[Article mis à jour le 22/04/21 à 21:00]
L'accueil est enthousiaste, au premier jour du sommet international virtuel sur le climat organisé par Joe Biden. Plusieurs des dirigeants mondiaux invités y ont applaudi le « retour » de l'Amérique dans la lutte contre le réchauffement, près de 100 jours après l'arrivée du démocrate dans le Bureau ovale. « Je suis ravie de voir que les Etats-Unis sont de retour pour travailler avec nous sur le climat. Il ne fait aucun doute que le monde a besoin de votre contribution si nous voulons vraiment tenir nos objectifs ambitieux », a ainsi lancé la chancelière allemande, Angela Merkel. « Nous sommes tous très heureux du retour des Etats-Unis », a renchéri le président sud-africain Cyril Ramaphosa.
Invités à s'exprimer tour à tour, ils ont égrené leurs propres engagements, après que Joe Biden a ouvert le bal en annonçant la réduction d'entre 50 et 52% des émissions de gaz à effet de serre des Etats-Unis d'ici à 2030, par rapport à 2005. Le président chinois, Xi Jinping, dont la venue était incertaine il y a encore quelques jours, a, de son côté, réaffirmé l'objectif d'une neutralité carbone de la Chine d'ici à 2060. En dépit de très vives tensions entre les deux grandes puissances rivales sur nombre d'autres dossiers, l'homme d'Etat s'est déclaré « déterminé à travailler avec la communauté internationale, et en particulier les Etats-Unis » sur ce front.
Lire aussi : Climat : Les Etats-Unis et la Chine se disent prêts à coopérer
Le Premier ministre britannique, Boris Johnson, qui se pose en leader sur ces questions, a ensuite défendu son projet renforcé, déjà annoncé mardi, de réduire les émissions du Royaume-Uni de 78% d'ici 2035 par rapport à 1990.
Transformer le système financier
Emmanuel Macron a lui aussi salué l'engagement américain. « C'est un choix historique sur le chemin qui nous mène vers Glasgow [qui accueillera la conférence climat de la COP 26 en novembre, NDLR] », a félicité le chef de l'Etat. Il a par ailleurs lancé un appel à « accélérer sur la mise en oeuvre des engagements de l'horizon 2030 », et demandé « un plan d'action qui soit précis, mesurable, vérifiable ». « Il faut mobiliser tous les leviers dont nous disposons, l'innovation, la transformation, la régulation », a-t-il souligné.
Et cette transition passera par la « transformation en profondeur de notre système financier », a affirmé Emmanuel Macron, se félicitant que le sommet qu'il a lui-même lancé, le One Planet Summit, ait « permis de réunir des fonds souverains, des asset managers, des private equity, pour tous s'engager derrière cette méthodologie commune » de mesures des investissements favorables au climat. Alors que la France fait partie des nombreux pays en retard sur leurs engagements pour atteindre les 1,5°C, le pays « prendra toutes ses responsabilités dans les prochains mois pour aller plus loin sur le sujet de cette finance au service du climat », a promis le président français.
Il a enfin redemandé de « donner un prix au carbone » en « intégrant la dimension environnementale dans le coût des investissements et dans nos relations commerciales », allusion à la taxe carbone que l'Union européenne veut mettre en place à ses frontières afin de lutter contre le phénomène de fuite des activités à l'étranger, dans des pays à la législation climatique plus souple qu'en Europe.
La Russie travaille à la mise en place d'une législation moderne
La Russie s'est également joint à la partie. En froid avec les Etats-Unis sur de nombreux sujets, le quatrième plus gros émetteur de gaz à effet de serre a néanmoins promis des avancées. D'autant que le pays est tout particulièrement concerné par le réchauffement climatique, en Sibérie et dans l'Arctique. Vladimir Poutine a rappelé - sans toutefois donner de chiffres -, son ambition de « limiter considérablement les émissions » de la Russie d'ici à 2050. A cet égard, il a affirmé remplir toutes ses obligations pour lutter contre le changement climatique, après avoir ratifié en octobre 2019 l'accord de Paris sur le climat (non sans hésitations). « C'est avec responsabilité que la Russie met en œuvre ses obligations internationales dans ce domaine », a-t-il souligné, assurant travailler « énergiquement à la mise en place d'une législation moderne » pour limiter ses émissions de gaz à effet de serre.
« La Russie est prête à proposer toute une série de projets conjoints, et à envisager des avantages pour les entreprises étrangères qui souhaiteraient investir dans les technologies propres (...) dans notre pays », a fait valoir Vladimir Poutine.
Même le président brésilien Jair Bolsonaro a annoncé par visioconférence que son pays visait désormais la neutralité carbone à l'horizon 2050, soit dix années plus tôt que l'objectif précédemment annoncé. « J'ai décidé que la neutralité climat au Brésil serait atteinte en 2050 », a ainsi déclaré Bolsonaro. Il s'est par ailleurs engagé à « éliminer la déforestation illégale au Brésil d'ici 2030 ».
Lire aussi : Biodiversité: malgré les promesses, la déforestation avance
Un début encourageant, estime Biden
Avec les nouvelles annonces faites ou attendues dans la journée, des pays « qui comptent pour plus de la moitié de l'économie mondiale » auront désormais pris des engagements de réduction des émissions, en ligne, en ce qui les concerne, avec l'objectif planétaire de réduction du réchauffement, s'est félicité un organisateur du sommet.
« C'est un début encourageant [...] nous commençons à faire de vrais progrès », s'est réjoui Joe Biden après les premières annonces.
Ce sommet marque « un tournant », a déclaré le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, alors que les grandes puissances invitées représentent ensemble 80% des émissions mondiales. Dans la soirée, l'organisation environnementale WWF a salué des annonces qui apportent « un nouveau souffle » à la lutte contre le réchauffement de la planète. « Les six mois à venir seront cruciaux », a cependant mis en garde John Kerry, évoquant l'échéance écossaise de novembre, la COP26 prévue à Glasgow, en Ecosse.
Sujets les + commentés