
Peut mieux faire. C'est ce qu'a estimé la Banque centrale européenne dans sa communication sur la prise en compte par les banques européennes des risques liés au climat. L'institution en a ainsi conclu, ce vendredi, que les établissements ne délivrent toujours pas suffisamment d'informations sur les risques climatiques auxquels elles font face.
« Bien qu'au cours de l'année écoulée, les banques aient augmenté le nombre d'informations qu'elles publient, la qualité de ces informations est encore trop faible pour répondre aux normes de surveillance à venir », a pointé la BCE dans un communiqué. Et pour cause, seules 6% des banques divulguent des informations suffisantes dans les cinq catégories de l'évaluation réalisée par l'institution financière.
Par exemple, même si la moitié des banques fournissent des informations sur la quantité d'émissions de carbone qu'elles financent, ces informations sont « incomplètes » dans la majorité des cas, déplore-t-elle. Les autorités de surveillance ont donc demandé aux banques de remédier à ces lacunes et de « renseigner la stratégie avec laquelle elles se préparent à se conformer aux futures normes » de l'autorité bancaire européenne.
De précédentes évaluations
Ce n'est pas la première fois que la BCE se penche sur ce sujet. C'est même la troisième année d'affilée qu'elle réalise une telle évaluation. En 2020, elle avait d'ailleurs publié un catalogue de recommandations à destination des banques. En outre, l'année suivante, elle avait évalué à grande échelle la manière dont celles-ci adaptent leurs pratiques pour gérer les risques climatiques et environnementaux. À l'époque, cette évaluation avait mis en lumière le fait que la moitié des 112 banques concernées ne s'attendaient toujours pas à ce que ces risques aient un « impact significatif » sur leur profil de risque dans les trois à cinq ans.
Autant de banques n'avaient « pas prévu d'actions concrètes » pour les intégrer dans leurs stratégies commerciales, quand moins d'un cinquième avaient développé des indicateurs de risque clé à surveiller. L'institution avait donc appelé la plupart des prêteurs qu'elle supervise à modifier leurs stratégies commerciales « pour tenir compte du changement climatique » et des risques qu'il implique. La même année, elle avait lancé un premier test de résistance thématique lié aux chocs climatiques, qui avait, de nouveau, mis en exergue les lacunes des banques.
Face à la lenteur des progrès effectués depuis, la BCE avait fixé des délais spécifiques à chaque établissement pour répondre à ces attentes au plus tard d'ici fin 2024. Parmi ces exigences, les entreprises devaient évaluer complètement les risques climatiques et environnementaux de leurs activités.
Vers de nouvelles mesures de surveillances
Pour les inciter à agir davantage en ce sens, la BCE s'apprête donc à resserrer ses exigences. « Des règles de divulgation plus strictes entrent en vigueur cette année. Si nécessaire, nous prendrons les mesures de surveillance appropriées pour nous assurer que les banques s'y conforment », a ainsi indiqué Frank Elderson, vice-président du conseil de surveillance de la BCE. L'an dernier, il avait menacé de publier la liste des banques qui continuaient de ne pas publier leurs risques climatiques.
En outre, l'institution mène cette année une nouvelle édition des tests de résistances plus globaux, destinés à jauger la solidité financière des établissements face à des scenarii de crise économique et dont les résultats seront connus en juillet.
(Avec AFP)
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