Eolien en mer : ce qui pousse le gouvernement à vouloir deux parcs au lieu d’un seul

Jean Castex a tranché. Le neuvième parc éolien offshore posé sur les fonds marins devrait voir le jour au voisinage du huitième, à quelques encablures des côtes normandes. Une approche motivée par des raisons techniques, économiques et environnementales qui n’est pas sans rappeler ce qui se pratique depuis longtemps chez nos voisins belges et néerlandais.
La zone de 500 km2, qui pourrait abriter deux parcs éoliens marins, se situe à 32 kilomètres de Barfleur.
La zone de 500 km2, qui pourrait abriter deux parcs éoliens marins, se situe à 32 kilomètres de Barfleur. (Crédits : DR)

Si rien ne vient entraver le processus, ce ne sont donc pas 80 mais au moins 160 éoliennes* qui émergeront des flots à un peu plus de trente kilomètres au large du port de Barfleur dans la Manche. Par la voix du premier ministre, le gouvernement a, en effet, annoncé vouloir saisir la CNDP (Commission nationale du débat public) d'un second projet éolien à l'intérieur de la l'immense zone maritime d'un demi-millier de km2 qui avait été retenue pour l'implantation d'un premier parc à l'issue d'un débat public en 2020.

Sur le plan stratégique, le choix est loin d'être anodin. En optant pour cette solution, la France semble vouloir adopter la même approche planificatrice que ses voisins du Nord de l'Europe, au détriment de la logique parc par parc qui prévalait jusqu'ici. « Les Belges, les Néerlandais et les Allemands identifient en amont de grandes zones qui sont ensuite découpées en trois, quatre voire cinq lots » rappelle Anne Georgelin, responsable de l'éolien au sein du Syndicat des Energies Renouvelables (SER).

Consensus politique

Plusieurs autres raisons expliquent le choix d'implanter le neuvième parc français « posé » à portée de vue du huitième. D'abord le relatif « consensus politique » dont bénéficie le site de Barfleur, comme l'a souligné Jean Castex à Saint-Nazaire. On se souvient qu'une vingtaine de grands élus normands, en tête desquels l'ancien premier ministre Edouard Philippe et le président de Région Hervé Morin, avaient plaidé pour la réalisation d'un second parc quelques mois auparavant au nom de ses effets roboratifs sur l'emploi et l'industrie régionale.

L'Etat a, en outre, déjà procédé sur place à une batterie d'études techniques et environnementales (mesures de vent, sondage des sols....) qui ont établi que la zone était, sinon idéale, au moins propice à l'accueil d'éoliennes. Mais c'est aussi la promesse d'une baisse des coûts du raccordement électrique à la terre qui a conduit Matignon à privilégier l'option « deux en un ». Pas exactement un point de détail quand on sait que celui-ci peut représenter jusqu'à 30% du coût global d'un parc offshore, à plus forte raison lorsqu'il est éloigné des côtes comme celui qui nous occupe.

Un raccordement optimisé

S'il se confirme, ce montage devrait, en effet, permettre de mutualiser une partie des installations à commencer par la très coûteuse plateforme offshore. Laquelle pourrait être partagée.

« Sur le plan technico-économique, il y a un vrai intérêt en raison des nombreuses solutions d'optimisation du raccordement et des effets de répétitivité, détaille Régis Boigegrain, directeur exécutif  en charge des affaires maritimes au sein de RTE. C'est aussi vrai sur le plan environnemental. En diminuant le nombre de câbles, on diminuera mécaniquement leur emprise et donc leur impact ».

 Régis Boigegrain souligne également l'intérêt d'une décision du gouvernement de lancer les deux appels d'offres à une échéance rapprochée. « Cela va nous permettre d'étudier des solutions mutualisées pour les deux parcs avec des anticipations d'investissement ce qui n'aurait pas été envisageable si le délai avait été plus long ». A la clef, une diminution non négligeable de la facture finale. RTE estime ainsi que le coût du raccordement pourrait se situer « autour de 24 euros le MWh » contre « 27 à 28 » dans l'hypothèse d'un seul parc. Un argument qui pèse.

Reste à savoir quand interviendra l'appel d'offres... s'il est lancé. A ce stade, la date demeure incertaine. Encore dans l'attente de la saisine promise par le premier ministre, la CNDP dira, au plus tôt début octobre, si elle opte pour un nouveau débat public ou pour une simple concertation avec garant : une procédure plus légère. La balle sera ensuite dans le camp du gouvernement que la proximité des élections présidentielles pourrait conduire à se hâter lentement.

Malgré le « consensus politique » vanté par Jean Castex, le sujet reste inflammable chez les pêcheurs que les aléas du Brexit rendent d'autant plus sourcilleux. Vent debout, leur comité régional dénonce « la précipitation des projets » et « le tapis rouge » déroulé aux énergies marines dans les poissonneuses eaux territoriales de la Manche, qu'elles soient françaises ou britanniques.

*leur nombre sera fonction de leur puissance

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Commentaires 17
à écrit le 07/09/2021 à 13:30
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Les vrais prix de production : -EPR français =120 euros/Mwh (source le Figaro et La Croix).Le prix de 70 à 90 euros déjà signalé est celui de la Cour des Comptes de 2014 (sic) réfuté par le Sénat car la Cour n'a pu donner les justifications nécessai...

à écrit le 06/09/2021 à 17:27
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Attention aux fausses informations propagées par le lobby nucléaire aux abois:le prix de revient de l'EPR c'est bien 120 euros/Mwh soit le double de l'éolien , pas étonnant que le pdg d'EDF veuille réformer l'entreprise :en fait il veut cantonner(sic...

le 06/09/2021 à 18:18
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le prix de l'eolien en mer c'est bien plus de 140€ du kwh. C'est dans le dossier technique remis par la sociéte Ailes Marines pour la baie de St brieuc. Désolé de vous contredire. Sans compter toutes les retombées financières permises par les prix ga...

le 06/09/2021 à 21:30
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le derniere enchere de l eolien offshore a Dunkerque donne 40 euros le MWH

le 06/09/2021 à 21:34
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Eolien flottant : 2021 : 250 MW, Bretagne (120€/MWh) 2022 : 250 MW, Méditerranée (110€/MWh) 2024 : 250-500 MW, selon les prix Eolien posé : 2019 : 500 MW, Dunkerque (70€/MWh) 2020 : 1000 MW, Normandie (65€/MWh) 2023-2024 : 1000-1500 MW (60...

le 06/09/2021 à 21:40
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Pour les centrales en cours de construction (l'EPR de Flamanville en France), la Cour des Comptes estime le coût de production d'électricité des nouveaux réacteurs dans une fourchette de 70 à 90 euros, en s’appuyant sur les coûts de construction de l...

le 07/09/2021 à 7:34
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Prix compense par l etait Si il depasse, le parc de Dieppe-Le Tréport bénéficiera d'un tarif de 131 euros par MWh, celui de Fécamp d'un tarif de 135,2 euros, celui des Iles d'Yeu et de Noirmoutier d'un tarif de 137 euros, celui de Courseulles-sur-Mer...

à écrit le 06/09/2021 à 10:42
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Comme Citoyen Indigne Niais, j'approuve : c'est super. La fin du pétrole est proche : - un supertanker s'encastre dans une superéolienne en mer, - une marée noire kollosale, - les allemands commandent un 3ème gazoduc à monsieur Poutine, - la Bre...

à écrit le 06/09/2021 à 10:32
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C'est enfin une bonne décision !!Produire de l'électricité à 60 euros/Mwh c'est 2 fois mieux que de produire de l'électricité EPR à 120 euros/Mwh (si ça marche un jour). Il faut faire plus ,notamment dans le solaire .Nota :l'Allemagne raccorde 4 GW ...

le 06/09/2021 à 12:52
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Chiffres farfelus. L'eolien en mer c'est minimum 140€ du kwh, 3 fois le nucleaire. Lisez le DMO déposé par le promoteur "Ailes Marines".

le 06/09/2021 à 19:04
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Mes chiffres sont vrais , les manigances et les effacements du lobby nucléaire n'y changeront rien

à écrit le 05/09/2021 à 16:44
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Question?ou sont fabriquées ces éoliennes?. Pas chez nous ça c'est sur. J'ai cru entendre dire en Allemagne. Quelqu'un peut'il me corriger .Mais bon puisqu'il n'y a plus d'industrie en france la messe est dite

à écrit le 04/09/2021 à 19:05
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Ah la magie noire de la Décroissance !!! Qui fabrique des milliers de chômeurs, qui ruine un État Providence déjà mal en point avec une dette publique pléthorique...C'est la porte ouverte à l'hyper inflation et l'entrée ds un inconnu sociétal particu...

à écrit le 04/09/2021 à 14:09
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Pas assez de projets et décisions trop longues. Rien de prévu dans le golf de Gascogne... Rien non plus en terrestre et rien en solaire. On y va à reculons... C'est nul !

le 06/09/2021 à 16:19
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Avec la Norvège et la Suède, nous sommes les champions de la decarbonation de l'électricité.

à écrit le 04/09/2021 à 12:13
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Bravo mais ce n'est pas assez et pas assez vite, nous avons le deuxième espace maritime économique mondial, nous pourrions faire bien mieux et en sortant de l'UE nous pourrions nous allier avec les anglais afin de dominer de nouveau les océans du mon...

à écrit le 04/09/2021 à 11:30
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plus d'énergie, plus de croissance, plus de pollution, plus pillage de la planète la meilleure énergie et la plus écologique est celle non dépensée en allemagne, espagne, les subvention baissent, le nombre d'installation d'éoliennes diminue encore ...

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