
C'est à croire que produire du béton, des granulats et du ciment ne rapporte plus. Pour la deuxième fois en un an, le producteur de matériaux casse sa tirelire pour acquérir une entreprise spécialisée dans l'isolation et la rénovation du bâtiment.
« C'est un excellent départ pour notre stratégie 2025 "Accélérer la croissance verte" qui nous permettra d'élargir notre division "Solutions et Produits" et de devenir un leader mondial des produits pour toitures », a déclaré Jan Jenisch, directeur général d'Holcim, dans un communiqué.
Moyennant 1,2 milliard d'euros, le Suisse vient d'acheter l'américain Malarkey Roofing Products dans la continuité de l'achat, en janvier dernier, de Firestone Building Products, un spécialiste des technologies de couverture, d'étanchéité et d'enveloppe du bâtiment.
« Cela témoigne de notre volonté d'évoluer d'un métier de producteur de matériaux à celui d'agrégateur de solutions avec accompagnement, conseils et services », expliquait, à l'époque, à La Tribune le directeur général de Holcim France, François Petry.
Des industriels de la construction... décarbonée
En réalité, il semble que le producteur suisse veuille rattraper son retard sur Saint-Gobain. Le groupe coté au CAC 40 s'est offert, dès novembre 2019 Continental Building Products (CBP), acteur majeur du plâtre outre-Atlantique, pour 1,3 milliard d'euros.
De la même manière que le fabricant et distributeur de matériaux de construction et de verre a signé, le 6 décembre dernier, un chèque de 2 milliards d'euros pour mettre la main sur GCP Applied Technologies. Cette plateforme mondiale est notamment reconnue pour ses solutions d'imperméabilisation pour les infrastructures, le commercial et le résidentiel. Mais aussi pour ses additifs pour ciment et adjuvants pour béton.
Que ce soit Holcim ou Saint-Gobain, tous deux entendent rester des industriels de la construction... décarbonée. Au 1er janvier 2022, entrera en vigueur la nouvelle réglementation environnementale des bâtiments neufs dite « RE2020 ». Tous les matériaux de construction pourront encore utilisés mais à condition, qu'à horizon 2031, « les matériaux plus usuels comme la brique et le béton se soient décarbonés ».
Réduire l'empreinte écologique du béton par tous les moyens
Tous les moyens sont donc bons pour réduire l'empreinte écologique du béton classique qui contient 88% de granulats et de sable ainsi que 12% de ciment, responsable à lui tout seul de 98% des émissions de gaz à effet de serre du béton.
Dès mai 2021, Saint-Gobain a ainsi dépensé 1,02 milliard d'euros pour se procurer l'entreprise Chryso, autoproclamée « leader mondial de la chimie de la construction » et, jusqu'en 2001, la propriété de Lafarge - désormais dans le giron d'Holcim -.
Suivie par le fabricant de colles pour le bâtiment, mortiers et produits d'étanchéité suisse Sika - dont Saint-Gobain détenait jusqu'à peu 10% du capital - qui a posé sur la table 5,2 milliards d'euros le 11 novembre dernier pour prendre MBCC Group. Cette ancienne branche de chimie de construction du groupe allemand BASF s'ajoute à Parex, payé 2,3 milliards d'euros en 2019.
« Nous ne faisons pas la course, nous serons co-leaders sur ce marché estimé à 60-70 milliards d'euros. Il reste encore quelques opportunités », soulignait, début décembre, le directeur général de Saint-Gobain.
« Nous ne fabriquons pas le béton et le ciment, mais sachant que nous n'allons pas vivre un monde de la construction sans béton, nous leur permettons de décarboner leur offre », poursuivait Benoît Bazin.
Les professionnels de la filière n'ont plus le choix
Le producteur de béton, de granulats et de ciment Holcim le sait et a annoncé le 1er décembre entrer au capital de l'isérois CCB Greentech pour remplacer le gravier et le sable par du bois.
D'autant que les professionnels de la filière n'ont plus le choix. Dès mai 2021, l'industrie cimentière s'est engagée, auprès du gouvernement, à baisser de 25% ses émissions à horizon 2030 et de 81% d'ici à 2050 ses émissions de gaz à effet de serre. Objectif final: rien de moins que la neutralité carbone.
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