La rénovation thermique redessine la stratégie de SOLIHA dans les centres-bourgs

Acteur de l’économie sociale et solidaire, Soliha Pays de la Loire se réorganise pour mieux accompagner la réhabilitation des logements privés et pour transformer des bâtiments vétustes de centre-bourgs en logements sociaux. Objectif visé : répondre aux besoins d’une population modeste, favoriser le maintien à domicile et contribuer à l’accélération de la rénovation du parc immobilier privé régional.
A Corcoué sur Logne, Soliha a financé la rehabilitation d'un ancien presbytère pour en faire cinq logements locatifs collectifs (4 T2, 1 T3, un ascenseur, une salle de convivialité ouverte aux locataires et habitants de la commune) pour personnes âgées autonomes et maintenir en place le patrimoine de la commune.
A Corcoué sur Logne, Soliha a financé la rehabilitation d'un ancien presbytère pour en faire cinq logements locatifs collectifs (4 T2, 1 T3, un ascenseur, une salle de convivialité ouverte aux locataires et habitants de la commune) pour personnes âgées autonomes et maintenir en place le patrimoine de la commune. (Crédits : Soliha)

« On s'attaque à quelque chose de délirant. Nous sommes encore loin d'être à la hauteur des enjeux et pour autant il n'y jamais eu autant d'efforts de fait par la puissance publique pour accompagner la rénovation thermique des logements », explique Benoit Delliaux, directeur de Soliha, acteur de l'économie sociale et solidaire engagé depuis 70 ans dans l'accompagnement de l'amélioration du parc de logement privé à travers les politiques publiques de l'habitat.

Chaque année, l'association accompagne 4.000 ménages en direct ou par l'intermédiaire d'opérations menées par des collectivités. « Au-delà des questions de rénovations énergétiques, c'est une problématique importante pour l'habitat privé où face au vieillissement de la population, on permet aux personnes de rester dix à quinze ans de plus chez elles. Or, aujourd'hui, dans une région où la croissance démographique est forte et la vacance de logements assez faible, il est anormal que l'on soit l'avant dernière région en termes d'activité de rénovation », observe Benoit Delliaux. A ses yeux, dans les Pays de la Loire, plus de cinq cent mille logements auraient besoin « de travaux ou d'adaptation ».

Une entité régionale pour accélérer

Selon les derniers chiffres de la Dreal (Direction Régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement) des Pays de la Loire, six mille quatre cents logements ont été rénovés avec le soutien de l'ANAH (Agence Nationale de l'habitat) en 2020. 51 millions d'euros ont ainsi été investis pour l'amélioration du parc privé. En 2021, le chantier devrait se poursuivre avec cette fois une enveloppe de 64 millions d'euros, auxquels s'ajouteront 10.339 logements rénovés avec Maprimrevov' avec 31,3 millions d'aides engagés.

Dans ce contexte, et au regard du plan de développement national Cap 2025 fixé par le réseau national Soliha, les entités départementales de Loire-Atlantique, de Vendée, du Maine-et-Loire et de la Sarthe se sont regroupées en janvier dernier pour améliorer leur fonctionnement et accélérer. Seule La Mayenne, liée par une convention de partenariat, n'a pas souhaité, pour l'instant, intégrer Soliha Pays de la Loire. « Nous intervenons sur : l'appui des collectivités territoriales sur leur stratégie habitat, l'accompagnement des ménages, de l'audit technique et un décryptage des aides possibles, la transformation et rénovation de logements, la gestion de nos propres biens, où les propriétaires peuvent bénéficier d'abattements fiscaux jusqu'à 85% », détaille-t-il.

Depuis quatre ans, l'activité de Soliha progresse de 10% par an. « En 2021, nous resterons sur cette tendance malgré la crise. On nous pousse à une amplification. Les efforts de l'Etat avec notamment la création de Plateforme Territoriale de Rénovation Energétique (PTRE) vont dans ce sens, mais on ne pourra pas doubler d'une année sur l'autre. Il faudrait que les artisans suivent, que les ménages soient volontaires... », estime le directeur de Soliha Pays de la Loire où deux tiers de l'effectif (120 personnes) interviennent sur la rénovation thermique des bâtiments et un tiers sur les questions liées au vieillissement (création d'escaliers, de douches...).

Maintenir le patrimoine bâti dans les communes

Pour aller plus loin dans ces démarches d'amélioration de l'habitat et de maintien des populations vieillissantes à domicile, Soliha a, en 2017, créé la filiale Bâtisseur Logement Insertion (BLI) pour réhabiliter des bâtiments plus ou moins à l'abandon dans les centre-bourgs de petites communes. Par le biais d'un bail de réhabilitation de 30 à 40 ans, BLI obtient la disponibilité d'un bâtiment qu'elle rénove et remet en location au profit d'une population aux revenus modestes. A l'issue de ce « mandat », le bien revient à la collectivité.

«Ce sont de petites opérations de trois logements en moyenne. Typiquement, une longère, située entre la mairie et l'église, vide depuis quinze à vingt ans, que l'on redécoupe horizontalement ou verticalement selon sa configuration, que l'on remet en état et que l'on reloue, en général à 5€/m2. On fait d'une pierre de coup en aidant les gens à se loger et les communes à entretenir leur patrimoine », indique Benoit Delliaux.

Ce fût le cas, à Corcoué-sur-Logne, dans le Sud de la Loire-Atlantique, avec la transformation d'un ancien presbytère en cinq logements locatifs collectifs pour personnes âgées autonomes. Un investissement de 900.000 euros, subventionné à hauteur de 67% par l'ANAH, la Carsat des Pays de la Loire, la fondation abbé Pierre, le conseil départemental de Loire-Atlantique, des fonds européens Leader et la commune de Corcoué-sur-Logne à hauteur de 5%.

Les seuls à financer des ruines...

«C'est la troisième fois que nous avons recours à ce type de dispositif. En 2005, déjà, le Centre Départemental de l'Habitat -ex-Soliha- nous avait permis de réhabiliter l'ancienne maison de maître de l'instituteur. C'est un moyen de revitaliser les centre-bourgs et de valoriser un patrimoine bâti que, la commune, seule ne pourrait entretenir », reconnait Claude Naud, maire de Corcoué-sur-Logne (3.000 habitants), née il y a tout juste cinquante ans du rapprochement des communes de Saint-Etienne de Corcoué et de Saint-Jean de Corcoué. Faute de moyens, la commune aux trois églises, à la lisière des terres bretonnes et poitevines, avait déjà dû laisser partir dans le privé deux autres presbytères.

« Améliorer la qualité de vie des gens, c'est ici plus une transition sociétale qu'énergétique », estime l'édile.

« Avec la création de BLI, nous avons voulu professionnaliser et généraliser des démarches existantes depuis dix à vingt ans en Loire-Atlantique et en Vendée, car si la difficulté n'est pas le prix de l'immobilier, la remise en état des bâtiments impose des problématiques de financements de longue durée » explique Benoit Delliaux, qui a réussi à attirer des investisseurs solidaires.

Dans le cadre leur politique de développement durable, Schneider Electric Energy Access a amené 250.000 euros, la filiale du Crédit coopératif ECOFI 150.000 euros issus du fonds épargne salariale de l'assureur AXA, la coopérative financière NEF, France Active, la société d'investissement de l'Abbé Pierre Solifap... ont mis la main à la poche. Au total, BLI a ainsi réuni plus de 1,2 million d'euros sous forme de fonds et prêts pour financer le développement de ses actions. « A l'échelle du territoire, nous sommes les seuls à le faire. Et, nous n'avons pas de concurrence... Pour rénover des ruines en vue de produire du logement très social, on ne se bouscule pas au portillon ! », constate le directeur de Soliha, qui ambitionne de passer dix à trente ou quarante logements par an.

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