Gaïago veut améliorer la rémunération des agriculteurs grâce au carbone stocké dans les sols

L'entreprise bretonne d'agro-écologie, Gaïago, a mis au point des solutions innovantes destinées à revitaliser les sols et les agrosystèmes. Elle développe un projet de crédits carbone visant à rémunérer les agriculteurs engagés dans une démarche de stockage de carbone. Cette initiative, labellisée GreenTech Innovation par le ministère de la Transition écologique, lui permet de lever 13 millions d'euros.
Dans le cadre du projet carbone développé par Gaïago, les agriculteurs pourront revendre des crédits à des entreprises, multinationales ou PME de l'industrie ou du service, soucieuses de compenser leurs propres émissions et limiter ainsi les gaz à effet de serre.
Dans le cadre du projet carbone développé par Gaïago, les agriculteurs pourront revendre des crédits à des entreprises, multinationales ou PME de l'industrie ou du service, soucieuses de compenser leurs propres émissions et limiter ainsi les gaz à effet de serre. (Crédits : Gaïago)

Restaurer les fonctions vitales des sols. Aider les agriculteurs à cultiver plus avec moins d'intrants et à mieux vivre de leur travail. Depuis 2014, Gaïago, fondée par Francis Bucaille, agriculteur et expert sur l'agronomie des sols et Samuel Marquet, ingénieur en agriculture, déploie son activité au service de la transition et de la revitalisation des agrosystèmes, acidifiés ou épuisés par les engrais et les fongicides. L'entreprise d'agro-écologie, installée à Saint-Malo, a développé plusieurs solutions fondées sur l'activation sélective des micro-organismes (bactéries, champignons), dans les sols, autour de la graine et sur la plante, dont Nutrigeo, le « premier prébiotique des sols ».

En parallèle à une pratique agricole qui favorise l'allongement de la durée des prairies ou la mise en place de couverts végétaux entre deux cultures, ce produit socle de la gamme promet d'accélérer le processus de stockage du carbone d'un sol pour le rendre plus fertile et résilient.

Pour déployer ses solutions, Gaïago vient de lever treize millions d'euros auprès de Telos Impact, de We Positive, fonds d'innovation sociétale du Crédit Mutuel Arkéa, d'Unexo Groupe Crédit Agricole, d'A plus Finance et de bpifrance.

L'entreprise qui prévoit 120 recrutements sous trois ans, est aussi engagée dans un projet carbone, dont les crédits permettront de financer les agriculteurs.

Tout juste labellisée GreenTech Innovation par le ministère de la Transition écologique, cette initiative tend à valoriser le service environnemental rendu par les agriculteurs qui stockent du carbone dans leurs sols agricoles.

Une dizaine de fermes pilotes en 2021, autour de 50 en 2022

Concrètement, ils pourront revendre des crédits carbone à des entreprises, multinationales ou PME de l'industrie ou du service, soucieuses de compenser leurs propres émissions et limiter ainsi les gaz à effet de serre.

« La demande des acheteurs est forte. Cette labellisation va nous permettre d'accélérer la mise en place de notre plan carbone » se félicite Anaïs Maillet, responsable de l'initiative carbone chez Gaïago.

« Notre objectif est d'étudier et de mesurer le stockage de carbone dans les sols et de lancer une dizaine de pilotes en fin d'année dans plusieurs fermes, pas forcément de grosses exploitations mais offrant le plus fort potentiel à l'hectare, en France et en Europe. Le potentiel standard est estimé à deux tonnes de CO2 par hectare et par anLe processus de rémunération carbone sera engagé dès l'automne. Le lancement global du projet est prévu pour 2022 avec une cinquantaine de fermes au départ ».

Selon Gaïago, la fourchette de prix sera variable en fonction de l'offre et de la demande, mais France Carbon Agri Association évalue la rémunération moyenne pour les agriculteurs à 30 euros par tonne de CO2.

Les capacités des produits de la gamme Nutrigeo sont déjà ponctuellement testées sur six exploitations clientes, en France et aux Pays-Bas, mais les agriculteurs ne sont pas rémunérés.

« Les mécanismes d'audit carbone doivent être validés par un organisme tiers, et toute cette partie-là sera mise en place en 2021. Le label GreenTech Innovation nous ouvre un réseau très riche doté d'un accompagnement de qualité qui offre de nombreuses opportunités de développement » ajoute Anaïs Maillet.

Leader indépendant de la revitalisation des sols

Les fermes pilotes du projet carbone ne seront pas forcément sélectionnées parmi les clients de Gaïago. Toutefois, l'entreprise de quarante personnes, dont l'objectif est de devenir le leader indépendant de la revitalisation des sols, espère que ce projet facilitera l'accès à ses solutions innovantes.

« Les sols vivants représentent une vraie clé pour répondre au changement climatique. Gaïago combine une approche holistique avec une démarche scientifique rigoureuse pour fournir aux acteurs du monde agricole des outils simples, fiables et efficaces, qui permettent aussi aux aliments produits d'avoir une meilleure qualité nutritionnelle » fait valoir Charles Vaury, associé dans l'entreprise. « Notre gamme de six produits s'accompagne d'outils et de méthodes de diagnostic de la qualité des sols, dont une application mobile d'interprétation des équilibres minéraux. »

Gaïago revendique l'universalité de ses solutions: elles s'adressent à tous types d'agriculture, y compris biologique, à toutes les tailles d'exploitation et s'adaptent à tous les sols.

Distribuées aux agriculteurs via une cinquantaines de coopératives en France (Val de Gascogne, Agrival, Even...), elles sont aussi commercialisées dans huit pays européens (République Tchèque, Pays-Bas, Belgique, Roumanie, Pologne, Hongrie, Slovaquie, Suisse).

Cela représente près de 1.500 exploitations agricoles pour un total d'environ 40.000 hectares, sur lesquels poussent de la vigne, des céréales ou du colza.

La levée de fonds va permettre à Gaïago d'exporter ses solutions vers le Royaume-Uni, les États-Unis et le Brésil.

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Commentaires 2
à écrit le 25/05/2021 à 9:38
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Ne nous y trompons pas, tout cela n'a pas pour but de déculpabiliser tout les moteurs thermiques et autre polluant!

à écrit le 25/05/2021 à 8:48
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Je n'ai qu'un mot à dire, bravo. Il est quand même dommage que cette idée ne vienne pas de nos énarques qui n'hésitent jamais à culpabiliser les consommateurs que l'on gave de produits polluants et jettable à l'infini tandis que penser en amont ne le...

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