'aéroport de Paris-Orly, et en classant ensuite les propositions selon le niveau de capacité et de connectivité que déploieraient les transporteurs en faisant usage des créneaux mis à disposition par Air France.» Cette façon de procéder diffère des redistributions classiques au cours desquelles les créneaux sont redistribués à 50-50 entre les nouveaux entrants et les acteurs déjà présents sur la plateforme.
Chantre de la concurrence en Europe, Margrethe Vestager a déclaré : « Cela permettra à Vueling d'élargir ses activités dans cet aéroport très saturé et contribuera ainsi à garantir des prix équitables et un choix accru pour les consommateurs européens. Cela contribue également à ce que le soutien en capital considérable accordé à Air France permette à cette compagnie aérienne de surmonter les difficultés financières dues à la pandémie de COVID-19 sans fausser indûment la concurrence sur le marché unique. »
Une attribution qui va faire jaser
Cette décision, avec une attribution de l'ensemble des créneaux à un transporteur déjà bien implanté à Orly, risque pourtant de soulever des contestations. L'aéroport parisien étant plafonné à 250 000 décollages et atterrissages par an, ces créneaux sont rares et extrêmement précieux. Plusieurs compagnies convoitaient donc la mise, qu'il s'agisse d'autres compagnies intra-européennes low cost ou d'opérateurs davantage tournés vers la desserte de destinations long-courrier.
Le règlement européen demande pourtant habituellement de répartir les créneaux pour moitié aux compagnies déjà installées sur l'aéroport, pour l'autre aux nouveaux arrivants. Lors de la faillite d'Aigle Azur en 2019, sept vols quotidiens avaient été accordés à des nouveaux entrants, et six à des acteurs installés. Vueling n'avait alors rien obtenu, au contraire de Transavia, Wizz Air et Easyjet.
Air France, comme Lufthansa avant elle à Francfort et Munich, avait dû rendre une partie de ses créneaux à Orly pour bénéficier de 4 milliards d'euros d'aides de la part de l'Etat français et ainsi boucler sa recapitalisation au printemps dernier.
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