Sur fond d'actualité brûlante, la Bretagne vient de tracer sa feuille de route énergétique pour 2050.
Déjà engagée dans des efforts de sobriété destinés à réduire les dépenses de chauffage et d'électricité dans les lycées et les bâtiments publics, l'exécutif régional a présenté jeudi 15 et vendredi 16 décembre, lors de la dernière session de l'année du Conseil régional, les grandes orientations du budget 2023, principalement guidées par l'accélération des transitions climatiques et écologiques.
Inflation et triplement des coûts de l'énergie
Alors que les débats se sont déroulés dans un contexte financier dégradé par l'inflation et le triplement des coûts de l'énergie, le budget 2023 pourrait subir un surcoût de dépenses estimé à 60 millions d'euros. Une somme non négligeable au regard du budget primitif de 2022 qui s'élevait à 1,726 milliard d'euros.
Pour réduire sa dépendance et accroître son autonomie, la Région affiche l'objectif de monter une véritable filière solaire régionale et de développer massivement la production d'énergie sur son propre patrimoine (lycées, ports et aéroports) via l'installation de panneaux en toiture ou en ombrière.
Baptisée Heol Breizh, cette feuille de route prévoit, entre autres, qu'à horizon 2027, un tiers des consommations électriques des lycées publics bretons sera couvert par le photovoltaïque.
8% d'énergie solaire d'ici à 2050
Le plan pour développer la production d'énergie solaire dans les lycées a été engagé dès 2020. Une vingtaine d'établissements sur les 115 concernés sont déjà équipés ou sur le point de l'être. Au total, 40 millions d'euros seront investis afin d'augmenter l'autoconsommation et réduire les factures.
« Nous allons accélérer la production d'énergie », a annoncé aux élus le président de la Région, Loïg Chesnais-Girard. Et d'ajouter :
« Une Bretagne à impacts, c'est une Bretagne qui produit son énergie renouvelable et participe à ce challenge européen de sécurisation énergétique. C'est un travail de moyen terme qui nécessite ambition et planification. Depuis 2017, nous mettons 10 millions d'euros tous les ans pour isoler nos bâtiments, nous avons engagé la fin des chaudières fiouls en 2023. »
L'an passé, pour couvrir ses besoins, la Bretagne a importé 81% d'électricité d'autres régions comme la Normandie et les Pays de la Loire, et donc produit sur son territoire seulement 19% de son énergie électrique, laquelle est à 75% d'origine renouvelable (barrage de la Rance, solaire, éolien terrestre, méthanisation).
La Région se fixe comme objectif d'atteindre 8% d'énergie solaire d'ici à 2050, au lieu de 3% actuellement (contre 2% au niveau national).
Pour parvenir à produire 4.400 GWh en 2050 (4,4 TWh), le plan solaire régional prévoit de multiplier par 8,4 le rythme du développement du solaire photovoltaïque par rapport à la décennie 2010-2020, et par 16 la production solaire de 2020 (274 GWh).
De l'hydrogène, de l'hydrolien, mais pas de nucléaire
« Comme elle l'a déjà fait avec l'hydrogène, en co-construisant une feuille de route avec les acteurs concernés (collectivités, État, entreprises), la Bretagne va partir du terrain pour bâtir une filière solaire complète avec les professionnels », précise à La Tribune un porte-parole du Conseil régional.
La filière solaire ayant des difficultés à recruter, l'un des volets de cette stratégie comprend la mise en place, dès 2023, d'une formation d'installation-maintenance en systèmes photovoltaïques pour les professionnels du bâtiment, les demandeurs d'emplois et les personnes en reconversion.
Heol Breizh accompagne un objectif global, fixé par le Schéma régional d'aménagement (Sraddet), de 45.000 GWh (45 TWh) d'énergies renouvelables produites par an d'ici à 2050. Soit une multiplication par 6 par rapport à 2016.
Outre le solaire ou l'éolien terrestre et maritime, le futur mix énergétique breton met aussi l'accent sur l'hydrogène, l'hydrolien et sur la centrale à gaz naturel de Landivisiau, en service depuis mars dernier.
Celle-ci devrait produire 1,5 TWh tandis que le parc éolien offshore de Saint-Brieuc, opérationnel en 2023 contribuera à hauteur de 1,7 TWh.
Jusqu'en 2050, le nucléaire n'apparaît pas comme une option retenue par la Bretagne, sauf décision de l'État d'y installer, un jour, un mini-réacteur SMR.
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