Jousselin se joue de la crise du bâtiment

Le procédé innovant de mur conçu par le constructeur fait un tabac. Mais si les ventes explosent, les candidats à l'embauche ne se bousculent pas.

PAYS DE LA LOIRE/MATÉRIAUX

Alors que le secteur du bâtiment poursuit sa chute (les mises en chantier de logements étaient encore en recul de 19 % en juillet), le groupe Jousselin, fort d'un carnet de commandes plein jusqu'à fin 2010, peine à satisfaire la demande de ses clients. « La baisse d'activité de 35 % dans la construction de pavillons est compensée par la préfabrication et notamment le succès de nos murs à coffrage intégré architectonique », explique Jean-Yves Jousselin, PDG de la société éponyme créée par son grand-père en 1936. Le chiffre d'affaires consolidé de l'entreprise de bâtiment de Chazé-Henry (Maine-et-Loire) est ressorti en hausse de 5 % au 31 mars 2009, à 22 millions d'euros répartis entre la construction (16,5 millions d'euros) et la préfabrication (5,8 millions). Cette dernière activité devrait progresser de près de 50 % cette année, alors que la construction affichera un petit 3 %. « Nous avons prévu de réaliser 8,5 millions d'euros de chiffre d'affaires sur l'exercice 2009-2010 avec les murs préfabriqués et notre carnet de commandes a déjà engrangé 7,5 millions de contrats », annonce le dirigeant.

réseau d'usines

Si, dès 1969, Jousselin s'est lancé dans la préfabrication, cette activité vient de prendre une nouvelle dimension avec la construction en 2008 d'un atelier de 3.000 m2 dédié à la production de la dernière innovation de la maison, l'InoV'Mur. Ce mur, partiellement préfabriqué en usine, associe deux peaux de béton armé (avec un isolant thermique fixé sur la peau extérieure) qui sont reliées par des connecteurs en matériaux composites et entre lesquelles du béton est coulé sur le chantier. « La principale innovation d'InoV'Mur tient à son process de fabrication qui évite le pont thermique, détaille Jean-Yves Jousselin. Nous sommes de plus les seuls en Europe à intégrer la totalité de la démarche, de la fabrication des connecteurs à la pose de l'isolant. »

Maisons individuelles basse consommation au Mans, bureaux des ressources humaines de l'armée de l'air à Tours, pôle des arts à Nantes, etc. : les murs préfabriqués gagnent du terrain. Jousselin (200 salariés) compte profiter de cet engouement pour donner une dimension nationale à son activité de préfabrication, la construction de pavillons, de logements collectifs et d'autres bâtiments industriels étant concentrée sur le grand ouest. La stratégie de Jean-Yves Jousselin va consister à lancer un réseau d'usines dans l'Hexagone. Il vient de créer avec Megevan-Cheminal, un constructeur de Haute-Savoie, la société Préfa du Léman. « L'accord consiste à vendre notre process et à nous rémunérer à partir des licences d'exploitation », détaille Jean-Yves Jousselin, dont le principal problème aujourd'hui est de trouver du personnel.

Faute de pouvoir attirer des professionnels du bâtiment, et encore moins des jeunes que le milieu rural rebute, il donne leur chance aux habitants de son village. Ainsi, à 51 ans, le boulanger de Chazé-Henry, contraint de fermer sa boutique en février 2008, a été embauché le mois suivant. Une ingénieure espagnole de 25 ans vient aussi de rejoindre l'entreprise et occupe un poste resté vacant pendant un an. n

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