BP fait face à une fronde massive de ses actionnaires et pas les moindres. Le pétrolier avait annoncé en février, en marge de résultats record, qu'il comptait doper ses bénéfices d'ici 2030 en investissant davantage à la fois dans les énergies renouvelables mais aussi dans les hydrocarbures, ralentissant le rythme de sa transition énergétique.
Une trajectoire à laquelle se montrent hostiles cinq fonds de pension parmi les plus importants au Royaume-Uni. Ils ont ainsi prévenu qu'ils allaient s'opposer à la reconduction du mandat de Helge Lund lors de l'assemblée générale qui se tient ce jeudi à Londres.
« Si BP continue sur cette trajectoire, nous avons de sérieuses inquiétudes sur le fait qu'ils atteindront leur objectif de neutralité carbone et sur le succès à long terme de l'entreprise », dénonce le fond Nest. Il dit souhaiter voir des investissements « davantage dans les solutions à faible émission de carbone et les renouvelables, plutôt que dans de nouveaux sites pétroliers et gaziers ». Brunel, autre fonds de pension, votera aussi contre la reconduction du président de BP pour signaler ses inquiétudes sur « le changement de stratégie » environnementale de l'entreprise.
Aligner les objectifs de réduction d'émissions pour 2030 sur ceux de l'accord de Paris
L'organisation d'activisme actionnarial Follow This a aussi déposé une résolution qui demande au groupe d'être plus ambitieux sur ses objectifs climatiques. Greenpeace, qui louait un an plus tôt « le plus ambitieux des géants pétroliers » pour sa transition, avait alors fustigé des engagements « sapés par la pression des investisseurs et des gouvernements ». Follow This estime qu'un « objectif de neutralité carbone pour 2050 est insuffisant », et demande au groupe d'aligner ses objectifs de réduction d'émissions pour 2030 sur ceux de l'accord de Paris - qui vise à limiter le réchauffement climatique en dessous de deux degrés et si possible à 1,5°C par rapport à la période 1850-1900.
L'ONG Fossil Free London a prévu de perturber l'AG pour interpeler BP sur sa transition énergétique. L'association écologiste Les amis de la Terre appelle pour sa part, en vue de l'AG, à taxer davantage BP et les autres géants énergétiques vu leurs profits exceptionnels tirés de la flambée des cours après la guerre en Ukraine, pour aider à réduire drastiquement les factures pour les ménages.
La direction considère sa stratégie climatique « cohérente », elle a le soutien du fonds souverain de Norvège
« Nous reconnaissons que certains actionnaires et autres parties prenantes peuvent avoir des points de vue différents sur les décisions que nous prenons », a reconnu le CA dans une réponse à cette résolution. Mais le conseil d'administration « considère (sa stratégie climatique) globalement cohérente avec les objectifs de Paris », a-t-il ajouté, appelant les actionnaires à voter contre la résolution de Follow This. Il peut compter sur le fonds souverain norvégien, l'un des plus importants investisseurs dans le monde, qui a indiqué qu'il voterait contre la résolution.
(Avec AFP)
La directrice de l'ONG Reclaim Finance a publié ce mercredi une lettre adressée au directeur général d'Axa Thomas Buberl pour enjoindre l'assureur, à la veille de son assemblée générale, ce jeudi, de ne plus couvrir « l'expansion pétro-gazière ». « Sous votre direction, votre groupe a été l'un des premiers à prendre des engagements sur le charbon puis sur le pétrole et le gaz », salue Lucie Pinson, directrice de l'ONG. Elle s'inquiète toutefois « d'entendre Axa défendre des positions ne reposant plus sur des fondements scientifiques », en affirmant qu'une entreprise peut être en transition tout en continuant à développer de nouveaux projets pétroliers et gaziers. « Le 27 avril prochain (ce jeudi) vous présenterez à vos actionnaires les résultats économiques exceptionnels du groupe Axa, malgré des ambitions climatiques à l'arrêt depuis octobre 2021. Nous vous appelons à montrer la voie à votre industrie, comme vous avez su le faire par le passé en adoptant notamment une politique robuste face à l'expansion pétro-gazière ».Reclaim Finance demande à l'assureur Axa de ne plus couvrir « l'expansion pétro-gazière »
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